Récoltes
Tributaires de la météo
Les métiers agricoles dépendent, depuis toujours, des conditions météorologiques. Ce constat prend encore plus d’ampleur avec le changement climatique.

Le printemps a été plus qu’humide, l’été plus que sec. «Nous ne connaissons que des extrêmes depuis plusieurs années, 2018 en est encore un bel exemple», déplore Alban Maillotte, agriculteur résidant Marliens et exploitant à Longecourt-en-Plaine. Rencontré le 10 septembre dans son soja, le producteur de 50 ans reconnaissait payer de plein fouet l’évolution de la météo. «Les récoltes de fin juin début juillet étaient déjà très moyennes, avec une qualité plus que limite et des rendements inférieurs à ceux de l’an passé. Il manque 10 q/ha en blé et en pois d’hiver, certaines parcelles d’orges de printemps n’ont donné que 50 q/ha. La moyenne en moutarde n’est que de 16,5 q/ha. L’excès d’eau du printemps est, bien sûr, la raison principale de ces résultats», commente l’exploitant. La dernière culture à récolter cette année, le soja, l’a été la semaine dernière, avec des déceptions à mettre à l’actif, cette fois, du manque d’eau. Le rendement de l’EARL La grand fin ne dépassait pas les 15 q/ha en terres sableuses, contre un résultat nettement meilleur dans les bonnes terres, de l’ordre de 45 q/ha. «Je vais finir à moins de 30 q/ha, je serai loin des 38 q/ha de moyenne de l’an passé, ou encore des 40 q /ha de 2016. J’ai la chance de pouvoir irriguer, deux tours d’eau de 40 mm ont été nécessaires cette année. Sans eau, les terres sableuses n’auraient même pas donné 10 q/ha. Ailleurs, les volumes auraient été deux fois moins importants», relève l’adhérent du syndicat des irrigants.
Inquiétudes pour les semis
La sécheresse perdurait encore il y a quelques jours, avec des effets néfastes sur la levée du colza. «Cela devient très inquiétant», poursuit Alban Maillotte, «les graines sont intactes dans les terres les plus argileuses. Dans les limons battants, la levée s’est réalisée mais les plantules ne poussent quasiment pas avec le manque d’eau. La situation est préoccupante car les altises sévissent, ces insectes viennent piquer les plantules et les affaiblissent. Les traitements sont donc indispensables, c’est une vigilance de tout instant». Les prochains travaux dans les champs s’intéresseront aux semis de moutarde, programmés entre le 20 et le 25 septembre : la levée pourrait être timide si le temps n’évolue pas, avec le même risque de piqûres d’altises. «Nous avons beau travailler à l’identique d’une année sur l’autre, la météo reste le seul facteur qui établit le rendement», assure Alban Maillotte, «notre métier est particulier : nous ne connaissons pas le rendement de nos futures moissons, ni même les prix de vente. En revanche, nous connaissons les charges, à un moment ça ne passe plus… Cette année, pour ne rien arranger, j’ai vendu 75% de mon blé en juillet. Si je l’avais fait un mois plus tard, je l’aurais presque vendu 30 euros/t plus cher. Pour un volume d’environ 700 tonnes, cela représente un billet d’environ 20 000 euros. Oui, ça fait mal. Cette complexité du métier, couplé au durcissement écologique de la part de personnes qui n’y connaissent rien, rend notre profession de plus en plus difficile. Devant les atouts de l’irrigation, il est aussi regrettable que nous ayons tant de restrictions, surtout quand des ronds-points ou autres terrains de foot continuent d’être arrosés».
Cap sur un circuit court
À la recherche d’une plus-value pour son atelier céréalier, Alban Maillotte s’est rapproché de la brasserie des Trois Fontaines à Bretenière qui recherchait la variété Scarlett en orge de printemps. L’exploitant agricole a livré sa première récolte cette année. «J’en ai semé sur 16 ha, cette variété disparue en France et retrouvée en Hongrie par la SAS Bresson, donne un goût particulier recherché par le brasseur. La bière, la Mandubienne, sera disponible cet hiver».
Inquiétudes pour les semis
La sécheresse perdurait encore il y a quelques jours, avec des effets néfastes sur la levée du colza. «Cela devient très inquiétant», poursuit Alban Maillotte, «les graines sont intactes dans les terres les plus argileuses. Dans les limons battants, la levée s’est réalisée mais les plantules ne poussent quasiment pas avec le manque d’eau. La situation est préoccupante car les altises sévissent, ces insectes viennent piquer les plantules et les affaiblissent. Les traitements sont donc indispensables, c’est une vigilance de tout instant». Les prochains travaux dans les champs s’intéresseront aux semis de moutarde, programmés entre le 20 et le 25 septembre : la levée pourrait être timide si le temps n’évolue pas, avec le même risque de piqûres d’altises. «Nous avons beau travailler à l’identique d’une année sur l’autre, la météo reste le seul facteur qui établit le rendement», assure Alban Maillotte, «notre métier est particulier : nous ne connaissons pas le rendement de nos futures moissons, ni même les prix de vente. En revanche, nous connaissons les charges, à un moment ça ne passe plus… Cette année, pour ne rien arranger, j’ai vendu 75% de mon blé en juillet. Si je l’avais fait un mois plus tard, je l’aurais presque vendu 30 euros/t plus cher. Pour un volume d’environ 700 tonnes, cela représente un billet d’environ 20 000 euros. Oui, ça fait mal. Cette complexité du métier, couplé au durcissement écologique de la part de personnes qui n’y connaissent rien, rend notre profession de plus en plus difficile. Devant les atouts de l’irrigation, il est aussi regrettable que nous ayons tant de restrictions, surtout quand des ronds-points ou autres terrains de foot continuent d’être arrosés».
Cap sur un circuit court
À la recherche d’une plus-value pour son atelier céréalier, Alban Maillotte s’est rapproché de la brasserie des Trois Fontaines à Bretenière qui recherchait la variété Scarlett en orge de printemps. L’exploitant agricole a livré sa première récolte cette année. «J’en ai semé sur 16 ha, cette variété disparue en France et retrouvée en Hongrie par la SAS Bresson, donne un goût particulier recherché par le brasseur. La bière, la Mandubienne, sera disponible cet hiver».
Le soja préféré au tournesol
Alban Maillotte cultivait des betteraves jusqu’à la fermeture de la sucrerie d’Aiserey il y a dix ans. L’agriculteur s’est ensuite diversifié avec la moutarde et du tournesol : «Je continue la moutarde mais j’ai arrêté le tournesol, et préféré le soja. J’avais beaucoup de problèmes lors de la levée, avec des dégâts considérables imputables aux oiseaux. Cette problématique n’a fait qu’empirer avec la raréfaction de cette culture dans le secteur, les oiseaux venaient ensuite manger les graines sur les têtes de tournesols… Pour le soja, j’ai aujourd’hui un contrat à 330 euros/t avec la SAS Bresson, la production se destine pour ma part à l’alimentation animale. Cette culture est intéressante économiquement à condition d’utiliser de la semence de ferme, celle-ci me revient à 45 euros/ha, contre 180 euros/ha si je devais me procurer de la certifiée. Les charges opérationnelles avec le désherbage et les engrais se chiffrent aux environs de 230 euros/ha. L’irrigation, très bénéfique, n’est pas gratuite pour autant : il faut lui consacrer beaucoup de temps et l’utilisation d’un moteur thermique me revient à environ 350 euros par tour d’eau, sur 10 hectares. Sur le plan technique, la culture se sème fin avril début mai, un désherbage est effectué après le semis. Dans mon cas, je n’incorpore que du phosphore, je fais l’impasse sur la potasse. Cette année, les grains semblaient être mûrs début septembre mais ils étaient finalement encore trop verts à l’intérieur. J’ai dû reporter la moisson de quelques jours. Ensuite, il fallait faire un choix : en attendant trop longtemps, le risque était d’avoir des pertes par égrainage».