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Coopérative Alysé

Un exercice 2016 à la peine

L’exercice écoulé se solde par une baisse d’activité importante pour la coopérative Alysé, en lien avec les difficultés économiques rencontrées par le monde de l’élevage. En perspective : la fusion avec Côte d’Or Conseil Élevage, pour optimiser et conserver les services proposés
Par Dominique Bernerd
Un exercice 2016 à la peine
Alain Boulard et Marc Belvalette, respectivement président et directeur d’Alysé
Dans son discours introductif à l’assemblée Générale de la coopérative, qui s’est tenue le 9 février dernier à Migennes, le président d’Alysé, Alain Boulard, a rappelé le contexte de l’année écoulée et lancé un cri d’alarme : «les conditions économiques de 2016 ont été catastrophiques pour nos élevages, les conditions de production remettant sérieusement en cause l’avenir même des productions bovines de nos départements en zones intermédiaires…» Un contexte qui a conduit le conseil d’administration à proroger d’un an les mesures prises en 2015 concernant l’avance de fonds de trésorerie. Des services simplifiés ont été créés dans le même temps, pour maintenir un accompagnement à moindre coût. Mais en dépit de ces mesures, l’exercice se solde par une baisse d’activité importante, avec notamment un nombre d’adhérents au pôle lait en régression de 9%. Des chiffres repris en détail, par le directeur d’Alysé, Marc Belvalette, dans sa lecture du rapport d’activités 2016.
 
Une baisse d’activité significative
Si jusqu’à présent, l’effectif des adhérents au contrôle laitier était constant, voire en légère augmentation, l’activité a connu une baisse significative de 15% sur l’année, totalisant désormais 379 adhérents pour 27 160 vaches, ce qui fait réagir le directeur de la structure : «c’est énorme ! Cela veut dire que nos outils de transformation et la filière elles même, sont en danger. Je noircis le tableau, mais la réalité est celle-là…» Conjoncture défavorable également pour ce qui est de la filière caprine, avec 31 éleveurs inscrits au contrôle laitier, pour 5 783 chèvres présentes. Certifié depuis cette année par France Génétique Élevage, le service contrôle performances bovins a vu lui aussi ses effectifs se réduire, avec 5 650 animaux pour 86 adhérents (chiffres 2015 : 6 415 animaux et 100 éleveurs). Évolution positive en revanche, en ce qui concerne le contrôle de performances ovins, avec plus de 5 000 brebis présentes pour 12 adhérents inscrits : «le contrôle de performance qui n’était au départ que génétique, commence à montrer l’utilisation que l’on peut en faire aussi dans la conduite…»

Également une mission de délégation de service public
Autre cœur de métier de l’activité Alysé : la délégation de service public, avec ce constat : «le nombre d’exploitations est en diminution, avec 1 833 inscrites, mais le cheptel reste stable, à plus de 201 000 animaux, ce qui est un signe encourageant. Pour autant, la structure a beaucoup changé et l’on est en train de devenir un bassin allaitant, avec 56% d’exploitations de plus de 30 bovins en filière viande, contre 29% en lait…» Le terme de «service public» prenant tout son sens pour ce qui est des secteurs ovins et caprins, avec seulement 284 exploitations de plus de 50 brebis ou 25 chèvres, pour un total de 1 427 détenteurs et plus de 66 000 reproducteurs : «avec une foule de gens détenant des ovins qui se refusent à payer quoique ce soit. D’où un travail administratif lourd et un service compliqué à maintenir et que l’on a du mal à équilibrer…» Du positif néanmoins, pour ce qui est de la certification Parentés Bovines, avec un nombre de veaux certifiés en légère hausse : «le cheptel souche, même s’il n’est pas au contrôle de performance, reste quelque part connecté potentiellement à la génétique…»  

Des services spécialisés reconnus
Réparti sur l’Aube, le Loiret et l’Yonne, le service «Optitraite» (contrôle des machines à traire), enregistre 245 adhérents Alysé, sur un secteur très concurrentiel. Les contrôles des compteurs lait en ferme ont connu une hausse jusqu’en 2014 mais sont depuis en stagnation, ce dont s’alarme Marc Belvalette : «il faut voir la réalité en face. Je ne sais pas si vous vous rendez compte : dix machines à traire neuves sur toute la zone Alysé en un an, c’est une catastrophe ! On ne va pas traire les vaches à la main. Quand tout sera en panne, on fera comment… ?» Autre secteur sur lequel Alysé est reconnu nationalement : l’expertise lactocorder, en liaison avec la FCEL, avec 411 interventions sur lacto et commanders et 1 100 appareils vérifiés (VerifLacto). Le service parage est lui aussi à la baisse, avec 256 clients pour 448 interventions et 11 801 vaches parées. Conséquence du départ d’un des trois techniciens, mais l’activité devrait repartir à la hausse avec l’embauche d’une remplaçante.
Plusieurs défis à relever en 2017, parmi lesquels la digitalisation de l’information au travers de la dématérialisation des passeports bovins. Si l’échéance de juin 2017 semble devoir être reculée, les passeports papiers devraient tous avoir disparu à l’horizon 2019. Une mesure qui laisse le directeur d’Alysé sceptique : «est-ce la priorité des priorités face aux problèmes que connait l’élevage en ce moment ?» Autre défi : la restructuration de l’élevage dans les zones intermédiaires, dans un contexte de baisse significative de la collecte de lait sur les trois départements que sont l’Yonne, l’Aube et le Loiret (-8%), pour 460 producteurs inscrits. La diminution du nombre de vaches laitières (-2,9%), n’étant que faiblement compensée par le nombre de vaches allaitantes (-1%).