Canicule et sécheresse
Un été en moins, moins, moins… Du stress en plus, plus, plus…
Une nouvelle calamité s’est invitée cet été, alors que l’année climatique 2018 avait déjà produit un excès d’eau, un gel printanier inopiné et maintenant une canicule qui dégénère en sécheresse persistante et impacte les récoltes d’automne et les semis d’été. Face au stress des agriculteurs, éleveurs et producteurs de céréales, la FDSEA et les JA de Côte d’Or ont invité les représentants de l’administration et le Conseil départemental à procéder à un premier état des lieux sur deux exploitations en polyculture-élevage particulièrement impactées.

Alors que le potentiel des cultures encore sur pied (tournesol, maïs, soja…) est pour beaucoup compromis, la sécheresse persistante, le tarissement des sources et les difficultés d’implantation des SIE, inquiètent nombre d’exploitations en polyculture-élevage et impactent lourdement les trésoreries. Les dernières projections de Météo France à trois mois, ne laissent que peu d’espoir quant au retour à une situation normale et certains effets de la canicule et de la sécheresse conjuguées, semblent irréversibles, notamment en ce qui concerne l’utilisation des stocks d’hiver en foin et paille et les pertes de récoltes et de fourrages (pertes sur les maïs et seconde coupe inexistante sur les prairies).
Pas de retour à la «normale» à l’horizon
Cette situation alarmante pour les éleveurs, qu’ils soient allaitants ou laitiers, a amené la FDSEA 21 et les JA de Côte d’Or à inviter l’administration, les représentants de l’État et du Conseil départemental à constater de visu sur deux exploitations en polyculture-élevage, l’ampleur du problème. La problématique en cours nécessite de trouver des solutions de court terme, mais aussi des solutions plus durables sur le long terme. La Chambre d’agriculture 21 participait aussi à ce premier état des lieux. Chacun est conscient que les perturbations climatiques appellent une évolution des pratiques et limitent les espoirs de retrouver une situation «normale». Le printemps 2018 a permis ainsi une récolte de fourrage plus satisfaisante que les précédentes années, mais les exploitations doivent nourrir précocement et entamer les stocks d’hiver, alors que les précédentes années n’avaient pas permis de constituer des stocks tampons. Si cette sécheresse, comme le prévoit Météo France, persiste jusqu’à l’automne, la facture ne peut que s’alourdir.
Les pertes, sur des maïs très hétérogènes, sont déjà estimées en moyenne à 50 %. Conséquence immédiate de la sécheresse et du manque de fourrage en quantité et qualité, les producteurs laitiers estiment que leur production a déjà baissé de 15 % en moyenne. La facture d’eau pour abreuver les animaux s’alourdit aussi de jour en jour, à mesure que les sources et les points d’eau se tarissent, nécessitant des tours d’eau de plus en plus longs ou un prélèvement sur le réseau très coûteux. Jean-Pierre Fleury, élu CRA BFC et président groupe viande au Copa-Cogeca (Europe) soulève à ce propos la problématique de la disponibilité en eau pour les élevages de Côte d’Or. Le manque d’eau facilement disponible oblige de plus en plus souvent à composer en recourant à des solutions de court terme. «C’est une réflexion de fond à mener au plan départemental pour envisager l’aménagement de branchements et des solutions plus rationnelles permettant d’alléger le travail des éleveurs et la facture globale des sécheresses à répétition» expose l’élu professionnel. La faiblesse des rendements en orge d’hiver et triticale sur certaines zones va également impacter la constitution des rations hivernales. Quant aux prairies, il faudrait au minimum 100 mm de pluies cumulées «pour que l’on passe des prairies qui verdissent à des prairies qui nourrissent» complète-t-il.
Une réflexion stratégique et économique à mener
Ces interrogations sur l’avenir et l’évolution des pratiques arrivent au moment où les élevages s’interrogent justement sur leur stratégie d’achats : achats complémentaires de pulpe, luzerne, fourrages, anticipation de vente de broutards, accélération du sevrage, décapitalisation (avec risque de baisse des prix)… Toutes les options sont ouvertes mais les conséquences économiques d’une perte d’état du troupeau et des mères en particulier, se paie au prix fort sur le moyen terme et le long terme.
Martial Gros, polyculteur-éleveur, président de la commission bovine de la FDSEA, alerte justement sur «la nécessité de porter attention à l’état corporel des vaches, afin de ne pas ouvrir la voie à certaines pathologies. Un mauvais état corporel peut hypothéquer les résultats à venir en termes de poids de naissance, de croissance, de fertilité». L’éleveur a aussi pu constater d’expérience que la fuite en avant de l’agrandissement du cheptel peut fragiliser l’économie d’une exploitation. En passant progressivement de 100 à 65 vêlages et en travaillant sur son chargement, Martial Gros observe que la résilience de son atelier élevage a augmenté. Il subit quand même, comme de nombreuses exploitations, les aléas climatiques de plein fouet et attend un sérieux coup de pouce qui permette de passer ce cap difficile. Autre cas de figure, moins symptomatique mais toute aussi difficile sur le plan économique, la situation de certaines exploitations ayant développé une filière énergétique à partir d’un atelier d’engraissement, confrontées à la nécessité d’assurer coûte que coûte la production d’énergie, alors même que les matières méthanisables se font rares.
Des services de l'État à l'écoute
Au terme des discussions, les responsables professionnels ont trouvé une administration et surtout un secrétaire général de la préfecture «très sensible au problème posé et à l’écoute». Un nouvel état des lieux sera réalisé fin août dans la perspective d’une demande de classement en calamité agricole. D’ores et déjà la situation est suivie au plan régional, la FRSEA oganisant des réunions hebdomadaires d’évaluation de la situation sur le terrain. Sachant que la Région Bourgonge-Franche-Comté reste très préoccupée par ce dossier et suit également l’évolution des événements, la profession a décidé de porter «une demande d’ouverture de ligne financière auprès de la présidente du Conseil régional BFC, avec la perspective que les départements puissent intervenir en soutien de la région» précise Jean-Pierre Fleury. Reste à évaluer la recevabilité d’une telle demande sur le plan juridique. Affaire à suivre donc.
Pas de retour à la «normale» à l’horizon
Cette situation alarmante pour les éleveurs, qu’ils soient allaitants ou laitiers, a amené la FDSEA 21 et les JA de Côte d’Or à inviter l’administration, les représentants de l’État et du Conseil départemental à constater de visu sur deux exploitations en polyculture-élevage, l’ampleur du problème. La problématique en cours nécessite de trouver des solutions de court terme, mais aussi des solutions plus durables sur le long terme. La Chambre d’agriculture 21 participait aussi à ce premier état des lieux. Chacun est conscient que les perturbations climatiques appellent une évolution des pratiques et limitent les espoirs de retrouver une situation «normale». Le printemps 2018 a permis ainsi une récolte de fourrage plus satisfaisante que les précédentes années, mais les exploitations doivent nourrir précocement et entamer les stocks d’hiver, alors que les précédentes années n’avaient pas permis de constituer des stocks tampons. Si cette sécheresse, comme le prévoit Météo France, persiste jusqu’à l’automne, la facture ne peut que s’alourdir.
Les pertes, sur des maïs très hétérogènes, sont déjà estimées en moyenne à 50 %. Conséquence immédiate de la sécheresse et du manque de fourrage en quantité et qualité, les producteurs laitiers estiment que leur production a déjà baissé de 15 % en moyenne. La facture d’eau pour abreuver les animaux s’alourdit aussi de jour en jour, à mesure que les sources et les points d’eau se tarissent, nécessitant des tours d’eau de plus en plus longs ou un prélèvement sur le réseau très coûteux. Jean-Pierre Fleury, élu CRA BFC et président groupe viande au Copa-Cogeca (Europe) soulève à ce propos la problématique de la disponibilité en eau pour les élevages de Côte d’Or. Le manque d’eau facilement disponible oblige de plus en plus souvent à composer en recourant à des solutions de court terme. «C’est une réflexion de fond à mener au plan départemental pour envisager l’aménagement de branchements et des solutions plus rationnelles permettant d’alléger le travail des éleveurs et la facture globale des sécheresses à répétition» expose l’élu professionnel. La faiblesse des rendements en orge d’hiver et triticale sur certaines zones va également impacter la constitution des rations hivernales. Quant aux prairies, il faudrait au minimum 100 mm de pluies cumulées «pour que l’on passe des prairies qui verdissent à des prairies qui nourrissent» complète-t-il.
Une réflexion stratégique et économique à mener
Ces interrogations sur l’avenir et l’évolution des pratiques arrivent au moment où les élevages s’interrogent justement sur leur stratégie d’achats : achats complémentaires de pulpe, luzerne, fourrages, anticipation de vente de broutards, accélération du sevrage, décapitalisation (avec risque de baisse des prix)… Toutes les options sont ouvertes mais les conséquences économiques d’une perte d’état du troupeau et des mères en particulier, se paie au prix fort sur le moyen terme et le long terme.
Martial Gros, polyculteur-éleveur, président de la commission bovine de la FDSEA, alerte justement sur «la nécessité de porter attention à l’état corporel des vaches, afin de ne pas ouvrir la voie à certaines pathologies. Un mauvais état corporel peut hypothéquer les résultats à venir en termes de poids de naissance, de croissance, de fertilité». L’éleveur a aussi pu constater d’expérience que la fuite en avant de l’agrandissement du cheptel peut fragiliser l’économie d’une exploitation. En passant progressivement de 100 à 65 vêlages et en travaillant sur son chargement, Martial Gros observe que la résilience de son atelier élevage a augmenté. Il subit quand même, comme de nombreuses exploitations, les aléas climatiques de plein fouet et attend un sérieux coup de pouce qui permette de passer ce cap difficile. Autre cas de figure, moins symptomatique mais toute aussi difficile sur le plan économique, la situation de certaines exploitations ayant développé une filière énergétique à partir d’un atelier d’engraissement, confrontées à la nécessité d’assurer coûte que coûte la production d’énergie, alors même que les matières méthanisables se font rares.
Des services de l'État à l'écoute
Au terme des discussions, les responsables professionnels ont trouvé une administration et surtout un secrétaire général de la préfecture «très sensible au problème posé et à l’écoute». Un nouvel état des lieux sera réalisé fin août dans la perspective d’une demande de classement en calamité agricole. D’ores et déjà la situation est suivie au plan régional, la FRSEA oganisant des réunions hebdomadaires d’évaluation de la situation sur le terrain. Sachant que la Région Bourgonge-Franche-Comté reste très préoccupée par ce dossier et suit également l’évolution des événements, la profession a décidé de porter «une demande d’ouverture de ligne financière auprès de la présidente du Conseil régional BFC, avec la perspective que les départements puissent intervenir en soutien de la région» précise Jean-Pierre Fleury. Reste à évaluer la recevabilité d’une telle demande sur le plan juridique. Affaire à suivre donc.
Les mesures urgentes attendues pour soutenir les trésoreries
- Un remboursement des frais liés à l’implantation des cultures dérobées (SIE) implantées inutilement.
- Un dégrèvement collectif (prés et champs) de la TFNB. Une aide financière forfaitaire à l’UGB pour aider à l’achat de fourrage.
- Une augmentation de l’acompte PAC de 50 % des aides prévues en octobre.
- Des mesures d’adaptation de la réglementation pour circonstances exceptionnelles avec : dérogation à l’implantation de cultures dérobées, autorisation de récolte des jachères avant le 1er septembre, possibilité de prélever dans les points d’eau pour abreuver le cheptel et réflexion d’ensemble sur une meilleure gestion de l’eau (stockage en période de pluviométrie excédentaire et de crues). Concernant les SIE la profession a rappelé que les États Membres ont la possibilité d’anticiper sur l’agenda communautaire et de prendre des dérogations dans le cadre d’une procédure d’urgence.
- Un dégrèvement collectif (prés et champs) de la TFNB. Une aide financière forfaitaire à l’UGB pour aider à l’achat de fourrage.
- Une augmentation de l’acompte PAC de 50 % des aides prévues en octobre.
- Des mesures d’adaptation de la réglementation pour circonstances exceptionnelles avec : dérogation à l’implantation de cultures dérobées, autorisation de récolte des jachères avant le 1er septembre, possibilité de prélever dans les points d’eau pour abreuver le cheptel et réflexion d’ensemble sur une meilleure gestion de l’eau (stockage en période de pluviométrie excédentaire et de crues). Concernant les SIE la profession a rappelé que les États Membres ont la possibilité d’anticiper sur l’agenda communautaire et de prendre des dérogations dans le cadre d’une procédure d’urgence.