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Fertilisation

Un épandage de pointe

Les systèmes de largeur variable optimisent à la fois la dose et la qualité de répartition, ce qui se traduit souvent par des économies d’engrais.
Par G. Coisel
Un épandage de pointe
Les épandeurs d’engrais de dernière génération peuvent dépasser 50 mètres de largeur de travail. Il devient alors difficile d’apprécier la position de la nappe et donc le moment opportun pour ouvrir ou fermer les trappes. Dans les pointes de parcelle, plus la largeur d’épandage est importante, plus le risque de sur ou sous dosage augmente. Quatre systèmes, pilotés par GPS, permettent d’y remédier. Pour faire varier la largeur d’épandage, les constructeurs ont travaillé : soit sur le point de chute ou d’alimentation de l’engrais, soit sur la vitesse de rotation des disques, soit sur les deux à la fois. Ainsi, suivant la position dans la parcelle indiquée par le GPS, l’épandeur agit sur ces différents facteurs.
Pour Emmanuel Piron, de l’Irstea, la gestion de la largeur d’épandage n’est que la suite logique de l’évolution des équipements de l’épandeur d’engrais. [I]«Depuis quelques années, les matériels bénéficient de toute la technologie nécessaire : ouverture électrique des trappes, vitesse de rotation ajustable et indépendante de chaque disque, GPS, Isobus…»[i]
L’augmentation de la largeur de travail modifie la forme de la courbe d’engrais épandu. D’après de nombreux essais, réalisés notamment par l’Irstea et son banc d’essais Cemib, les constructeurs n’ont pas seulement augmenté les performances de largeur, mais ils ont aussi rendu les courbes plus triangulaires dans un objectif de plus grande robustesse dans la qualité d’épandage réalisée. Avant d’adopter la largeur variable de l’épandage, il existe une étape intermédiaire — moins aboutie mais moins onéreuse — qui permet l’ouverture ou la fermeture en bout de champ, ainsi que la gestion droite/gauche des trappes dans les pointes. [I]« Cette solution convient pour des largeurs entre 24 et 36 mètres »[i], explique Serge Nourry, de Sulky.

[INTER]Indispensable au-delà de 40 mètres[inter]
Les systèmes de largeur variable, très précis, présentent un réel intérêt pour de très grandes largeurs d’épandage — 40 à 50 mètres, voire plus — même s’ils sont tout aussi efficaces dans un parcellaire exigu, avec des largeurs de travail modérées.
Dans le cas où l’utilisateur possède déjà son propre matériel de guidage, avec ou sans coupure de tronçons sur pulvérisateur, il est important de vérifier la compatibilité entre l’outil de guidage et l’appareil d’épandage qu’il souhaite utiliser. Suivant les marques et les modèles, les systèmes GPS ne commandent pas l’outil de la même façon, ce qui influe sur le nombre de sections disponibles, bien souvent revu à la baisse. L’Isobus facilite cette connexion entre les deux outils lorsque l’utilisateur acquiert une clé d’accès payante pour cette application.
[I]«En termes de précision du positionnement GPS, la plupart des utilisateurs travaillent avec la correction Egnos ou SF1, précis à 30 centimètres pour un aller-retour dans la parcelle en quinze minutes. Or, avec un épandeur d’engrais pour lequel la vitesse d’avancement — donc le débit de chantier — est relativement important, la précision théorique avoisine les 15 centimètres, pour un aller-retour en cinq minutes»[i], explique Caroline Desbourdes, d’Arvalis Institut du végétal.

[INTER]5 à 10 % d’économie[inter]
Difficile de mesurer avec précision le gain apporté par ces systèmes. Arvalis a d’ailleurs refusé de se prononcer tant le protocole est complexe, du fait notamment de la nappe d’engrais. Toutefois, selon les constructeurs et les propos d’utilisateurs, il semblerait qu’un dispositif de largeur variable permette d’économiser environ 5 % d’engrais sur une même parcelle et jusqu’à 10 % sur les besoins totaux en engrais minéral d’une exploitation. Le surcoût de 3 000 à 5 000 euros de l’équipement (qui dépend des outils déjà présents sur l’exploitation), s’amortit plus ou moins rapidement suivant le parcellaire et le type d’épandeur d’engrais.