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Rendez-vous à la Sicavyl à Migennes

«Un bout de chemin est fait...»

Une délégation d’éleveurs a rencontré le jeudi 23 juillet les dirigeants de la Sicavyl à Migennes, afin de vérifier si l’abattoir respectait bien les engagements pris le 17 juin.
Par Dominique Bernerd
«Un bout de chemin est fait...»
La délégation d’éleveurs reçue par les dirigeants de Sicavyl.
«Pour couper court aux rumeurs, on vient vérifier sur place..» D’un côté de la table, les dirigeants de l’entreprise, Philippe Tournan pour la partie abattage et Séverine Breton, pour la Cialyn, ainsi que le président Pinet des Ecots. De l’autre une dizaine d’éleveurs déterminés, venus vérifier si l’entreprise appliquait bien la hausse des prix définie par les accords du 17 juin dernier.

Pour le président de la Cialyn, Yves Pinet des Ecots : «s’il y a une hausse, il faut qu’elle soit immédiatement retransmise aux éleveurs, mais encore faut-il que l’on soit capable de la répercuter chez les clients, on est dans une situation économique trop fragile…» Une fragilité que revendique prioritairement les éleveurs présents, à l’image de Gérard Berthaut, de la FDSEA de Côte d’Or : «si on reste sur les prix pratiqués jusque là, les éleveurs vont disparaître. Aujourd’hui, il nous faut de la viande payée entre 4,20 et 4,50 €. Je sais que ça va être dur pour l’équilibre des boutiques, mais il en va de la survie des éleveurs…»

Des hausses hétérogènes selon les catégories de viande
Rappelant que, «même si on entend dire partout qu’on est les plus mauvais en matière d’exportation», la Sicavyl enregistrait 40 % de son activité à l’export, Philippe Tournan a communiqué l’évolution des prix appliquée ces dernières semaines par la coopérative. En catégorie Jeune Bovin «U» de 380/440 kg, la hausse depuis la semaine 27 a été de 4 cts, pour un prix à 3,90 € en semaine 30. En vache charolaise (Vache «R» de plus de 360 kg et de moins de 10 ans), les prix sont passés de 3,94 € en semaine 25 à 4,10 €. Une augmentation en phase avec l’évolution des prix constatée en région Centre Est. Hausse plus modérée, pour ce qui est des vaches laitières, avec une grille passée de 3,10 € en semaine 25 à 3,16 € en semaine 30. Quant à la répercussion en aval, elle a été «plus ou moins réactive», souligne le directeur de l’abattoir, «avec un bon point pour Mc Key (ndlr : centrale d’achat de Mc Donald’s), qui ont bien fait leur boulot, acceptant d’emblée, une hausse de 40 à 50 cts». Quant à la Grande Distribution : «ils nous acceptent des hausses sur le papier, mais ne nous commandent pas forcément après, les produits que lesquels s’applique la hausse…»

«Nous reviendrons…»
«Il fallait 20 cts de plus aujourd’hui par rapport à la semaine 25, comment rattraper le retard ?», s’interroge le président de la FRSEA et de la FDSEA de l’Yonne, Francis Letellier. En catégorie Jeunes Bovins, le pari semble impossible rétorque Philippe Tournan : «je vous le dis clairement, je ne pourrai pas ! Ou alors, j’arrête de tuer des JB…» S’engage alors un débat sur la pérennité du métier d’engraisseur et cette question : «qui arrêtera le premier ?» Le président Letellier s’insurge : «les éleveurs ne peuvent continuer d’engraisser des JB à perte ! On leur dit quoi si demain on ne peut plus les valoriser ? Si ce n’est pas possible, il faut annoncer clairement les choses et arrêter l’engraissement dans ce département et faire des broutards ! Mais dans ce cas, on tue la Sicavyl ! Je ne prendrai pas le risque de mettre la cabane sur le chien… » Pour le président Pinet des Ecots, «Notre métier est un métier de fou car on ne tient rien, ni à l’achat, ni à la vente ! Avec un produit non stockable, contrairement au blé».

A l’issue de la rencontre, les éleveurs sont repartis avec le sentiment du «verre à moitié vide, à moitié plein», même si, reconnaît le président de la FDSEA d l’Yonne, «vous avez fait une partie du chemin» Reste aujourd’hui une autre partie à faire, avec au bout du chemin, des éleveurs qui ont déjà prévenu : «nous reviendrons».