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Reprise de l’exploitation familiale

Tu seras agriculteur mon fils (ou pas)

Un couple d’éleveurs n’entend pas de la même oreille la volonté de leur fils de s’installer en agriculture.
Par Aurélien Genest
Tu seras agriculteur mon fils (ou pas)
Gabriel et Martine Verne, dans le canton de Saint-Jean-de-Losne, ont des points de vue divergents sur le devenir professionnel de Pierrick.
C’est une question qui se pose dans de nombreuses exploitations : les enfants doivent-ils prendre le même chemin que leurs parents ? A Symphorien-sur-Saône, un an et demi après l’annonce de Pierrick de vouloir s’installer sur l’exploitation familiale, c’est toujours «chaud» entre Gabriel et Martine Verne. «Personnellement, je suis très content que Pierrick souhaite s’installer et reprendre un bien que nous avons construit au fil des années» lance le père de famille aujourd’hui retraité, «je préfère lui laisser l’exploitation plutôt que la vendre pour un agrandissement. Je pense que le projet est viable, mais ma femme ne pense pas la même chose». Pour Martine, prochainement à la retraite, la ferme est «bien trop petite» avec ses 80 hectares: «Il en faut 150 aujourd’hui pour bien vivre... Alors certes, Pierrick souhaite développer l’atelier laitier mais avec les astreintes, ce sera compliqué pour lui d’avoir une vie familiale. Pour ces deux raisons, je lui conseille vivement de faire autre chose». Pierrick Verne souhaiterait passer de 25 à 60 laitières, au détriment des 40 vaches allaitantes déjà sur l’exploitation. «La mise en place d’un robot pourrait être une solution à ces problèmes, mais il reste le financement» relève Gabriel Verne, «notre métier manque cruellement de visibilité : d’un mois sur l’autre, on ne sait pas combien on vendra le produit». Le retraité ne nie pas les difficultés et annonce une prochaine baisse du prix du lait qui pourrait atteindre 70€/1000 litres dès le début d’année : «un tel montant est énorme, c’est vrai, alors qu’il nous faudrait un prix constant autour de 400€/1000 litres pour voir l’avenir sereinement. Il y a aussi une interrogation sur l’arrêt des quotas : on ne sait pas du tout ce que ça donnera». Pierrick Verne, actuellement en classe de BTS Acse, est conscient de cette problématique mais souhaite «se lancer malgré tout» dixit son père : «il nous a fait part de sa volonté de devenir agriculteur assez tard, mais je pense qu’il a cette idée dans la tête depuis bien longtemps et il a bien raison. Il a fait une année à l’Université de Bourgogne mais il ne se voit pas travailler derrière un bureau toute sa vie. Qu’il fasse ce qu’il a envie de faire. Je pense qu’il arrivera à ses fins : nous sommes deux contre une aujourd’hui !»