Productions végétales
Un printemps compliqué
Des grandes cultures sont en souffrance en Côte-d’Or. Le point avec Didier Lenoir, président de l’APPV21, trésorier de la FDSEA21 et vice-président de Dijon Céréales.

Manque d’eau, gel, maladies : le printemps débute mal pour certaines productions végétales. « Les précipitations ont été stoppées net il y a près d’un mois et demi, cela se ressent de plus en plus dans nos parcelles », déplore Didier Lenoir. Le Côte-d’orien mentionne aussi des dégâts de gel sur l’ensemble du département. « La plaine et surtout le plateau sont impactés, je pense surtout au colza. Les inquiétudes sont nombreuses sur le devenir de certains épis. Il fait chaud les après-midi, parfois très froid les matins et le vent n’arrange pas la situation. Dans certains secteurs, le colza n’arrivera probablement pas à s’en relever ». L’état sanitaire « avant le gel » sera déterminant pour la suite : « on se pose bien des questions pour ceux qui étaient déjà très affaiblis par les altises. Le colza est connu pour sa faculté de pouvoir compenser, mais il n’avait certainement pas besoin de ça cette année ». La chute libre de la sole de colza risque de s’accentuer dans le département, avec une nouvelle diminution à prévoir dès l’an prochain. « La pression d’altises grandit à chaque campagne. Dans mon secteur, on les voyait encore à la marge l’an passé. Il y en a désormais partout… C’est extrêmement dommageable pour cette culture », souligne Didier Lenoir.
Des céréales malades
Le responsable professionnel fait part d’une recrudescence de la jaunisse nanisante de l’orge (JNO), maladie virale transmise par des pucerons à l’automne : « elle est bien présente cette année dans les champs de la plaine, nous avons vu arriver les premiers symptômes il y a un peu plus d’un mois. Des analyses ont été réalisées et ont très vite confirmé cette maladie. Nous imaginons facilement qu’entre 5 et 10 % des blés de la plaine sont aujourd’hui touchés. La déshydratation naturelle des plantes n’arrange rien et aggrave la situation. Certaines parcelles d’orges d’hiver sont totalement détruites, il n’y aura pas d’autres issues que de les re-semer. Cette JNO est clairement un des dommages collatéraux de la baisse du nombre de matières actives utilisables en traitements de semences. Je pense tout particulièrement au Gaucho. Nous avions, avant sa disparition du marché, une très bonne efficacité sur cette maladie, avec une protection de la plante assurée toute l’année. Cette situation est fortement regrettable ».
Un yoyo infernal
Didier Lenoir évoque ensuite la très forte variabilité des cours depuis le début de la crise du coronavirus : « c’est une autre caractéristique de ce printemps. Nous assistons à un yo-yo absolument infernal, il semble que les prix soient devenus totalement incontrôlables. Il est difficile d’expliquer de si fortes volatilités. Les annonces politiques jouent sans doute un rôle… Le cours du pétrole influe certainement lui aussi, au moins sur le prix des colzas ». Le seul point positif, pour le vice-président de Dijon Céréales, concerne les nombreuses demandes d’achats formulées par les pays tiers : « il va falloir y répondre et effectuer des livraisons en conséquence, mais celles-ci restent hypothétiques pour le moment. En effet, nos circuits logistiques sont malmenés avec les mesures du confinement. Notre région s’inquiète notamment du fluvial, avec nos bateaux qui partent de Pagny pour rejoindre Fos-sur-Mer. La partie canalisée de la Saône fonctionne avec des écluses qui ne sont pas automatisées, et qui ne sont ouvertes qu’en journée… Le débit des bateaux est donc actuellement réduit. À destination, les cargos attendent les livraisons… Des discussions sont entamées avec l’État et les services de VNF pour tenter d’améliorer certains points. Dans le même temps, nous allons préparer la moisson, il nous faut de la place et vider les silos… ».
Et la suite ?
Cette année est « encore une fois compliquée » reconnaît bien volontiers Didier Lenoir : « toutes les campagnes le sont, nos activités agricoles ne sont jamais linéaires et dépendent constamment de la météo et de bien d’autres facteurs. Mais la situation actuelle n’est vraiment pas simple, avec des prix parfois dramatiquement bas comme ceux des orges. Les problèmes de rentabilité se multiplient et vont assurément poser problème. Mon souhait à la sortie de cette crise sanitaire ? Que le plus de monde possible en sorte en bonne santé, bien entendu, c’est la priorité. Sur le plan professionnel, plusieurs choses pourraient être remises en question, comme certains échanges internationaux… Si tel est le cas, il faudrait que la France en profite pour arrêter, enfin, l’importation de produits cultivés différemment de chez nous, je pense aux OGM qui créent une concurrence déloyale. Je souhaite aussi que l’on mette en place ce fameux plan protéines qui valoriserait notre propre agriculture. Nous pourrions ainsi remplacer le colza par d’autres productions qui deviendraient intéressantes pour les exploitants ».
Des céréales malades
Le responsable professionnel fait part d’une recrudescence de la jaunisse nanisante de l’orge (JNO), maladie virale transmise par des pucerons à l’automne : « elle est bien présente cette année dans les champs de la plaine, nous avons vu arriver les premiers symptômes il y a un peu plus d’un mois. Des analyses ont été réalisées et ont très vite confirmé cette maladie. Nous imaginons facilement qu’entre 5 et 10 % des blés de la plaine sont aujourd’hui touchés. La déshydratation naturelle des plantes n’arrange rien et aggrave la situation. Certaines parcelles d’orges d’hiver sont totalement détruites, il n’y aura pas d’autres issues que de les re-semer. Cette JNO est clairement un des dommages collatéraux de la baisse du nombre de matières actives utilisables en traitements de semences. Je pense tout particulièrement au Gaucho. Nous avions, avant sa disparition du marché, une très bonne efficacité sur cette maladie, avec une protection de la plante assurée toute l’année. Cette situation est fortement regrettable ».
Un yoyo infernal
Didier Lenoir évoque ensuite la très forte variabilité des cours depuis le début de la crise du coronavirus : « c’est une autre caractéristique de ce printemps. Nous assistons à un yo-yo absolument infernal, il semble que les prix soient devenus totalement incontrôlables. Il est difficile d’expliquer de si fortes volatilités. Les annonces politiques jouent sans doute un rôle… Le cours du pétrole influe certainement lui aussi, au moins sur le prix des colzas ». Le seul point positif, pour le vice-président de Dijon Céréales, concerne les nombreuses demandes d’achats formulées par les pays tiers : « il va falloir y répondre et effectuer des livraisons en conséquence, mais celles-ci restent hypothétiques pour le moment. En effet, nos circuits logistiques sont malmenés avec les mesures du confinement. Notre région s’inquiète notamment du fluvial, avec nos bateaux qui partent de Pagny pour rejoindre Fos-sur-Mer. La partie canalisée de la Saône fonctionne avec des écluses qui ne sont pas automatisées, et qui ne sont ouvertes qu’en journée… Le débit des bateaux est donc actuellement réduit. À destination, les cargos attendent les livraisons… Des discussions sont entamées avec l’État et les services de VNF pour tenter d’améliorer certains points. Dans le même temps, nous allons préparer la moisson, il nous faut de la place et vider les silos… ».
Et la suite ?
Cette année est « encore une fois compliquée » reconnaît bien volontiers Didier Lenoir : « toutes les campagnes le sont, nos activités agricoles ne sont jamais linéaires et dépendent constamment de la météo et de bien d’autres facteurs. Mais la situation actuelle n’est vraiment pas simple, avec des prix parfois dramatiquement bas comme ceux des orges. Les problèmes de rentabilité se multiplient et vont assurément poser problème. Mon souhait à la sortie de cette crise sanitaire ? Que le plus de monde possible en sorte en bonne santé, bien entendu, c’est la priorité. Sur le plan professionnel, plusieurs choses pourraient être remises en question, comme certains échanges internationaux… Si tel est le cas, il faudrait que la France en profite pour arrêter, enfin, l’importation de produits cultivés différemment de chez nous, je pense aux OGM qui créent une concurrence déloyale. Je souhaite aussi que l’on mette en place ce fameux plan protéines qui valoriserait notre propre agriculture. Nous pourrions ainsi remplacer le colza par d’autres productions qui deviendraient intéressantes pour les exploitants ».
« La production, l’objectif premier »
L’administrateur FDSEA21 profite de l’occasion pour fustiger certaines décisions gouvernementales : « la France réduit la capacité à produire et la compétitivité de ses agriculteurs depuis de nombreuses années. Des décisions unilatérales, sans mesures des conséquences économiques ont été entérinées peu de temps avant le début de la crise, voire sont encore en cours de discussion. Tout cela est incompréhensible, en cette période où les Français réalisent l’importance de notre souveraineté alimentaire, qui permet à tous de s’approvisionner dans des conditions quasi normales. Comme tous les agriculteurs je pense, j’attends, j’exige que le gouvernement tire les conclusions évidentes de cette pandémie et revoie les décisions politiciennes qu’il a prises. Cette fois, il doit avoir en tête que la production est l’objectif premier qui doit guider les décisions qui concernent l’agriculture. Cet objectif doit évidemment être conjugué avec la préservation de l’environnement, mais selon les recommandations scientifiques. Les décisions qui reposent sur des sondages d’opinion ou des déclarations volontairement trompeuses de personnages médiatiques en mal de reconnaissance, la diffusion d’émissions entièrement à charge sur les chaînes du service public… Ça suffit ! ».
Didier Lenoir invite également le gouvernement à « écouter un peu plus les agriculteurs et leurs OPA, qui participent tous les jours à l’amélioration de la production française » : « comment en est-on arrivé à se convaincre en hauts lieux que les conseillers agricoles travaillent dans l’unique objectif de vendre des produits phytosanitaires, et qu’il serait plus approprié de les remplacer par d’autres ? Et quels autres, d’ailleurs ? À ma connaissance, personne n’a d’armée de techniciens formés et opérationnels immédiatement sous le coude. Et si tout cela se passe au détriment de nos circuits coopératifs et de nos négoces organisés, quels seront les résultats sur la commercialisation ? Il est encore temps de rouvrir la discussion sur la séparation conseil/vente et toutes les autres mesures qui participent à l’affaiblissement de nos outils coopératifs. Nous les avons mis en place avec le soutien des gouvernements successifs pour maîtriser notre commercialisation malgré la multitude de producteurs que nous sommes face à quelques grands groupes qui n’ont que faire de la sécurité alimentaire de la France. Vraiment, protéger les outils agricoles, nos circuits logistiques est une priorité ».
Didier Lenoir invite également le gouvernement à « écouter un peu plus les agriculteurs et leurs OPA, qui participent tous les jours à l’amélioration de la production française » : « comment en est-on arrivé à se convaincre en hauts lieux que les conseillers agricoles travaillent dans l’unique objectif de vendre des produits phytosanitaires, et qu’il serait plus approprié de les remplacer par d’autres ? Et quels autres, d’ailleurs ? À ma connaissance, personne n’a d’armée de techniciens formés et opérationnels immédiatement sous le coude. Et si tout cela se passe au détriment de nos circuits coopératifs et de nos négoces organisés, quels seront les résultats sur la commercialisation ? Il est encore temps de rouvrir la discussion sur la séparation conseil/vente et toutes les autres mesures qui participent à l’affaiblissement de nos outils coopératifs. Nous les avons mis en place avec le soutien des gouvernements successifs pour maîtriser notre commercialisation malgré la multitude de producteurs que nous sommes face à quelques grands groupes qui n’ont que faire de la sécurité alimentaire de la France. Vraiment, protéger les outils agricoles, nos circuits logistiques est une priorité ».