Accès au contenu
Tracteurs de légende

Un Someca, sinon rien !

La marque, pourtant disparue depuis 1983, suscite toujours la même passion de la part des inconditionnels de ces tracteurs mythiques au bruit moteur si caractéristique. Dans l’Auxois, deux frères, Philippe et Jean-Michel Bizouard, entretiennent la légende, à la tête d’une collection de tracteurs, tous « dans leur jus » et en parfait état de marche.
Par Anne-Marie Klein
Un Someca, sinon rien !
La collection Bizouard, du plus ancien au plus récent, mais tous d’attaque et en parfait état de fonctionnement.
La marque aujourd’hui disparue a eu son heure de gloire, surtout dans ce petit coin de Bourgogne au pied du château de Mont-Saint-Jean, où certains de ses points forts ont séduit plus d’un agriculteur. Ce fut le cas notamment dans ce hameau de Sonnotte, où deux frères, Philippe et Jean-Michel Bizouard ont fait leurs premières armes, entre 12 ou 13 ans, au volant du Someca de l’exploitation paternelle. Depuis, ils entretiennent la flamme du souvenir et, fans de la première heure, ils collectionnent ces tracteurs mythiques, les repèrent, les ramènent parfois de très loin, les réparent si nécessaire et les bichonnent pour les remettre en service. Car tous sont d’attaque, du plus ancien au plus récent, entretenus soigneusement avec le concours d’un ami qui connaît si bien ces mécaniques qu’on le surnomme «le docteur Someca».

«Ça ronflait !»
«Faut voir» se souvient, Jean-Michel «comme ça ronflait, notre père a été le premier à acheter un Someca dans le coin, un 670. Il allait tellement bien que beaucoup ensuite l’ont imité et qu’on a vu de plus en plus de Someca dans la région». «Il faut dire» renchérit Philippe «que c’était la seule marque à l’époque dotée d’un frein moteur assez puissant pour descendre en sécurité des hauteurs de Mont-Saint-Jean». Les vertes collines de l’Auxois réservent plus d’un piège dans les descentes des terres argileuses...
Particularité de cette collection, les tracteurs et autre moissonneuse-batteuse, sont tous «dans leur jus», comme au temps de la pleine activité et ils tournent comme une horloge. Même la moiss’bat Someca, de quarante ans et plus, a repris du service pour la moisson, sans faillir !  «D’ailleurs» précise Philippe, «pour la ramener jusqu’ici elle a avalé sans à coup ses soixante kilomètres». Des kilomètres, les deux frères en ont fait au volant de leurs machines au bruit moteur à nul autre pareil. Certains souvenirs marquent plus que d’autres, comme 1976, autre année de sécheresse et de canicule : «avec notre Someca nous sommes allés chercher de la paille à Is-sur-Tille, ces kilomètres sur une autoroute où nous avions eu l’autorisation de rouler, c’était rock and roll !» se souvient Philippe.
Ces tracteurs mythiques, témoins d’un autre temps ne ratent jamais une occasion de sortie. Car Philippe et Jean-Michel Bizouard ont la passion communiquante. S’ils entretiennent la nostalgie, c’est de manière active, en faisant partager leur enthousiasme. Une association pourrait ainsi voir le jour, tandis qu’un projet d’organisation d’une journée «Nous sommes Someca» est à l’étude, réservée aux autres fans de la marque bien entendu...

Un bruit moteur à nul autre pareil

La Société de mécanique de la Seine (Someca) est née en 1953 du rachat de la firme MAP par Simca, constructeur d’automobile et importateur des tracteurs Fiat et Steyr. Cette entreprise est alors destinée à produire les premiers tracteurs Someca et les pièces pour les derniers tracteurs MAP. Le tout premier Someca, le DA 50, développe 37cv à 1500 tr/mn. Les modèles suivants, le SOM 40 et le SOM 55, sont rapidement complétés par le SOM 615 et le SOM 715. A partir de 1960, tous les modèles sont construits sur des bases Fiat. Someca, avec Agnelli comme actionnaire majoritaire, est ensuite intégré dans le groupe New Holland.
Les légendaires tracteurs orange ont bien traversé les années, ils restent vaillants et émettent le même bruit puissant et caractéristique qui ne laisse personne indifférent. Les inconditionnels de la marque en font une référence, d’autres en revanche leur préfèrent des engins moins bruyants...