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Coopérative Cirhyo

Un début d’année prometteur

La coopérative porcine Cirhyo affirme sa place de leader régional, dans un contexte plutôt favorable, avec un cours cadran à la hausse en ce début d’année
Par Dominique Bernerd
Un début d’année prometteur
Près d’1,8 million d’animaux ont été produits par la coopérative en 2016.
Issue de fusions successives, la coopérative porcine Cirhyo compte aujourd’hui plus de 600 adhérents, dont une trentaine dans le département. Sa zone d’actions couvre près de la moitié du territoire national, des Ardennes au massif Alpin, ou de la Dordogne au Loiret. La première des quatre assemblées générales de section territoriale s’est tenue dans l’Yonne cette semaine, réunissant une quarantaine d’éleveurs venus d’un grand quart nord-est. L’occasion pour le directeur de la coopérative, Gérard Dutois, de revenir en détail sur les chiffres de l’exercice écoulé.
Contexte plutôt favorable en ce début d’année pour la filière porcine, avec un cours cadran revu à la hausse, proche de 1,50 €. Deux raisons principales à cela : un marché à l’exportation, notamment vers la Chine, qui reste porteur, avec plus de 700 000 tonnes exportées en moins d’un an à l’échelle européenne. Sur 11 mois, l’Europe a vu par ailleurs, ses exportations à destination des pays tiers, augmenter de +25% (la France : +23%). D’autre part, on note au 1er trimestre 2017, des volumes d’abattage à la baisse et les volumes de production européens, à l’exception de l’Espagne, semblent baisser. Quelques indicateurs inquiétants toutefois, comme la chute de la société Financière Turenne Lafayette (William Saurin, Madrange, Prédault…), générant une période d’incertitude pour la filière, ainsi qu’un marché intérieur peu dynamique, avec des chiffres à la consommation en retrait de - 3% pour la viande fraîche et - 0,6% pour la charcuterie.

Forte augmentation de la prolificité
Si le nombre d’éleveurs adhérents à la coopérative est en légère érosion (589), celui des porcs charcutiers produits augmente de + 1,64%, avec 1 270 000 animaux. Egalement en recul, le nombre de truies (61 590), du fait principalement de l’arrêt de plusieurs élevages. Au total, 1 789 000 animaux auront été produits sur l’exercice, faisant de Cirhyo, l’une des rares coopératives porcines en France à enregistrer une croissance de ce type. Concernant les résultats techniques 2016, plusieurs faits marquants à relever, comme la forte augmentation de la prolificité, avec + 0,75 porcelets sevrés par truie et par an, soit une moyennes de 29,4 sevrés par truie productive et par an. Mais également un coût de production inférieur de 3,5 cts à la moyenne nationale, grâce à un coût alimentaire maîtrisé, du fait du lien au sol (maïs humide) et de l’utilisation de co-produits des industriels de l’agro-alimentaire (lacto, pâte à pain…). Prix moyen perçu en 2016 par les éleveurs Cirhyo : 1,452 € pour un cadran moyen à 1,293 € (en hausse de + 4,4% par rapport à 2015). Parallèlement, la part d’activité autour des services offerts aux adhérents (santé, fourniture de minéraux et matières premières, co-produits…) a poursuivi sa progression en volume (+ 8%). L’année 2016 aura également été marquée par le retour aux bénéfices de la société d’abattage Tradival, dont Cirhyo est actionnaire et fournisseur de 81% des porcs abattus.

L’importance d’être irréprochable
La demande sociétale pour des filières régionalisées et de qualité est en forte augmentation. Avec une part importante pour les produits de salaison labellisés «Label Rouge». Un marché qui devrait s’étendre à l’horizon 2017, aux viandes fraîches, suite à des contacts avec une grande enseigne de la distribution. Pas question pour autant, selon Gérard Dutois, de doubler les volumes : «aujourd’hui, on a une demande, mais le marché trouve très vite ses limites et quand on a 200 cochons de trop, on est obligé de les déclasser ! Au total, on fait 120 000 porcs «label rouge», on ne va pas doubler le chiffre d’un coup, la progression existe, mais elle est lente. D’autant que c’est une démarcation purement française et que le produit n’est pas reconnu à l’export». Autre secteur à avoir le vent en poupe : la filière BIO. Même si la production est encore anecdotique, avec 25 000 cochons produits, pour 1 250 000 en filière «standard». Ce n’est pas un effet de mode, souligne le directeur de Cirhyo, qui tire la sonnette d’alarme : «le bio va se développer, en réponse à la demande d’une grande masse de la population et si nous ne sommes pas capables d’y répondre, les porcs viendront d’Allemagne, du Danemark ou d’Espagne… A partir du moment où les gens veulent un produit qui n’existe pas, ils sauront aller le chercher ailleurs». Regrettant au passage que le modèle économique français pour faire du bio, nécessite des investissements conséquents, que les éleveurs ont du mal à réaliser.

Le monde de la viande a été sous les feux de l’actualité ces derniers mois, au travers notamment de vidéos dénonçant les conditions d’élevage ou d’abattage dans certains établissements. S’il y a urgence à ce que la filière dans son ensemble organise une communication positive sur le sujet, il est important, rappelle Gérard Dutois, que chaque éleveur soit irréprochable en la matière et prenne conscience de la dimension citoyenne de son travail. Une note spécifique sera envoyée prochainement à tous les adhérents : «prenez un miroir et regardez ce que vous faites chez vous tous les jours, c’est indispensable ! Je ne dis pas que vous faites mal, simplement, vous dis de faire attention. C’est d’autant plus important pour la filière, qu’à chaque fois que l’un d’entre nous ne fait pas bien son travail, ce sont sans doute quelques ponts de consommation en moins… On ne doit pas fermer les yeux». Il a été demandé aux techniciens de la coopérative, de repérer les cas difficiles, afin de leur venir en aide si nécessaire.