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Assemblée Générale de la FDSEA 89

Un mot d’orde : «Osons… !»

Invité de l’assemblée générale, le président de la FOP, Gérard Tubery, a rappelé quels étaient les atouts de la filière, face aux enjeux de la planète et à la perspective d’une PAC en mal d’avenir.
Par Dominique bernerd
Un mot d’orde : «Osons… !»
Le président de la FDSEA de l’Yonne, Francis Letellier et Gérard Tubery, président de la FOP...
Une Politique Agricole Commune jugée par le président de la FOP, comme «de moins en moins politique, avec un libéralisme qui avance à grand pas, de moins en moins agricole et conditionnée au verdissement, mais aussi de moins en moins commune, avec, au fil des réformes, des applications nationales, voire régionales, toutes différentes au sein de cette Europe…» Pas d’ambiguïté pour autant : «nous avons besoin de la PAC et d’une PAC forte !» Rappelant que de certaines contraintes peuvent naître des opportunités, comme en 1992, année de la 1ère réforme de la PAC et de la mise en place de jachères : «culturellement, ne pas produire, c’était très violent ! Une vraie rupture. Mais cela a permis de développer le colza et de créer une filière biocarburant adaptée aux besoins de la société…»

Pour Gérard Tubery, réfléchir au-delà de la Pac, c’est aussi regarder les fondamentaux sur lesquels s’appuie aujourd’hui l’agriculture : «ce sont les grands enjeux de la planète : alimentaires, environnementaux, énergétiques, mais aussi sociétaux et territoriaux…» Sur l’enjeu alimentaire, le président de la FOP se veut résolument optimiste : «vu le contexte, les enjeux alimentaires sont indiscutables. Le monde aura besoin de ses paysans et de tous ses paysans ! Arrêtons certaines querelles. Nous avons une vraie mission et je dirais même un devoir, de satisfaire les marchés…» Pour ce qui est de la demande en protéines, une certitude : «à l’horizon 2030, nous nous dirigeons vers une crise forte et mondiale en matière de tourteaux de soja…» Préfigurant ce que sera demain la bataille, face à une offre ne pouvant plus satisfaire la demande. Quant aux biocarburants nés de la filière oléagineuse : «même si ce n’est pas politiquement correct de le dire, c’est aussi une solution pour l’agriculture. Et dans une région d’élevage comme la vôtre, quand on fait du biocarburant avec du colza, c’est aussi du tourteau pour l’élevage, qui est disponible sur le marché français et pas importé de l’autre bout du monde…» Une filière, souligne Gérard Tubéry, qui pèse aujourd’hui 20 000 emplois directs et indirects sur l’hexagone.

Du soja dans l’Yonne ?
Mais réfléchir au-delà de la Pac, c’est aussi réfléchir sur une politique filière : «avec une interprofession forte, qui fédère les producteurs, les OS, les industriels, autour d’enjeux communs partagés et faire que ces filières soient pérennes, gagnent de l’argent et répartissent la valeur ajoutée…» L’avenir passera t-il par le soja ? C’est ce que semble penser le président de la Fop, qui s’est battue au niveau de la Pac pour en rendre la production éligible au recouplage et admissible dans le cadre des SIE. Un contexte économique existe : «certaines filières françaises ne veulent pas travailler de soja OGM et aujourd’hui, nous sommes prêts à fournir le marché…» Avec toutefois deux risques : «qu’il n’y ait pas assez de grains pour satisfaire tout le monde et qu’il n’y ait pas d’outils pour le transformer, en cas d’engouement…»
Du soja un jour dans l’Yonne ? Pourquoi pas, répond Gérard Tubéry : «la recherche travaille au niveau génétique pour avoir des variétés nous permettant de cultiver du soja en dérobés dans le sud, mais aussi en culture principale dans vos régions…» Reste néanmoins à ce que le projet débouche là aussi, sur une approche interprofessionnelle, apportant de réels contrats de production. Parmi les autres projets cités par le patron de la Fop, «des tourteaux de colza pouvant devenir l’un des composants de fabrication de panneaux de particules…»
Dans son discours de clôture, le président Letellier a rappelé toute l’importance à évoquer l’avenir ; «c’est par la recherche et l’innovation qu’on arrivera demain à passer toutes nos difficultés. Nous avons des atouts, utilisons les !» Regrettant la frilosité du monde agricole en matière d’actionnariat des filières : «nous ne nous impliquons pas assez en ce domaine. Notre position d’agriculteur/producteur ne peut être celle où tout s’arrête, je crois qu’il faut aller au-delà…» Citant en guise de conclusion le mot de l’écrivain Alexandre Jardin : «nous n’avons plus rien à attendre de la puissance publique, qui n’a plus ni les moyens, ni les hommes. Il faut nous prendre en main et je ne vous dirai qu’un seul mot : osons !»

Propos entendus :

Marcel Huré (Président Section Anciens Exploitants)
«En agriculture, le devoir de mémoire, c’est important. Il faut pouvoir expliquer aux enfants ce qu’est l’histoire, pourquoi on en est arrivés là, pour qu’ils comprennent où on va vouloir aller après ! Je ne crois pas qu’on puisse faire l’impasse sur ce que nos pères ont fait et sur l’évolution qu’on a connue. Si on ne l’explique pas ou si on laisse d’autres l’expliquer à notre place, c’est sûr, on va se mettre le nez contre le mur… !»

Nadine Darlot (Vice-Présidente FDSEA 89)
«Le lobbying d’accord, mais il suffit parfois simplement de parler avec les consommateurs… Il y a des choses simples à faire et je pense qu’il faut qu’on se ressaisisse et qu’on se donne les moyens de le faire, dans des opérations comme Fermes et Caves ouvertes, où je le rappelle, l’objectif au début, était de trouver une ferme par canton… Les gens sont demandeurs d’explications toute simples, sans pour autant qu’il y ait besoin d’animaux sur l’exploitation… Quand on voit les yeux émerveillés d’un gamin perché sur un tracteur, ça peut suffire pour casser les images qu’on fait passer dans les écoles…»

Etienne Henriot (Pdt Chambre d’agriculture 89)
«En terme de communication, peut-être serait-il intéressant d’adhérer à certaines associations environnementales ou autres… Un simple témoignage peut réussir à faire bouger les lignes, au moins au niveau des personnes présentes…»

André Villiers (Pdt Conseil Départemental)
«Je trouve quand même scandaleux qu’au moment où on fustige de plus en plus les normes, qu’il faille en matière de déclaration Pac être à ce point de technicité. Lorsqu’on vous parlait hier de MAET, on vous parle aujourd’hui de MAEC, avec un listing de signes complètement abracadabrantesque ! C’est scandaleux et à l’arrivée, je pense qu’il y a là, les germes d’un développement anti-Européen…»