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Point de vue coronavirus

«Un peu comme en élevage»

Pascal Dédiot, éleveur sur la commune de Jouey et ancien président GDS du canton d’Arnay-le-Duc, nous contacte pour faire remarquer certaines similitudes entre le coronavirus et plusieurs maladies rencontrées dans les élevages locaux.
Par Aurélien Genest
«Un peu comme en élevage»
«Les chiffres annoncés par le professeur Raoult au début de ce fléau tendent à se confirmer, et j’observe qu’ils se rapprochent de ceux que nous avons généralement dans nos élevages. En effet, un virus dans un cheptel qui compte 150 veaux fait souvent trois ou quatre morts avant que nous ne mettions au point le traitement adéquat. Entre 30 et 40 % des sujets sont ensuite soignés grâce aux antibiotiques et anti-inflammatoires d’usage, le reste de la population s’immunise ensuite ou passe à travers le virus… La maladie qui se rapproche le plus du coronavirus est sans aucun doute le RSV, pathologie respiratoire des veaux et des jeunes bovins».
Le Côte-d’orien de 62 ans tient à aborder une «autre complication que pourrait avoir le coronavirus» : «j’ai encore en souvenir les problèmes que nous avions eus avec les conséquences de la FCO en termes de reproduction. J’espère que cela ne se reproduira pas chez les humains». Sur la suite des évènements, Pascal Dédiot n’a «pas forcément d’idée précise» : «je ne suis pas pro-Raoult pour autant, même si ses chiffres paraissent plutôt bons. Je reste très sceptique sur son traitement à base de chloroquine. La base est peut-être bonne, mais il faudra peut-être ajouter une seconde molécule pour obtenir une meilleure efficacité».

Le second objet de l’appel téléphonique de l’ancien responsable professionnel concerne directement le monde agricole, et plus précisément la nouvelle sécheresse «qui est en train de pointer le bout de son nez» : «nous devons dès à présent alerter nos autorités, nous reprenons tout droit le chemin de 1976. Personnellement, j’ai déjà contacté un producteur céréalier et les volumes de paille paraissent déjà bien compromis. L’alimentation du bétail nous inquiète beaucoup, où allons-nous pouvoir la trouver ? Tout est mal embarqué sur les plateaux de Bourgogne. La fauchaison, si cela continue comme ça, il n’y en aura pas. Sur mon exploitation, gérée en société avec mon frère Jean-Marc, nous avons mis de l’engrais de bonne heure, mais cela n’a servi à rien. Nous voyons encore les passages de roues de nos anciennes interventions. Pour ne rien arranger, il y a beaucoup de mauvaises herbes. L’eau nous inquiète aussi, mais un peu moins que l’alimentation. Nous avons réussi à la gérer l’an passé, avec certes beaucoup de mal. Nous y arriverons encore cette fois, si les difficultés se confirment. Les retenues d’eau évoquées l’an passé ? Des projets sont bien en cours dans le secteur mais ce type de dossiers avance très lentement. Tout ce qui touche à l’eau est toujours très délicat».