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Assises nationales de la biodiversité

Travaux pratiques chez Yann Briotet

Dans le cadre des Assises nationales de la biodiversité qui se sont tenues à Dijon du 10 au 12 juin, la filière CRC (Culture raisonnée contrôlée) a organisé une visite d’exploitation chez Yann Briotet, à Varanges et au silo des Ets Bresson à Cessey-sur-tille.
Par Anne-Marie Klein
Travaux pratiques chez Yann Briotet
De larges bandes tampons utilisées en prairie pour préserver le cours d’eau, des blés traités en dernier recours seulement... tous les participants à la visite d’exploitation chez Yann Briotet on pu apprécier de visu la préservation de la biodiversité en
Les petits oiseaux chantent, les vaches paissent à proximité des maisons, une large bande enherbée longe la rivière et à l’arrière plan, les blés CRC ondulent doucement sous une légère brise plus estivale que printanière. Nous sommes chez Yann Briotet, agriculteur engagé dans la démarche CRC (Culture raisonnée contrôlée) qui accueille un groupe de journalistes plus habitués à l’asphalte qu’à une cour de ferme, dans le cadre d’une visite en forme de travaux pratiques, en marge des Assises nationales de la biodiversité qui se tiennent à Dijon.

Un état d’esprit d’abord
Ici la biodiversité s’exprime au quotidien et sans chichi, comme Yann Briotet «la biodiversité sur une exploitation c’est le pain quotidien, ce n’est pas de la com, on la vit de l’intérieur». Réfléchir à la préservation de la biodiversité c’est aussi rester attentif à son environnement humain, éviter de trop peser sur le milieu. Yann Briotet a commencé la production de blé CRC à la demande des établissements Bresson et s’est engagé dans la démarche en 2000. Membre actif d’un groupe de développement agricole, sa sensibilité personnelle et ses pratiques déjà attentives à la préservation de l’environnement et des sols se sont trouvées dans la droite ligne du référentiel CRC : «l’état d’esprit était le même».
La préservation de la biodiversité ça ne se pratique pas à la petite semaine, c’est une réflexion qui s’applique à l’ensemble du système d’exploitation. Chez Yann Briotet cela commence par la diversité des cultures : colza, moutarde IGP, orge d’hiver, blé CRC, orge de printemps, soja, poireaux (transformés en extrait pour l’industrie agroalimentaire), myscanthus (paillage) et potirons. Cette dernière production s’inscrit aussi dans un référentiel extrêmement strict, puisque les flocons qui sont produits dans une usine de transformation locale sont destinés à Nestlé, pour les petits pots et soupes des bébés. Pas de phytos, un seul désherbant, une récolte et un nettoyage manuels et un environnement favorable aux abeilles butineuses pour assurer la pollinisation.
«La biodiversité c’est une préoccupation constante dans notre boutique et c’est visible sur la faune et la flore qui s’épanouissent au cœur de notre activité agricole» témoigne Yann Briotet qui exploite ses 200 ha avec l’aide d’un salarié embauché il y a douze ans.  Les espaces prairiaux, occupés par des génisses ou des chevaux, participent à la tranquillité du voisinage autant qu’à la préservation de la qualité de l’eau du cours d’eau. «Cela permet d’être au carré avec la réglementation et de vivre en harmonie avec mon environnement immédiat». Le protocole CRC s’inscrit dans «le cadre d’une agriculture durable et nourricière, il implique le partage de certaines valeurs avec les agriculteurs et les OS engagés dans la démarche», dont la volonté de préserver et de faire fructifier le capital sol pour produire qualitativement et quantitativement, confirment les représentants du GIE CRC.

Un stockage tout aussi «naturel»
Les «Blés de nos campagnes» produits sur cette exploitations vont rejoindre ceux des autres producteurs CRC dans le silo de Cessey-sur-Tille des Établissements Bresson. Là encore les conditions de stockage sont très réglementées, comme dans tous les silos des 22 organismes stockeurs de la filière. A Cessey-sur-Tille, le blé CRC représente 10% de la totalité du blé stocké, soit 12000 tonnes. Le blé CRC est conservé naturellement sans aucun traitement chimique.

Une obligation de moyens et de résultats

Le référentiel CRC interdit l’écobuage et impose une récolte de l’intérieur du champ vers l’extérieur pour préserver la faune locale. Il encourage aussi à créer des zones refuges de biodiversité pour la faune auxiliaire, de reproduction et de nidification des espèces d’oiseaux. Les agriculteurs CRC sont inscrits dans un programme de sauvegarde de la biodiversité régionale.
Les traitements et la fertilisation sont limités au strict besoin et seuls certains produits sont sélectionnés dans des conditions d’application très strictes. La protection de tous les points d’eau est organisée, les champs doivent être éloignés d’au moins 25 m des sources de pollution, des analyses sont réalisées régulièrement.