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Élevages porcins

Un cochon pas si serein

Les acteurs de l'élevage porcin, réunis en assemblée à Bretenière, ont brassé l'actualité de leur filière. Les prix restent rémunérateurs mais plusieurs menaces planent.

Par AG
Un cochon pas si serein
Photo d'illustration générée par ChatGPT.

Comment va le cochon ? « Écoutez, pas trop mal. Les prix sont redescendus depuis l'année dernière mais il faut relativiser : ils sont encore nettement mieux qu'à une certaine période », indique Emmanuel Thiery, éleveur à Agencourt près de Nuits-Saint-Georges. Le Côte-d'orien préside à la fois l'Union régionale des producteurs de porcs de Bourgogne (URGPP) et l'association Interporc de sa région. Ces deux entités tenaient leurs assemblées générales à Bretenière il y a quelques jours et ont permis d'aborder plusieurs sujets. Les prix, donc, sont actuellement à 1,89 euro/kg et permettent d'assurer la rentabilité des ateliers. « Ces cours sont à mettre en parallèle avec une certaine décapitalisation, un peu à l'image de ce que connaissent les élevages bovins », précise Emmanuel Thiery. La France, qui produisait encore 107 % de ce qu'elle consommait il y a encore peu de temps, n'est plus qu'à 98 % : « cette baisse concerne un peu toute l'Europe. Dans l'Hexagone, c'est surtout dans l'Ouest que ça a bougé. Une stabilisation est heureusement en train de s'amorcer ».

Des préoccupations

Le président dresse ensuite une liste d'inquiétudes : « le contexte est effectivement assez complexe… Tout d'abord, développer la production est toujours aussi difficile. Une grande animosité règne autour de chaque projet. Ça, nous n'arrivons toujours pas à comprendre ! Les élevages porcins sont pourtant très vertueux chez nous, avec une belle synergie entre les productions animales et végétales. Beaucoup d'éleveurs fabriquent leurs propres aliments à la ferme et les effluents remplacent les engrais chimiques : cela devrait être perçu comme quelque chose de positif… Mais non ! Les gens continuent de voir notre production d'un très mauvais œil. Il y a pourtant une grande marge de progression de notre production sur le territoire, avec des cultures pour valoriser les effluents d'élevage ». Emmanuel Thiery cite l'exemple extrême d'un projet censé voir le jour dans le Doubs : « il s'agissait d'une petite structure, environ 400 porcs sur de la paille, dans un village comptant moins de 800 habitants. Une pétition a recueilli 35 000 signatures, et même des gens des États-Unis ont signé ! Derrière ça se trouvent des sociétés spécialisées dans la viande végétale et/ou dans les cellules souches : en finançant des associations comme L214, elles souhaitent débarrasser le marché actuel pour l'investir ».

Des maladies

La peste porcine africaine est un autre sujet de préoccupation : « elle se trouve en Allemagne et a la capacité de pouvoir se propager en faisant des bons de 100 km… Si cette maladie venait à arriver chez nous un jour, c'est sûr, cela posera de gros problèmes pour les exportations. La fièvre aphteuse est également en Allemagne, mais aussi en Hongrie et en Estonie : elle est susceptible de déstabiliser le commerce, sachant que les marchés européens sont interconnectés ». D'autres discussions ont alimenté les échanges, comme la « très pesante » absence du moindre abattoir dans le périmètre Chalon-Dijon-Dole : « je ne connais pas précisément la population que ce triangle représente, mais nous devons être entre 300 000 et 400 000 habitants. Il n'est pas normal qu'un tel bassin de consommateurs, dont certains souhaitent des démarches locavores, ne soit pas doté d'un abattoir. Avant, il y avait Beaune et Dijon, nous n'avons plus que quatre outils en Bourgogne : Autun, Luzy, Châtillon et Cosne-Sur-Loire… Quand un outil ferme, il est malheureusement très compliqué à remonter. C'est vraiment dommage d'en arriver là, ces équipements sont essentiels pour approvisionner les filières locales ».

Présentation

Un point plus positif a été la présentation de Samuel Jeannerot lors de ces réunions. Cet ancien étudiant de l'Institut Agro Dijon est arrivé en fin d'année 2024 à la Chambre d'agriculture régionale. Animateur de l'URGPP et d'Interporc Bourgogne (interprofession au service de la filière) Samuel Jeannerot est à la disposition des éleveurs porcins pour tout accompagnement. Pour le contacter : 06 07 66 87 17 ou samuel.jeannerot@bfc.chambagri.fr.