Vendanges
Un casse-tête pour débuter
La récolte de raisins a commencé le 21 septembre chez Lucien Rocault, viticulteur dans les Hautes-Côtes de Beaune.

Année très difficile dans les vignes. «Elle est même chaotique d’un point de vue climatique» soulignait Lucien Rocault la semaine dernière, à l’occasion du début des vendanges effectué pour sa part dans une parcelle de Saint-Aubin Premier cru. «Conséquence d’une météo très spéciale des derniers mois, rien n’est mûr en même temps cette année. Nous avons encore eu 65mm ces derniers jours... La décision de commencer les vendanges n’a pas été simple à prendre. Pire, il n’est même pas possible d’enchaîner dans une autre parcelle. Je vais devoir attendre au moins deux jours pour retourner récolter» poursuivait le Côte d’orien de
32 ans, habitant Saint-Romain mais vinifiant à Orches, siège de son exploitation. Lucien Rocault, bien connu dans le réseau départemental des Jeunes agriculteurs pour avoir présidé la Ferme de JAnne en juin 2015, déplorait un manque d’«euphorie» en ce début des vendanges : «il y a d’habitude beaucoup d’enthousiasme cumulé à une certaine dose de stress. D’ordinaire, nous avons des équipes de vendangeurs un peu partout dans les vignes et nous sommes constamment dans les starting-blocks. Cette année, ce n’est pas le cas, et il y a moins de monde. Nombreux sont les viticulteurs qui prendront moins de vendangeurs avec cette récolte très particulière, où les raisins se font rares. Il y a moins d’embauches et dans le même temps, il est particulièrement difficile de trouver des saisonniers. Les étudiants sont déjà rentrés en cours et peut-être que certains travailleurs ont préféré se diriger vers d’autres régions pour trouver davantage de travail».
Du gel et des maladies
Le gel de fin avril cumulé à une très forte pression maladies sont «clairement responsables» de la situation, selon Lucien Rocault : «le gel a détruit une grande partie des récoltes, dans des conditions plus ou moins importantes selon les appellations et les secteurs. J’espère sauver quelque peu les meubles ici à Orches. Nous sommes en altitude, à environ 540 mètres : les vignes sont plus tardives et ont beaucoup moins souffert. En avril, à l’annonce des périodes de froid, je ne m’étais pas dépêché pour les tailler. Les parcelles habituellement les plus gélives sont celles qui vont s’en sortir le mieux cette année. Elles étaient en avance d’un mois et ont été relativement épargnées». La donne sera toute autre pour l’appellation Beaune, touchée à plus de 95% : «il y a une grappe tous les quinze pieds... C’est du jamais vu. Je ne pourrai pas produire l’appellation et les vins seront déclassés en Bourgogne» regrette le vigneron. Ses six hectares menés en viticulture biologique ont également très souffert du mildiou et de l’oïdium : «la pluie du printemps a été continue et ne s’est arrêtée qu’au 25 juin. Il a été très difficile de contenir les maladies. J’ai dû traiter tous les trois jours avec du cuivre qui est autorisé en bio. Il était systématiquement lessivé et il fallait recommencer à chaque fois. J’ai utilisé du souffre pour tenter de vaincre l’oïdium. Nous avons testé quelques préparations de plantes mais nous avons bien vite abandonné tellement la pression était importante... Non, ce n’était pas vraiment une année pour faire du bio ! J’ai explosé toutes mes charges, avec des traitements deux fois plus importants que l’an passé». Lucien Rocault s’attend à réaliser une demi-récolte, après des dernières années déjà très compliquées en terme de rendements : «les épisodes de grêle ont été nombreux depuis 2012. Cela n’est pas sans conséquences dans la commercialisation. Il n’est pas toujours possible de répondre à la demande et certains clients ne comprennent pas forcément. J’ai déjà perdu plusieurs clients au Japon. Trouver un client est long et compliqué, le perdre est beaucoup plus rapide !» D’un point de vue qualitatif, les vins de 2016 n’auront en revanche aucun souci à se faire selon le vigneron: «il y a un très beau potentiel et un très bel équilibre. Tout est réuni pour obtenir de très bons vins. Nous avons un potentiel de sucres en naturel à 12,5, avec une belle acidité. Le millésime 2016 devrait bien tenir dans le temps, avec des PH plus que corrects».
Coup de pouce de la presse
Lucien Rocault, qui exerce également une activité de négociant, vend environ un tiers de sa production à des particuliers, un peu plus de 40% à des cavistes et restaurateurs français et le reste à l’export, principalement en Belgique, au Japon et aux États-Unis. «Je me concentre actuellement sur le marché belge en y allant régulièrement. Ma petite sœur y habite et cela m’aide considérablement. Il y a beaucoup de relationnel à assurer dans ce métier, avec des relances à effectuer en permanence». Le marché américain se porte plutôt bien depuis peu. À ce titre, Lucien Rocault livre une petite anecdote : «un homme était venu déguster des vins l’hiver dernier dans ma cave à Saint-Romain. Il s’est ensuite présenté en tant que journaliste du New York Times. Il réalisait un reportage de 36 heures en Bourgogne et logeait dans le village. Il a rédigé un article quelques jours plus tard. Celui-ci eu un succès fou puisque mon téléphone n’a pas cessé de sonner durant le mois qui a suivi. Mes ventes américaines ont considérablement augmentées et certains marchés latents se sont concrétisés». S’il n’attend pas les mêmes conséquences économiques après son passage dans Terres de Bourgogne, Lucien Rocault espère tout de même voire «débarquer» plusieurs de ses amis agriculteurs d’ici la fin d’année.
32 ans, habitant Saint-Romain mais vinifiant à Orches, siège de son exploitation. Lucien Rocault, bien connu dans le réseau départemental des Jeunes agriculteurs pour avoir présidé la Ferme de JAnne en juin 2015, déplorait un manque d’«euphorie» en ce début des vendanges : «il y a d’habitude beaucoup d’enthousiasme cumulé à une certaine dose de stress. D’ordinaire, nous avons des équipes de vendangeurs un peu partout dans les vignes et nous sommes constamment dans les starting-blocks. Cette année, ce n’est pas le cas, et il y a moins de monde. Nombreux sont les viticulteurs qui prendront moins de vendangeurs avec cette récolte très particulière, où les raisins se font rares. Il y a moins d’embauches et dans le même temps, il est particulièrement difficile de trouver des saisonniers. Les étudiants sont déjà rentrés en cours et peut-être que certains travailleurs ont préféré se diriger vers d’autres régions pour trouver davantage de travail».
Du gel et des maladies
Le gel de fin avril cumulé à une très forte pression maladies sont «clairement responsables» de la situation, selon Lucien Rocault : «le gel a détruit une grande partie des récoltes, dans des conditions plus ou moins importantes selon les appellations et les secteurs. J’espère sauver quelque peu les meubles ici à Orches. Nous sommes en altitude, à environ 540 mètres : les vignes sont plus tardives et ont beaucoup moins souffert. En avril, à l’annonce des périodes de froid, je ne m’étais pas dépêché pour les tailler. Les parcelles habituellement les plus gélives sont celles qui vont s’en sortir le mieux cette année. Elles étaient en avance d’un mois et ont été relativement épargnées». La donne sera toute autre pour l’appellation Beaune, touchée à plus de 95% : «il y a une grappe tous les quinze pieds... C’est du jamais vu. Je ne pourrai pas produire l’appellation et les vins seront déclassés en Bourgogne» regrette le vigneron. Ses six hectares menés en viticulture biologique ont également très souffert du mildiou et de l’oïdium : «la pluie du printemps a été continue et ne s’est arrêtée qu’au 25 juin. Il a été très difficile de contenir les maladies. J’ai dû traiter tous les trois jours avec du cuivre qui est autorisé en bio. Il était systématiquement lessivé et il fallait recommencer à chaque fois. J’ai utilisé du souffre pour tenter de vaincre l’oïdium. Nous avons testé quelques préparations de plantes mais nous avons bien vite abandonné tellement la pression était importante... Non, ce n’était pas vraiment une année pour faire du bio ! J’ai explosé toutes mes charges, avec des traitements deux fois plus importants que l’an passé». Lucien Rocault s’attend à réaliser une demi-récolte, après des dernières années déjà très compliquées en terme de rendements : «les épisodes de grêle ont été nombreux depuis 2012. Cela n’est pas sans conséquences dans la commercialisation. Il n’est pas toujours possible de répondre à la demande et certains clients ne comprennent pas forcément. J’ai déjà perdu plusieurs clients au Japon. Trouver un client est long et compliqué, le perdre est beaucoup plus rapide !» D’un point de vue qualitatif, les vins de 2016 n’auront en revanche aucun souci à se faire selon le vigneron: «il y a un très beau potentiel et un très bel équilibre. Tout est réuni pour obtenir de très bons vins. Nous avons un potentiel de sucres en naturel à 12,5, avec une belle acidité. Le millésime 2016 devrait bien tenir dans le temps, avec des PH plus que corrects».
Coup de pouce de la presse
Lucien Rocault, qui exerce également une activité de négociant, vend environ un tiers de sa production à des particuliers, un peu plus de 40% à des cavistes et restaurateurs français et le reste à l’export, principalement en Belgique, au Japon et aux États-Unis. «Je me concentre actuellement sur le marché belge en y allant régulièrement. Ma petite sœur y habite et cela m’aide considérablement. Il y a beaucoup de relationnel à assurer dans ce métier, avec des relances à effectuer en permanence». Le marché américain se porte plutôt bien depuis peu. À ce titre, Lucien Rocault livre une petite anecdote : «un homme était venu déguster des vins l’hiver dernier dans ma cave à Saint-Romain. Il s’est ensuite présenté en tant que journaliste du New York Times. Il réalisait un reportage de 36 heures en Bourgogne et logeait dans le village. Il a rédigé un article quelques jours plus tard. Celui-ci eu un succès fou puisque mon téléphone n’a pas cessé de sonner durant le mois qui a suivi. Mes ventes américaines ont considérablement augmentées et certains marchés latents se sont concrétisés». S’il n’attend pas les mêmes conséquences économiques après son passage dans Terres de Bourgogne, Lucien Rocault espère tout de même voire «débarquer» plusieurs de ses amis agriculteurs d’ici la fin d’année.
Histoire des climats
Orches est le village «idéal» pour comprendre les caractéristiques du vignoble bourguignon selon Lucien Rocault : «Les falaises sont la résultante de l’émergence des Alpes datant de plusieurs millions d’années. Quand on créé un tas de terre, il faut en prendre quelque part : Orches est l’un des endroits de la dépression occasionnée. Celle-ci a créé un gros chamboulement au niveau des horizons du sol. Cela explique l’existence de très nombreuses parcelles très différentes dans un secteur donné. C’est ce qu’on appelle les climats».