Un beau temps pour semer
Frédéric Bruey, exploitant agricole à Bellenod-sur-Seine, semait il y a quelques jours son orge de printemps, une culture en forte hausse dans son assolement.

Un bien joli soleil pour sortir le semoir : la semaine dernière a été propice pour travailler dans les champs. Parmi les nombreux tracteurs en action dans la région, celui de Frédéric Bruey, en Gaec avec son frère Emmanuel à Bellenod-sus-Seine, entre Saint-Marc et Aignay-le-Duc. Le Côte-d'Orien avait 60 ha d'orge de printemps à semer, une surface revue à la hausse pour deux raisons : « D'un côté, pour le désherbage, avec l'idée de contrecarrer le vulpin. De l'autre, afin de respecter le cahier des charges de la MAEC zones intermédiaires dans laquelle nous nous sommes engagés l'an passé ». Cette mesure agro-environnementale et climatique, pour rappel, est l'une des grandes victoires de la profession, cette dernière s'est battue durant de longues années pour l'obtenir.
Peu de modifications
« Cette MAEC n'est pas inintéressante financièrement puisque nous touchons 69 euros/ha, avec un plafond de 12 000 euros par exploitation », présente Frédéric Bruey, « dans nos pratiques, nous n'avons pas eu beaucoup de changements à effectuer. Deux points sont globalement à retenir : nous devons consacrer 1 % de notre surface à des jachères mellifères, nous avons prévu d'implanter un mélange comprenant de la luzerne, du sainfoin, de la facélie, du lotier, du trèfle violet et du trèfle d'Alexandrie. Sur les cinq années de notre engagement, une même parcelle doit obligatoirement recevoir une culture d'hiver, une culture de printemps et une autre à bas niveau d'intrants : c'est la raison pour laquelle nous semons davantage d'orge et aussi un peu plus de tournesol ».
Ça s'enchaîne
L'agriculteur, rencontré le 6 mars, prévoyait de semer ses lentilles cette semaine si les conditions météo le permettaient. « Pour ce faire, il nous faut des parcelles où le risque de développement des chardons est minime, car cette mauvaise herbe se plaît énormément dans la lentille… Il y a un an, nous avons tiré une croix dessus tellement le risque était important, nous retentons le coup car cette campagne semble un peu plus propice ». La lentille, tout comme l'orge de printemps, représente une « certaine prise de risques » sur les plateaux du Châtillonnais avec les potentiels coups de sec de mai et juin : « l'an passé, en orge, c'est plutôt un excès d'eau qui nous a pénalisés, un tas d'aléas peuvent effectivement intervenir… En lentilles, ici, nous faisons généralement entre 0 et 20 q/ha. Oui, c'est très aléatoire ! Les prix sont toutefois motivants. Si ma mémoire est bonne, les cours oscillaient entre 850 et 900 euros la tonne en 2024 ». Les semis de tournesol prendront le relais début avril, quand les sols seront un peu plus réchauffés. Le maïs, destiné à l’ensilage pour les vaches Brunes et Prim'Holstein de l’exploitation, sera ensuite implanté, vers fin avril ou début mai.
Pour l'instant, ça va
Les cultures en sortie d'hiver sont plutôt correctes, observe Frédéric Bruey : « il y a eu quelques pépins mais ces derniers ont été réglés ou vont l'être prochainement. À l'automne, il y a eu beaucoup de limaces dans l'orge et le blé, nous avons réussi à les maîtriser, cela faisait très longtemps que nous n'avions pas utilisé le produit contre ces attaques. Et aussi : une partie de l'orge d'hiver a été trop longtemps dans l'eau, nous allons devoir retourner environ trois hectares. Hormis cela, tout va plutôt bien ». Les internautes qui ont regardé la courte vidéo publiée sur la page Facebook de Terres de Bourgogne l'auront remarqué : un passage de glyphosate s'est préalablement imposé avant de semer. Oui, le Gaec Bruey est passé en semis direct depuis plusieurs années sur une partie de ses terres les plus superficielles : « cette technique porte ses fruits et nous continuons. Les charges de mécanisation sont en diminution. Pour la parcelle en pente dans laquelle nous sommes aujourd'hui, cela permet de limiter l'érosion et d'éviter de ressortir des cailloux, tout comme et le broyeur lié à ces derniers. Les rendements en semis direct ont été, certaines années, au même niveau qu'avec un labour, il peut toutefois y avoir une petite différence, il faut le prendre en compte. Le glyphosate a aussi un coût, comme le produit anti-limaces que nous avons exceptionnellement utilisé ».