Chambre agriculture 89
Tour d’horizon de l’agriculture icaunaise
Conjoncture des marchés, filières départementales en mutation, retard dans le versement des aides PAC, nouvelles opportunités pour l’agriculture icaunaise… Autant de sujets évoqués lors de la session du 16 février dernier présidée par Etienne Henriot
En introduction à son intervention, le président de la Chambre d’agriculture a dressé un point de situation conjoncturel des principales filières départementales. En viticulture, la faible récolte 2016 dans le chablisien, entraine les prix à la hausse, avec des cours en augmentation de plus de 50% pour le vrac. Les professionnels demeurent toutefois inquiets face à un phénomène pouvant avoir un impact négatif sur la reconquête des marchés dont l’approvisionnement n’a pu être assuré cette année. Autre sujets d’inquiétude relevant de la géopolitique, avec les incertitudes sur la parité euro/livre sterling, nées du Brexit et de la sortie du Royaume Uni de l’Europe. Interrogations également pour ce qui est des exportations de chablis vers les États-Unis, suite à l’attitude du Président Trump à l’égard du vieux continent. Dans l’Auxerrois, la récolte désastreuse des dernières vendanges impacte peu les marchés face à la concurrence des appellations de Bourgogne du sud et se traduit par des ventes et demandes du négoce en berne.
En Grandes Cultures, la stabilité des marchés demeure, influencée par des stocks mondiaux en hausse et par les récoltes de l’hémisphère sud : «l’Australie et l’Argentine battent des records historiques, ce qui n’a rien arrangé et la pression des prix est importante…» Inquiétude également pour ce qui est du colza, avec des biocarburants aujourd’hui dans le collimateur de Bruxelles : «les taux d’incorporation avaient jusqu’alors permis de tenir les prix et des inquiétudes apparaissent par rapport à des outils industriels comme le Mériot…» Si en lait la conjoncture semble s’améliorer légèrement, pas de remontée brutale des cours pour autant face aux stocks européens pesant sur les marchés. La «tempête» 2016 aura frappé durement l’économie des exploitations laitières icaunaises et le département ne compte plus désormais que 200 producteurs dont 160 spécialisés et 40 mixtes lait/viande. Pour mémoire, ils étaient encore près de 350 en 2007 (sources agreste 2008). Pas de miracle non plus en ce qui concerne la viande bovine : «on ne peut pas dire qu’on soit dans l’euphorie, par rapport aux cours des jeunes bovins…»
Des filières en mutation
La fin d’année 2016 aura été marquée par des filières en mutation dans le département. Notamment pour ce qui est de la filière avicole, avec le rachat, par le groupe néerlandais Plukon, des établissements DUC. La pérennité du site de Chailley semble ne pas être remise en cause, avec un investissement de l’ordre de 20 millions € prévu dans les trois ans à venir, les contrats de production DUC/éleveurs, ayant pour leur part été tous maintenus. Même scénario en ce qui concerne la filière viande, avec la fusion annoncée de la coopérative migennoise Sicavyl, dans le giron de Sicarev. La modernisation récente du site de Migennes pouvant être de nature à rassurer quant à sa pérennité. Comme évoqué déjà dans nos colonnes, la fusion des coopératives Cerepy et Capserval, a donné naissance en novembre dernier à l’entité Ynovae. La nouvelle structure compte désormais 1 000 adhérents pour une collecte moyenne de 380 000 tonnes et un chiffre d’affaires moyen de 120 M€. Lors de la session de rentrée, la Chambre invitera les responsables de Plukon et Sicarev à venir présenter leurs entreprises et leurs projets pour le département.
De nouvelles opportunités semblent se présenter aux producteurs betteraviers icaunais, avec le souhait du groupe coopératif Cristal Union de proposer de nouveaux contrats aux agriculteurs du secteur historique autour de Brienon et Migennes. Même proposition de la part de la Sucrerie de Souppes vis-à-vis des producteurs du nord du département. L’assolement betteravier icaunais pourrait ainsi s’accroitre d’environ 2 000 ha à l’horizon 2018, soit le double de l’existant. Mais le président Henriot se veut prudent : «il n’y aura pas d’augmentation exponentielle car la rentabilité de ce projet passe par des rendements de 85 à 90 t/ha, ce qui est loin d’être le cas dans tout le département…»
Une situation «ubuesque»
Faut-il s’en réjouir..? Les demandes d’accompagnement de la Chambre d’agriculture dans le cadre du dispositif «Réagir 89» demeurent limitées et là où l’on comptait une quarantaine d’appels entre septembre et novembre dernier, leur nombre est depuis passé à 12 : «on ne peut pas dire que les gens se bousculent et le dispositif est perçu encore comme une instance pour les cas désespérés…» Pour autant, la vigilance reste de mise : «il nous faut rester attentif les uns les autres à ce qui se passe sur le terrain, les plus en danger sont souvent ceux qui ne disent rien et se replient sur eux-mêmes. Il est du devoir de tous d’alerter car en pareil cas, mieux vaut une crainte infondée qu’un constat de n’avoir pas été en capacité de voir venir…» Retenue, en partenariat avec le Cer France Yonne et Alysé, pour instruire les audits d’exploitation en difficulté, dans le cadre du dispositif mis en place par la région, la Chambre d’agriculture a enregistré à ce jour une trentaine de contacts pour une dizaine de contrats confirmés.
Une «situation ubuesque». C’est en ces termes qu’Etienne Henriot a dénoncé le retard pris dans le paiement des aides PAC ces deux dernières années. Présent à la session, le directeur de la DDT 89, Didier Roussel a dressé un point de la situation : «entre16 et 18 mois de retard de paiement sur le 2ème pilier 2015 et autour de 8 à 10 mois sur 2016.Il faut être réaliste, on ne retrouvera une situation normale qu’en 2018…» Quant au paiement des aides relevant du 1er pilier 2016, il sera soldé avant le 30 juin, date imposée par l’Europe. Pour 2017, promesse est faite, d’un «retour à la normalité avec un acompte en octobre et le solde en novembre… «Wait and see !»
Le réseau des Chambres d’agriculture a été épinglé par la Cour des Comptes pour des charges insuffisamment maitrisées, avec en moyenne, une hausse de +13% des coûts de personnel entre 2009 et 2014 et des coûts «élus» moyens de 3 095 €/an. Pour sa part, la Chambre d’agriculture de l’Yonne est à classer parmi les «bons élèves», avec une masse salariale pour la même époque, en baisse de -2,85% et un coût «élu» (vacations et déplacements) de 2 000 €.
En Grandes Cultures, la stabilité des marchés demeure, influencée par des stocks mondiaux en hausse et par les récoltes de l’hémisphère sud : «l’Australie et l’Argentine battent des records historiques, ce qui n’a rien arrangé et la pression des prix est importante…» Inquiétude également pour ce qui est du colza, avec des biocarburants aujourd’hui dans le collimateur de Bruxelles : «les taux d’incorporation avaient jusqu’alors permis de tenir les prix et des inquiétudes apparaissent par rapport à des outils industriels comme le Mériot…» Si en lait la conjoncture semble s’améliorer légèrement, pas de remontée brutale des cours pour autant face aux stocks européens pesant sur les marchés. La «tempête» 2016 aura frappé durement l’économie des exploitations laitières icaunaises et le département ne compte plus désormais que 200 producteurs dont 160 spécialisés et 40 mixtes lait/viande. Pour mémoire, ils étaient encore près de 350 en 2007 (sources agreste 2008). Pas de miracle non plus en ce qui concerne la viande bovine : «on ne peut pas dire qu’on soit dans l’euphorie, par rapport aux cours des jeunes bovins…»
Des filières en mutation
La fin d’année 2016 aura été marquée par des filières en mutation dans le département. Notamment pour ce qui est de la filière avicole, avec le rachat, par le groupe néerlandais Plukon, des établissements DUC. La pérennité du site de Chailley semble ne pas être remise en cause, avec un investissement de l’ordre de 20 millions € prévu dans les trois ans à venir, les contrats de production DUC/éleveurs, ayant pour leur part été tous maintenus. Même scénario en ce qui concerne la filière viande, avec la fusion annoncée de la coopérative migennoise Sicavyl, dans le giron de Sicarev. La modernisation récente du site de Migennes pouvant être de nature à rassurer quant à sa pérennité. Comme évoqué déjà dans nos colonnes, la fusion des coopératives Cerepy et Capserval, a donné naissance en novembre dernier à l’entité Ynovae. La nouvelle structure compte désormais 1 000 adhérents pour une collecte moyenne de 380 000 tonnes et un chiffre d’affaires moyen de 120 M€. Lors de la session de rentrée, la Chambre invitera les responsables de Plukon et Sicarev à venir présenter leurs entreprises et leurs projets pour le département.
De nouvelles opportunités semblent se présenter aux producteurs betteraviers icaunais, avec le souhait du groupe coopératif Cristal Union de proposer de nouveaux contrats aux agriculteurs du secteur historique autour de Brienon et Migennes. Même proposition de la part de la Sucrerie de Souppes vis-à-vis des producteurs du nord du département. L’assolement betteravier icaunais pourrait ainsi s’accroitre d’environ 2 000 ha à l’horizon 2018, soit le double de l’existant. Mais le président Henriot se veut prudent : «il n’y aura pas d’augmentation exponentielle car la rentabilité de ce projet passe par des rendements de 85 à 90 t/ha, ce qui est loin d’être le cas dans tout le département…»
Une situation «ubuesque»
Faut-il s’en réjouir..? Les demandes d’accompagnement de la Chambre d’agriculture dans le cadre du dispositif «Réagir 89» demeurent limitées et là où l’on comptait une quarantaine d’appels entre septembre et novembre dernier, leur nombre est depuis passé à 12 : «on ne peut pas dire que les gens se bousculent et le dispositif est perçu encore comme une instance pour les cas désespérés…» Pour autant, la vigilance reste de mise : «il nous faut rester attentif les uns les autres à ce qui se passe sur le terrain, les plus en danger sont souvent ceux qui ne disent rien et se replient sur eux-mêmes. Il est du devoir de tous d’alerter car en pareil cas, mieux vaut une crainte infondée qu’un constat de n’avoir pas été en capacité de voir venir…» Retenue, en partenariat avec le Cer France Yonne et Alysé, pour instruire les audits d’exploitation en difficulté, dans le cadre du dispositif mis en place par la région, la Chambre d’agriculture a enregistré à ce jour une trentaine de contacts pour une dizaine de contrats confirmés.
Une «situation ubuesque». C’est en ces termes qu’Etienne Henriot a dénoncé le retard pris dans le paiement des aides PAC ces deux dernières années. Présent à la session, le directeur de la DDT 89, Didier Roussel a dressé un point de la situation : «entre16 et 18 mois de retard de paiement sur le 2ème pilier 2015 et autour de 8 à 10 mois sur 2016.Il faut être réaliste, on ne retrouvera une situation normale qu’en 2018…» Quant au paiement des aides relevant du 1er pilier 2016, il sera soldé avant le 30 juin, date imposée par l’Europe. Pour 2017, promesse est faite, d’un «retour à la normalité avec un acompte en octobre et le solde en novembre… «Wait and see !»
Le réseau des Chambres d’agriculture a été épinglé par la Cour des Comptes pour des charges insuffisamment maitrisées, avec en moyenne, une hausse de +13% des coûts de personnel entre 2009 et 2014 et des coûts «élus» moyens de 3 095 €/an. Pour sa part, la Chambre d’agriculture de l’Yonne est à classer parmi les «bons élèves», avec une masse salariale pour la même époque, en baisse de -2,85% et un coût «élu» (vacations et déplacements) de 2 000 €.