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Grêle

Un an de dispositif anti-grêle

Quarante-deux générateurs à vortex protègent les vignes icaunaises des grêlons, responsables de beaucoup de dégâts depuis quelques années : bilan d’un an d’utilisation avec Guilhem Goisot, référent départemental de l’Arelfa.
Par Orianne Mouton
Un an de dispositif anti-grêle
Si les vignes sont épargnées par la grêle, la récolte 2018 devrait être exceptionnelle.
Ces dernières années, le vignoble icaunais a été bien mis à mal par les violents orages accompagnés d’averses de grêles, provoquant d’importants dégâts dans les vignes. Il y a un peu plus d’un an, les producteurs viticoles se sont engagés dans la prévention des dégâts en installant des générateurs à vortex avec l’Association nationale d’étude et de lutte contre les fléaux atmosphériques (Anelfa). À Saint-Bris le Vineux, Guilhem Goisot, viticulteur en biodynamie, a perdu 90 % de sa récolte à cause de la grêle en 2016. Il est le référent départemental de l’Arelfa, antenne régionale de l’Anelfa, qui a installé les quarante-deux générateurs dans la zone, se présentant sous la forme de deux bouteilles de gaz et d’une cheminée. Quand le risque de grêle est estimé supérieur à 40 % par Keraunos, l’observatoire français des tornades et orages, l’Anelfa déclenche le dispositif et prévient les bénévoles responsables d’un générateur de la nécessité de mise en route et d’extinction du système. L’un des deux à trois bénévoles par poste met en route le système : les générateurs propulsent de l’iodure d’argent à plusieurs kilomètres d’altitude. Pour obtenir une concentration optimale à l’arrivée de l’orage, il faut que les générateurs soient activés trois à quatre heures avant l’arrivée de la dépression. Les particules se concentrent sous forme de nuage au-dessus de la « zone à défendre », l’orage les emmène ensuite à 12 km d’altitude. Dans les nuages orageux, les particules empêchent la glace de s’agglomérer, ce qui diminue la taille des grêlons, ou les transforme en pluie.

D’une efficacité « raisonnable »
En 2017, l’année de sa mise en place, le système s’est avéré plutôt efficace. En 2018, une douzaine d’activations ont déjà été enregistrées, concentrés pendant la période orageuse très intense de mai et juin. Certaines communes ont connu des dégâts, comme Maligny en juin. Guilhem Goisot explique : « Les orages cette année sont bien plus difficiles à gérer. Ils sont très localisés et imprévisibles. Celui de Maligny s’est formé d’un côté du village et est mort à la sortie ! Il n’était pas prévu donc on n’a rien pu faire. » Le ciel s’est tût pendant la sécheresse de l’été, mais l’activité des générateurs a repris avec les alertes orange de ces derniers jours, ils ont été déclenchés le 7 août après-midi. Au bout de plus d’un an d’utilisation, le système s’avère d’une efficacité assez raisonnable au vu de son coût, une cotisation de 8 €/ha réglée par les viticulteurs. « Ça n’empêche pas de ne pas pouvoir dormir quand il y a un orage, ni de se protéger avec des systèmes d’assurance… Comme on a pu le voir cette année, on ne peut rien faire contre les orages imprévus… ». Autre avantage des générateurs : ils veillent sur tout le territoire « On ne protège pas uniquement les 7 000 à 8 000 ha de vignes de l’Yonne, on protège aussi les habitations et les cultures… » Aujourd’hui, d’autres systèmes comme le filet anti-grêle arrivent dans les vignobles locaux. Après une expérimentation à Courgis, l’Inao a d’ailleurs permis l’utilisation des filets dans les AOC, tout en laissant à chaque appellation le choix d’autoriser ou non les systèmes. Le jeune vigneron de Saint-Bris le Vineux est dubitatif : « C’est 100 % efficace, mais en plus du problème visuel, les filets ont un vieillissement prématuré avec les vrilles des vignes qui s’enroulent dedans. Ils durent bien moins que les 15 à 20 ans prévus… Avec un investissement conséquent ! J’ai aussi des doutes sur l’efficacité des traitements phytosanitaires réalisés avec les filets faisant office d’écran. Pour moi, il y a beaucoup de défauts cumulés. »