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Mobilisation

Un ras-le-bol général

Les JA et la FDSEA de l’Yonne ont manifesté leur mécontentement le 13 décembre dernier à Auxerre. Agribashing, multiplication des taxes et normes et silence du gouvernement : la coupe est pleine pour les agriculteurs icaunais.
Par Orianne Mouton
Un ras-le-bol général
Les agriculteurs ont allumé quatre feux « de détresse » autour d’Auxerre.
Les JA et la FDSEA de l’Yonne ont manifesté leur mécontentement le 13 décembre dernier à Auxerre. Agribashing, multiplication des taxes et normes et silence du gouvernement : la coupe est pleine pour les agriculteurs icaunais.« On a allumé des feux pour être vus, à défaut d’être entendus !» s’exprime Damien Brayotel, président de la FDSEA de l’Yonne. Bien distinctement du mouvement des gilets jaunes, les 150 agriculteurs réunis le 13 décembre dernier à Auxerre ont allumé quatre «feux de détresse» autour d’Auxerre pour exprimer leur «ras-le-bol». Les convois comprenant une trentaine de tracteurs porteurs de messages se sont ensuite rendus devant la direction départementale des territoires de l’Yonne (DDT) pour exprimer leur colère vis-à-vis du gouvernement.

Trop c’est trop
Trop de normes, de taxes, de jugement, pour des revenus amoindris. D’un point de vue global, les syndicats dénoncent la repousse des ordonnances des Égalim, la suppression des trois R et la séparation de la vente et du conseil. Ils considèrent que ces mesures augmentent les charges, alors que le prix de vente, lui, n’est pas revalorisé. Ils protestent également contre l’augmentation de la redevance pollution diffuse, « écologie punitive qui fait augmenter les taxes de façon excessive » explique le président de la FDSEA 89. « On nous impose normes, taxes, interdictions et en parallèle, on ouvre les frontières aux aliments d’importation, produits dans les conditions qu’on nous interdit ! La grande distribution choisit d’acheter à l’étranger des produits moins chers, moins sûrs, moins bons… Ajouté à ça, on dénigre, juge notre travail et la qualité de nos produits par un agribashing incessant, à l’heure où notre agriculture française a été reconnue comme la plus durable au monde… ».

Des difficultés locales
Les JA et la FDSEA 89 demandent un soutien du gouvernement sur de nombreuses thématiques, et souhaitent que leur détresse soit enfin entendue. Patrice Latron, préfet de l’Yonne et Didier Roussel, directeur de la DDT ont reçu les responsables syndicaux pour discuter de ces thématiques. Patrice Latron a souligné que l’agriculture était une profession «indispensable à la société française. Je ressens et je comprends la détresse des agriculteurs depuis quelques mois. C’est une détresse à la fois financière, technique et existentielle». Il a soulevé les problèmes comme la cartographie des cours d’eau, la mise en place d’une charte de drainage, les inondations et le stockage de l’eau, les dégâts de sangliers ou encore les difficultés d’emploi et les retraites.

Agribashing, ça suffit
Le préfet dénonce fermement l’agribashing. «Je suis allé voir la carte de Greenpeace. Parmi les 37 établissements agricoles classés «installations classées pour la protection de l’environnement» (ICPE), seules deux relèvent du critère «ferme-usine» défini par Greenpeace, dont un élevage bovin comptant 1001 vaches, qui est aussi un négoce… Ils se sont excusés oui, en rejetant la faute sur l’État. Ce n’est pas sérieux de publier cela, ça atteint les agriculteurs et ce n’est pas rigoureux».
La manifestation s’est clôturée par un «défilé» de tracteurs, tous gyrophares dehors, sur le pont Jean Moreau et le quai de la Marine.

Avancées de la loi Égalim

La mobilisation des agriculteurs de l’Yonne a accompagné celle de 80 autres départements. L’annonce de la mobilisation sur tout le territoire a forcé le gouvernement à accélérer le passage en conseil des ministres de l’ordonnance sur les promotions et le seuil de revente à perte le 12 décembre. Elle prévoit pour deux ans, à titre expérimental, la majoration de 10 % du seuil de revente à perte et l’encadrement des promotions sur les produits alimentaires limités à 34 % du prix de vente. Le 17 décembre, c’est l’ordonnance sur les prix abusivement bas qui a été enfin présentée. Elle permettra de sanctionner durement les prix abusivement bas, condition indispensable à des relations commerciales rééquilibrées. FNSEA + JA ont été entendus puisque leurs propositions visant à mieux prendre en compte les indicateurs de coûts de production, les indicateurs prévus par la proposition de contrat ainsi que les indicateurs de l’Observatoire des prix et des marges sont intégrés à la nouvelle proposition de texte. La vigilance est de mise quant aux dates de parution et à la conformité des textes finaux.
D’après les communiqués de la FNSEA