Un des piliers de la sélection ovine nivernaise

2014 avait été une année exceptionnelle pour la foire aux ovins de Moulins-Engilbert. Elle s’était tenue durant le comice agricole dans la commune et 120 animaux avaient alors participé. Cette année, 80 moutons étaient présentés, mais c’est «un très bon chiffre», pour Alain Guinot, président du Comité des foires, organisateur de l’événement. «Ici, il y a une bonne ambiance de moutonniers, pas comme en élevage allaitant, et surtout s’il n’y a jamais énormément d’animaux à notre foire, il s’en vend au minimum une dizaine chaque année» constate Alain Guinot. Mardi, à 9h30, tandis que les deux jurys de Saône-et-Loire départageaient les meilleurs, déjà 6 reproducteurs avaient changé de mains. A 11h, le saône-et-loirien Dominique Duverne, venu avec ses charrollais, confirmait la tendance: «il s’en est vendu. Et il y a des gens qui passent de cases en cases, qui évaluent et comparent et qui repassent ensuite acheter». «Ici, c’est comme une vitrine» constate Denis Douard, éleveur en retraite, dont le fils a repris l’élevage allaitant et ovin de Dornes, dans le sud-ouest de la Nièvre. «Les foires sont importantes pour les éleveurs  : elles permettent de connaître les origines et les méthodes de travail. Voir les animaux, c’est important pour pouvoir choisir» assure le Nivernais. Et Dominique Duverne de confirmer  : «A l’oeil, on compare par rapport aux autres animaux, même si l’on n’évalue pas tout visuellement. On a nos index pour pouvoir renseigner les clients mais cela peut déjà donner des indications sur la viande et le gigot, le critère essentiel recherché chez les reproducteurs. Ce n’est pas pour rien que si les petites foires ont tendance à disparaître les unes après les autres, ici, il y a beaucoup d’éleveurs de la Nièvre. Sans cette foire, nous aurions plus de mal à vendre. On le ferait à la maison, mais beaucoup plus difficilement». Moulins-Engilbert, avec Luzy, Corbigny et bien sûr Decize, reste un pilier de la sélection ovine dans le département.
Le niveau des prix n’est pas satisfaisant, Dominique Duverne parle d’un prix en baisse autour de 5,30 €/kg, en forte baisse. «Les cours sont moroses, le moral n’est pas bon mais nous sommes habitués dans notre production» estime seulement Dominique Duverne «ce qui est dommage, c’est que beaucoup de moutons ont disparu avec les gens de ma génération. On a délaissé les ovins alors qu’on aurait dû encourager les jeunes à en faire au milieu des vaches» remarque Denis Douard.  Alain Guinot et Pascal Petit ont d’ailleurs fait passer quelques messages, lors de la remise des prix  : «la troupe ovine a considérablement diminué dans la Nièvre mais c’est parce que les sélectionneurs partis en retraite n’ont pas été remplacés. Cette année, avec la Pac, le brabant a pris de l’ampleur sur les prairies, de Châtillon en Bazois à Cercy-la-Tour. Cela n’arrange rien mais ceux qui ont voulu labourer cette année, vu la météo et l’avancement des cultures, risquent de s’en mordre les doigts». «Nous, nos revendications sont toujours les mêmes. Un meilleur partage des marges entre nous et les consommateurs et non pas ce que les politiques ont interprété par une hausse des prix à la consommation» conclut Pascal Petit. En ovins, comme dans toutes les autres productions...