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Chasse française

Une année charnière sur fond de réforme

La réforme de la chasse française est en cours. Une réforme qui vise à rendre la chasse plus accessible, tout en la replaçant au cœur des territoires. Le monde agricole attend quant à lui de pouvoir évaluer sur le terrain l’efficacité de cette nouvelle répartition des pouvoirs au sein du monde de la chasse.
Par Anne-Marie Klein
Une année charnière sur fond de réforme
( Crédit photo : Réussir ) Chaque année les sangliers infligent près de 50  millions d’euros de dégâts aux terres agricoles. Une situation d’urgence pour les chasseurs soumis à une forte pression économique.
Il y a encore une trentaine d’années, un agriculteur sur deux et même un peu plus, était chasseur. Aujourd’hui on n’en dénombre plus qu’un sur cinq, ce qui explique en partie une certaine difficulté à travailler en commun sur des sujets de plus en plus sensibles, comme celui des dégâts de gibier, alors que les agriculteurs travaillent dans un monde en tension, où les enjeux économiques sont multiples. Ce qui lie encore aujourd’hui le monde de la chasse à celui de l’agriculture, c’est le partage d’un même territoire et certaines problématiques communes à la ruralité. Ce partage du territoire est source de frictions, les intérêts économiques des deux populations s’avérant souvent divergents et les usages contradictoires.
Agriculteurs et chasseurs doivent donc sans cesse travailler à accorder leurs violons, avec plus ou moins de succès. Les agriculteurs veillent à préserver leur outil de travail et leur revenu, tandis que les chasseurs encouragent le monde agricole à développer des pratiques qui soutiennent la biodiversité et favorisent le maintien du petit gibier. Fruit de cette collaboration sous pression réciproque, un partenariat qualifié de «  gagnant-gagnant  » a été initié entre agriculteurs et chasseurs, sous l’égide de la FNSEA, de l’APCA, de la Fédération nationale de la chasse et de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage  : Agrifaune. Renouvelé pour la période 2016-2021, ce partenariat Agrifaune expérimente et diffuse des pratiques agricoles visant par exemple à améliorer la gestion des bordures de champs, à concilier pastoralisme et faune sauvage ou encore à développer les couverts végétaux en intercultures.

Des points noirs persistants
Tout n’étant pas pour le mieux dans le meilleur des mondes, de sérieux points noirs subsistent sur le terrain, notamment en ce qui concerne les dégâts de gibier, leur augmentation, le niveau d’indemnisation et la gestion cynégétique de la faune sauvage. Certaines causes exacerbent les conflits sur les territoires  : l’indemnisation des cultures à forte valeur ajoutée, la concentration d’animaux dans certaines zones de chasse, les dégâts aux prairies, les risques sanitaires élevés de certains gibiers porteurs de maladies graves, économiquement pénalisants pour les élevages.
Sur le principe, la réforme globale de la chasse qui se met en place vise à mieux responsabiliser les territoires dans la gestion des dégâts de grands gibiers, tout en rendant la chasse plus accessible économiquement. Reste que le monde agricole est en attente d’effets concrets et observables sur le terrain. Au-delà du concept politique, la ruralité pour ses acteurs économiques se vit au quotidien, entre avantages et inconvénients partagés. L’équilibre économique de ces territoires est fragile et encore plus fragilisé par l’évolution climatique. Raison de plus pour ne pas rater l’application de cette réforme en préservant au mieux l’acte de production agricole.