Accès au contenu
Filière porcine

Un bon millésime 2017 pour la coopérative Cirhyo

Marquée par des cours à la hausse et des coûts de production en baisse, l’année 2017 restera un bon millésime pour la coopérative Cirhyo, en dépit d’une consommation de la viande de porc toujours en berne.
Par Dominique Bernerd
Un bon millésime 2017 pour la coopérative Cirhyo
Une bonne année 2017 pour la coopérative Cirhyo
Regroupant 582 adhérents répartis sur 38 départements, dont 29 dans l’Yonne, la coopérative Cirhyo s’est forgée au fil des années un rôle de leader régional au sein de la filière porcine. Si au plan national, l’exercice 2017 a été marqué une fois encore par une diminution des achats des ménages, le porc frais perdant près de 5 % et la charcuterie, 1,5 %, il s’est traduit dans le même temps pour la coopérative, par des cours hauts et des coûts de production en baisse, meilleurs de 4 à 5 cts à la moyenne nationale. Une baisse due à des coûts alimentaires en diminution et à des résultats techniques en progression. La prolificité a toutefois ralenti sa croissance, avec + 0,2 porcelet sevré par truie et par an, conséquence de différents facteurs : fortes chaleurs dès le mois de juin faisant baisser la fertilité de 1 %, présence de mycotoxines, des céréales médiocres au PS très faible, un défaut difficile à corriger par la formulation. Certains éleveurs aux résultats techniques exceptionnels, réussissant néanmoins à produire plus de 35 porcelets par truie et par an. Autant de performances techniques permettant à Cirhyo de maintenir en 2017 son volume de production, dans un environnement national en diminution de - 1,86 % (zone Uniporc). Tous secteurs confondus, la coopérative a commercialisé l’an passé 1 278 600 porcs charcutiers. Un chiffre en hausse de + 0,62 % par rapport à l’exercice précédent. À noter : la belle performance du secteur Appoigny, regroupant notamment les départements de l’Yonne et du Loiret, qui affiche une progression de + 2,66 % de sa production.

Un aval fort avec Tradival
Cirhyo est également actionnaire de la société Tradival, qui regroupe notamment les abattoirs de Lapalisse dans l’Allier et de Fleury-les-Aubrais, dans le Loiret. Un outil d’aval important, qui aura connu, à l’instar de l’élevage, une année favorable en 2017, se clôturant par un exercice bénéficiaire, avec 1 191 250 porcs abattus (dont 82 % produits par Cirhyo) et un chiffre d’affaires de 314 millions € (dont 12 % à l’export). Ce partenariat étroit entre les deux sociétés, leur permet de coller pleinement au marché, avec notamment la confirmation en 2017, d’une forte demande en porcs bio, incitant Cirhyo à poursuivre son programme de développement spécifique qui, à l’horizon 2019, devrait voir une augmentation de 20 à 30 % des porcs produits. Poursuite également de la politique de régionalisation entamée par Carrefour au travers de la marque «Porc du Massif Central et Contreforts», rejointe cette année par la marque «Porcs de Champagne Ardennes». Développement continu par ailleurs, du Label rouge «Porc Délice», avec le lancement le 1er mars dernier, dans le cadre du SIA, d’un partenariat avec le groupe Lidl, sur 150 magasins.
Le bien-être animal est devenu en 2017 un thème central des interrogations sur l’élevage de porcs. Un sujet majeur abordé lors des différentes assemblées de section de la coopérative, pour qui, il est important que l’élevage reprenne la parole et explique de façon simple et efficace pourquoi et comment les modes de production ont évolué : «il n’est jamais dit par exemple, qu’au prix d’investissements très importants, les truies sont élevées en liberté aujourd’hui, sauf au moment de la mise bas pour protéger le porcelet. Jamais dit que le caillebotis est un compromis technique idéal pour apporter chaleur, propreté et confort aux animaux et économiser de l’aliment. Jamais dit non plus, que des élevages de taille suffisante apportent les meilleures conditions de travail aux salariés et donc les meilleurs soins aux animaux… Toutes ces vérités et beaucoup d’autres, doivent être expliquées, sinon nous nous ferons imposer des modèles rétrogrades qui conduiront à la délocalisation de la production. Une de plus !»

«La dynamique est lancée…»

• Le bio a le vent en poupe dans pas mal de productions, est-ce le cas aussi en ce qui concerne la filière porcine ?
Paul Poncelet : «Nous sommes l’un des premiers acteurs en production porcine bio et en faisons depuis les années 2000. En termes de débouchés, on sait que la demande est importante et va croissante, mais il faut faire attention que la bulle ne retombe pas et nous essayons à notre niveau, de mettre en place une certaine logique de régulation. Depuis deux ans, on constate un manque d’offres et il faut que l’on aille vite pour répondre à la demande, au risque que la production ne soit pas française… D’un point de vue technique, un éleveur bio doit avant tout être un éleveur performant, le bio n’est pas une porte de sortie en soi et cela reste de la haute technicité…»

• Aux yeux des consommateurs, bio rime le plus souvent avec élevage plein air
«Nous sommes dans la logique aujourd’hui, de faire du bio en bâtiment, sur paille bien sûr et évitons les élevages en plein air. Plusieurs raisons à cela : à commencer par les risques de maladies apportés par des animaux extérieurs, mais aussi en tenant compte du facteur pénibilité du travail. Problème de rentabilité également, avec des risques de surconsommation d’aliments en plein air, compensant le fait d’investissements moindres qu’en élevage conventionnel…»

• Est-il facile aujourd’hui de convaincre des jeunes à se lancer dans l’élevage porcin ?
«Nous n’en sommes qu’aux prémices d’une évolution, mais on commence à avoir des prospects, avec des projets sérieux, en passe d’aboutir, mais il est vrai que c’est très récent. Néanmoins, on peut dire que la dynamique est lancée, notamment en bio. En conventionnel, même si nos chiffres prouvent une certaine croissance, elle se fait essentiellement sur des agrandissements d’exploitations existantes ou des spécialisations. Il y a peu de créations, alors que l’on a un grand besoin en matière de renouvellement d’éleveurs, c’est clair… Il faut toutefois se montrer optimiste, car dans le même temps, ces dernières années, pas mal de jeunes sont revenus s’installer sur l’exploitation familiale, avec à la clé, des agrandissements pour permettre leur installation, ou en prenant des parts d’associés partant en retraite…»

• De quels arguments disposez-vous ?
«Même si on parle souvent de filière en crise quand on évoque le porc, on doit juger par rapport aux résultats économiques des autres filières et nous disposons pour cela, d’un atout majeur qui est un coût de production plus bas que dans des régions à forte densité porcine, que ce soit dans l’Ouest ou dans les pays nordiques. Nous avons en termes d’alimentation, les matières premières à 90 %, nous avons l’épandage derrière, nous avons tout pour faire… Je pense très sincèrement, que l’avenir de nos productions passe par des systèmes plus collectifs, au moins au niveau du naissage, la partie la plus technique du métier, avec par exemple, des maternités collectives, pour au final, apporter plus de confort à l’exploitant…»