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Filière laitière

Un avenir pas si laid que ça

La FDSEA organisait une réunion à destination des éleveurs laitiers
le 15 février.
Par Aurélien Genest
Un avenir pas si laid que ça
Daniel Perrin appelle à la mobilisation générale. «Il n’y a aucune raison pour que l’année 2017 ne soit pas bonne pour les producteurs laitiers» a t-il déclaré.
Tout est fini, il n’y a plus d’espoir ? Et bien non, c’est tout l’inverse d’après Daniel Perrin. Le message du membre du bureau de la FNPL était clair mercredi 15 février à la salle polyvalente de Blaisy-Bas où se tenait une réunion d’informations sur la filière laitière proposée par la FDSEA. «Il y a de l’avenir dans le lait et dans notre métier» a assuré le producteur exerçant en Meurthe-et-Moselle, à la seule et unique condition de «se battre pour aller chercher un revenu correct». Pour Daniel Perrin, exposé à l’appui, tous les voyants sont au vert pour que les éleveurs laitiers puissent être rémunérés dignement cette année. Pour ce faire, le syndicalisme est en action et met une pression constante sur l’aval. «Le beurre et la poudre flambent, on se fout clairement de notre gueule mais ça ne va pas durer» poursuit le représentant de la FNPL, fustigeant violemment les diverses réductions proposées par la grande distribution dans un contexte de baisse des volumes. «Nous allons mettre la pression aux organismes professionnels et aux conseils d’administration des coopératives laitières s’il le faut» enchaîne t-il, «l’ensemble de la filière doit avancer ensemble. Nous savons bien que s’il y a une brebis galeuse dans la filière, tous les autres s’abriteront derrière».
La petite vingtaine d’éleveurs présents semblait satisfaire Daniel Perrin : «je trouve que c’est une bonne participation compte-tenu de la situation. En effet, je tourne dans plusieurs départements et force est de constater que les éleveurs sont davantage résignés et restent chez eux. On le voit bien, quand nous faisions des actions syndicales il y a dix-huit mois, les paysans étaient beaucoup plus nombreux». Un message a d’ailleurs été adressé en direction des éleveurs dans leur cour de ferme: «il ne faut surtout pas rester seul. Les éleveurs doivent avoir conscience de la force du syndicalisme, qui est là pour les aider. Mais le syndicalisme ne peut être efficace que s’il possède des hommes de terrain. Sans un terrain qui se bat, il ne peut pas y avoir d’efficacité nationale et inversement. Je trouve qu’il y a une vraie complémentarité entre producteurs de lait. De la conviction et de l’envie : nous ne cèderons sur rien».

Témoignages

Didier Magnière, éleveur à Chazeuil, présent à Blaisy-Bas : «Heureusement que nous avons le syndicalisme pour nous défendre. La FNPL joue un rôle très important, avec des personnes passionnées qui tentent de résoudre au quotidien des problèmes dont nous n’avons même pas connaissance. Je regrette qu’il n’y ait pas eu davantage de monde à cette réunion. Les pistes pour s’en sortir selon moi ? Tenter de privilégier des filières plus courtes, même si ce n’est pas toujours facile et possible. Nos coopératives nous disent bien ce qu’elles veulent. On nous prend des parts sociales mais on ne veut pas nous payer le lait... Les difficultés s’accumulent dans nos exploitations depuis plusieurs années. Il est temps que les courbes s’inversent. On nous dit que le lait va être mieux payé cet été : j’attends de voir».

Samuel Bulot, secrétaire général de la FDSEA : «Nous sommes dans une zone de déprise laitière avec la crise que nous connaissons. Cette journée avait vocation de dresser un état des lieux, voir dans quelle direction nous allons. Des invitations avaient été lancées à nos partenaires, certains ont répondu. C’est une spirale, un cercle vicieux : si les producteurs se démotivent en perdant de l’argent au lieu d’en gagner, il y aura des cessations. On ne peut plus se le permettre, le maintien d’un minimum de tissu laitier est nécessaire, sinon notre zone ne sera plus attractive».

Nathalie Mairet : «Les producteurs ont pu s’exprimer, il était intéressant d’avoir leur ressenti dans cette période si difficile. Les partenaires, du moins ceux qui sont venus, avaient un bon esprit de discussion et nous avons eu de bons échanges. Chacun a pu se rendre compte de la situation dans laquelle se trouvent les producteurs. Il faut que le prix du lait remonte, et à un niveau digne de ce nom. Tous les indicateurs sont au vert avec un prix du beurre qui n’a jamais été aussi élevé. Les fromages remontent à un bon niveau eux-aussi, tout comme les produits industriels tels que les poudres. Il n’y a aucune raison pour que nous n’assistions pas à une remontée significative du prix du lait dans les mois qui viennent, même si certains industriels tentent de freiner au maximum au niveau de la production. A nous, syndicalistes, de nous battre pour que cette embellie soit la plus forte possible».