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Fièvre aphteuse

Un exercice salutaire, pour ne pas oublier la maladie

Un exercice de sécurité civile autour de la fièvre aphteuse, s’est déroulé dans le cadre du Plan Orsec, sur une exploitation agricole de Villefargeau, en périphérie d’Auxerre.
Par Dominique Bernerd
Un exercice salutaire, pour ne pas oublier la maladie
Prélèvements par les services vétérinaires, sur les onglons de l’animal suspecté
Un élevage laitier contaminé par la fièvre aphteuse. Tout le périmètre est bouclé. La menace de l’abattage total du troupeau n’est pas exclue… Un scénario catastrophe qui a servi de trame à l’exercice orsec mené par les services sanitaires sur l’exploitation de Christophe Charrier à Villefargeau, au lieu-dit le petit Momtmercy. Un exercice visant à évaluer le plan d’intervention d’urgence contre la maladie et qui a mobilisé sur le terrain pas moins de 5 techniciens de la DDCSPP (Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations).

Il est 11 h 30. Alertée à 9 h 10 par le vétérinaire, l’équipe d’intervention est à pied d’œuvre depuis bientôt 1 heure. Outre la gestion du foyer, l’urgence est d’empêcher toute propagation de la maladie, en dressant un cordon de sécurité autour de l’exploitation et en installant un rotoluve. A la manœuvre, Christine Legrand, vétérinaire inspectrice, à la DDCSPP : «la fièvre aphteuse est très invasive et on a besoin d’une réactivité optimale, car elle se dissémine très bien. Dès le coup de fil du vétérinaire exprimant un doute, tout se met en route». Si la France est officiellement indemne depuis les années 90, au prix d’une vaccination permanente pendant près de 40 ans, tout le monde a encore en mémoire l’épidémie de 2001 en Grande-Bretagne : «un défaut de réactivité suite à la fuite du virus aphteux du labo de référence et tout le pays a été contaminé. Heureusement, c’est une île!»
Les symptômes de la maladie, Christophe Charrier saurait les reconnaître : «hyperthermie, abattement des animaux, les muqueuses qui partent en miettes, les onglons, les mamelles» L’éleveur se prête au jeu de l’exercice, avec 2 de ses bêtes restées à l’étable : «on sait qu’on n’est jamais à l’abri de la maladie, même si pour le moment elle est derrière nous» Mais pour l’heure, ses préoccupations sont toutes autres : «ce serait plutôt la FCO qui nous inquiète en ce moment ! On se rappelle ce qui s’est passé en 2007 et les conséquences qui ont suivi. Il m’a manqué le tiers des vêlages cette année-là».

L’homme peut véhiculer le virus en tant que porteur inerte
Sur l’exploitation, l’exercice se poursuit. Les prélèvements sanguins effectués seront envoyés pour analyse au laboratoire de référence de Maisons-Alfort. Une enquête a été menée au préalable, par l’équipe sur place auprès de l’éleveur : «il nous faut connaître toutes les entrées ou sorties depuis les 15 derniers jours, avec pour but de déterminer comment a pu arriver la maladie chez lui, mais aussi tout ce qu’il aurait pu contaminer à son insu». Car si la maladie touche aussi bien les ruminants que les porcins et n’est pas transmissible à l’homme, l’éleveur peut être porteur inerte et véhiculer le virus.
L’exercice, rappelle Christine Legrand, «vise également à vérifier comment nos services se sont appropriés ce plan orsec et si on est capable de le mettre en œuvre sans commettre d’erreur, comme d’oublier dans le feu de l’action, d’enlever ses vêtements contaminés avant de rejoindre une zone non contaminée ou de partir en intervention sans tout le matériel nécessaire». Le danger est d’autant plus grand que, contrairement à d’autres maladies comme la Bruxellose, contagieuse aussi mais restant généralement confinée au sein de l’élevage, le virus de la fièvre aphteuse va très vite, pouvant parcourir une vingtaine de km en quelques jours, par la seule voie des airs.
Il est midi passé. Les services de gendarmerie viennent d’arriver et se tiennent au-delà du cordon mis en place autour de l’élevage. On termine de mettre en eau le rotoluve destiné à décontaminer tout véhicule sortant de la ferme. Les deux chiennes de l’éleveur ont tôt fait de s’en servir comme piscine ! Mais, prévient la vétérinaire : «on ne les a pas impliquées dans le scénario, sinon, elles auraient du être tenues enfermées, car les chiens sont porteurs indirectement de la maladie, en tant que «transmetteur inerte», au même titre que les véhicules». L’exercice s’est ponctué en fin d’après-midi en préfecture, avec la tenue d’une cellule de crise.