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Elvéa 21-89

Tout va si vite !

L'association d'éleveurs et d'acheteurs fait le constat d'évolutions très rapides sur les prix et sur la structuration des élevages. Économiquement, le contexte est bon mais il est aussi porteur d'inquiétudes sur la durée de l'embellie comme sur le maintien d'exploitations sur nos territoires.

Par Berty Robert
Tout va si vite !
Les adhérents d'Elvéa 21-89 étaient réunis le 18 septembre à Thil-la-Ville.

En révélant le bilan chiffré de l'année 2024, Élodie Héliot, animatrice de l'association Elvéa 21-89, a cru bon de prévenir l'assistance : les données présentées étaient déjà, pour beaucoup, dépassées. L'assemblée générale de l'association, organisée le 18 septembre à Thil-la-Ville, reflétait effectivement l'incroyable accélération du rythme des évolutions qui traversent actuellement l'élevage bovin. Évolution des prix (ce qui est une bonne nouvelle dans l'absolu mais inquiète tout de même dans sa rapidité et dans la capacité des consommateurs à suivre), évolution aussi du cheptel, qui, lui, est orienté à la baisse, de manière préoccupante, avec une baisse de 6 % entre 2020 et 2025 en Côte-d'Or et 14 % de veaux viande en moins sur 10 ans. « Les prix actuels ne sont qu'une juste mise à niveau après des années de galère » rappelait Christophe Léchenault, président d'Elvéa 21-89 « mais il y a toujours une inquiétude face à la baisse du nombre d'éleveurs et les menaces telles que la DNC font craindre que cette tendance s'accélère encore. Ce qui est rassurant pour l'heure, c'est que les prix et la consommation de viande ne faiblissent pas. Pour s'adapter, la grande distribution a sans doute réduit ses marges, mais on est en droit de se demander si, jusqu'à présent, elle ne profitait pas de nous… »

Menace sur les reprises d'exploitations

Deux craintes émergeaient aussi du discours du président : que la distribution soit tentée de s'approvisionner en viande d'importation en raison de l'accord du Mercosur, et que les niveaux de prix entraînent aussi de grandes difficultés dans les transmissions d'exploitation, avec des niveaux de capitaux de plus en plus difficiles à acquérir. Même moins représentatifs, les chiffres 2024 d'Elvéa 21-89 restaient riches d'enseignements. Catégorie par catégorie, la hausse des prix est vraiment marquée sur les broutards charolais depuis un an (de 1500 à 1650 euros/tête), ainsi que sur les laitonnes (1 225 à 1 360 euros/tête) ou sur les taurillons gras (de 5,20 euros à 5,40 euros/kg de carcasse). Les prix restent stables sur les génisses grasses (autour de 5,60 euros/kg de carcasse), les vaches grasses (5,35 euros) et les taureaux gras (qui restent à 4,40 euros depuis avril). « Globalement, soulignait Élodie Héliot, l'évolution des prix sur 2024 est importante et il faut aussi remarquer la réduction des écarts entre prix de vente et prix de revient, car l'évolution est assez marquante : sur les vaches, cet écart a baissé de 10 % entre le premier semestre 2022 et le deuxième semestre 2024 (de 25 à 15 %). Sur les génisses, il s'est contracté de 7 %, mais le plus spectaculaire, c'est sur les broutards : 23 % de réduction avec un écart prix de vente/prix de revient passé de 27 % à… 4 % ! » Effet pervers de cette évolution : les filières de qualité se trouvent fragilisées, du fait des exigences qu'elles réclament pour une différence de prix qui n'est plus aussi nette.

En chiffres

L'association fédère 160 éleveurs et 28 éleveurs clients. Ils représentent 45 000 animaux, soit 24 % du cheptel allaitant de Côte-d'Or. 7 élevages sont sur l'Yonne. En 2024, 11 700 animaux ont été commercialisés, dont plus de 4 400 broutards, 2 150 vaches grasses et 1 400 laitonnes.