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Chambre d’agriculture

Tour d’horizon et perspectives 2016

Comme à son habitude, le président de la Chambre a profité de ce début d’année, pour dresser un point de l’actualité agricole à l’attention de la presse départementale,
Par Dominique Bernerd
Tour d’horizon et perspectives 2016
Le président de la Chambre d’agriculture de l’Yonne, Etienne Henriot, entouré des vice-présidents, Nadine Darlot et Claude Boursier ainsi que d’Arnaud Delestre, membre du bureau
Dans ses propos introductifs, en écho aux attentats de janvier et novembre dernier, Etienne Henriot a livré quelques réflexions personnelles : «il y a un avant et un après et on vit les choses un peu différemment aujourd’hui. Sans céder au sentiment de peur, il nous faut aussi faire très attention à ne pas banaliser les choses, qu’il s’agisse de ceux qui meurent en Méditerranée ou de ceux qui périssent dans les attentats…»
L’année 2015 aura été riche en terme d’actualité agricole : que ce soit au travers du démarrage de la nouvelle réforme de la PAC, de l’application de la nouvelle directive nitrate ou, plus récemment, de la fusion des Chambres régionales d’agriculture de Bourgogne et Franche-Comté, conséquence de la naissance au 1er janvier 2016 de la grande région BFC. Revenant sur les difficultés apparues en 2015 suite à la réforme de la PAC, le président de la Chambre d’agriculture de l’Yonne émet un vœu : «que cela soit différent en 2016, même si on sait que certains dossiers ne sont toujours pas instruits, ce qui se traduit par des difficultés en terme de financement…». Crise de l’élevage, crise économique, crise sanitaire, marchés en berne pour les céréales... Autant de crises conjoncturelles qui semblent se transformer en crises structurelles selon Étienne Henriot : «ce qui nous oblige, nous Chambres d’agriculture, mais aussi les autres OPA, à aborder les choses un peu différemment. C’est à dire qu’il ne faut pas chercher des solutions uniquement au travers de la réforme de la Pac ou du fonds calamité, mais regarder comment on peut, à notre modeste échelle départementale, apporter des réponses pour ne pas se laisser enfermer dans ces difficultés quasi permanentes, en essayant justement, de s’appuyer sur ces difficultés, pour rebondir» Avec le risque en cas d’échec, «de ne pas séduire suffisamment de jeunes pour permettre la relève dans notre profession qui, j’en suis persuadé, a néanmoins encore de beaux jours devant elle…»
 
Une nouvelle région à construire
Autre événement majeur de cette fin d’année : la fusion des régions Bourgogne et Franche-Comté. Avec là aussi, le risque de voir le poids de l’Histoire propre à chacune, l’emporter sur l’idée d’un avenir commun : «il faut que l’on prenne conscience de ce nouveau périmètre qui, que l’on en soit d’accord ou pas, est aujourd’hui une réalité. Il nous faut l’intégrer et tout de suite faire attention à ne pas être dans un scénario où chacun chercherait à conserver ses prérogatives et un peu de son Histoire…» Avec la crainte affirmée, dans le cas contraire, «de voir des départements comme l’Yonne ou la Nièvre, s’éloigner de la région BFC et manifester des tropismes plus naturels en se rapprochant de la région Parisienne pour l’un et du Centre pour l’autre. On dit toujours, que ce soit sur le plan économique ou des populations, qu’il faut regarder dans quel sens vont les rivières et l’Yonne, elle se jette dans la Seine, c’est une réalité…» Pour preuve les 7000 Sénonais allant travailler quotidiennement à Paris. Mais la région BFC a des atouts, comme la présence de deux grands bassins de consommation, avec Paris au nord et Lyon au sud : «il faut que l’on intègre tout cela dans notre façon de procéder, même si ça ne se fera pas du jour au lendemain, sinon, on ne réussira pas la Région» Avec pour objectif, au niveau de la nouvelle Chambre régionale d’agriculture née au 1er janvier dernier, «d’en camper le décor dans les trois années à venir, de sorte que la nouvelle équipe issue des urnes ait simplement à en prendre les rênes».
Autre conséquence née de la loi d’Avenir de l’agriculture : un rayon de compétences renforcées pour la Chambre régionale, notamment en terme budgétaire et une mutualisation des personnes et des moyens : «il faut bien le reconnaître, aujourd’hui, chaque Chambre avait un peu son propre mode de fonctionnement, entre autres sur la gestion du personnel, même si on s’appuyait sur une réglementation commune à toutes. Il va falloir et cela va faire partie des grands chantiers à mettre en place, harmoniser les systèmes sociaux» Même si chaque département continuera à voir ses propres compétences affirmées : «la Chambre d’agriculture de l’Yonne par exemple, a des compétences reconnues en terme de machinisme, au niveau des appels d’offre, c’est plutôt la Saône et Loire. Il y a toute une carte à construire pour optimiser au mieux les compétences des uns et des autres».

Un chantier de 2 Millions €
Organisme public sous tutelle, la Chambre d’agriculture de l’Yonne était sous la menace l’an passé d’un prélèvement de 586 K€ au niveau de son fonds de roulement. Après avoir fait valoir les investissements majeurs engagés et avec l’aide, reconnaît le président Henriot, «du Préfet de l’Yonne, qui nous a ouvert les portes du Ministère et facilité des entretiens pour qu’on puisse se faire entendre», cette somme a été ramenée à 300 K€. Une bonne nouvelle en cette fin d’année, même s’il faudra veiller au grain, pour couvrir le montant de l’investissement nécessaire pour la réalisation du grand chantier de rénovation du bâtiment abritant les services de la Chambre d’agriculture. Un projet de plus de deux millions d’euros et qui nécessitera deux ans de travaux, engagé conjointement avec la MSA et Groupama, pour l’élaboration d’une véritable Cité de l’agriculture.
Créée en 2015, la cellule «Réagir 89» a été contactée à ce jour par trente quatre exploitants en difficulté venus d’horizons divers, avec une majorité en polyculture élevage. Le but de la cellule mise en place, était de travailler au maximum en amont, de sorte d’éviter des situations trop dégradées, mais, reconnaît Etienne Henriot, «force est de constater que les agriculteurs qui nous ont contacté, sont en forte difficulté et qu’il risquent d’être dans une situation les conduisant vers un redressement, voire une liquidation judiciaire…» Les raisons sont diverses : manque ou chute de rentabilité économique, endettement trop important au regard des rentrées, problème de santé… La conjoncture difficile ne faisant qu’accentuer plus rapidement les choses. D’où la nécessité d’impliquer l’ensemble de la sphère agricole, rappelle la vice-Présidente de la Chambre, Nadine Darlot : «je crois qu’il y a eu une prise de conscience de toutes les OPA du département, ce qui va permettre de remplir pleinement le rôle de la cellule Réagir 89. Aujourd’hui, tout le monde est prêt à anticiper et ne pas attendre que les choses deviennent catastrophiques…» Une démarche a été engagée conjointement auprès des représentants des association de maires du département, afin de les sensibiliser au problème et leur rappeler le rôle d’alerte qu’ils peuvent jouer en la matière.
Les autres perspectives 2016 sont nombreuses : finir d’instruire les dossiers qui ne le seraient pas encore, dans le cadre du 2ème pilier, mise en place d’une charte à l’échelle du département, pour rappeler les règles et la façon d’appréhender les choses en terme de BAC, définition d’une nouvelle carte des cours d’eau… L’année 2016 verra également la mise en pratique du programme Ecophyto 2 : «qui impactera le monde agricole dans son ensemble. Un sujet sur lequel on travaille beaucoup, car il faut que l’on regarde comment on peut répondre à tout ça techniquement, sans altérer au delà du raisonnable, l’économie des exploitations qui sont déjà sous pression…»

Sujet de satisfaction : le Drive fermier 89, avec en 2015, la création d’un second point de retrait à Champs-sur-Yonne, en partenariat avec le lycée et l’ouverture d’un troisième à Sens en mai prochain. De nouveaux producteurs devraient rejoindre prochainement les quinze exploitants déjà impliqués dans le dispositif.