Action syndicale
Stop aux crues de la Saône
La FDSEA s’est mobilisée mercredi 1er juin à Seurre pour dénoncer «l’immobilisme des administrations et de la préfecture».
L’eau n’éteint pas toujours le feu. Dans le val de Saône, elle l’allume. Une quarantaine d’agriculteurs côte d’oriens se sont déplacés la semaine dernière à l’écluse de Seurre afin de dénoncer «l’immobilisme des administrations et de la préfecture» dans la gestion des crues. «Malgré nos demandes fortes et répétées auprès de VNF et de la préfecture pour faire ouvrir les barrages en aval et éviter de nouvelles inondations, personne ne veut bouger!» a déploré Nicolas Michaud, membre de la FDSEA et agriculteur à Pagny-le-Château. Depuis le début de l’année, les exploitants du Val de Saône ont déjà subi neuf crues sur leurs exploitations. Celles-ci ont détruit les cultures et mis en péril les animaux. Si les inondations du 18 avril «ne pouvaient pas être évitées» compte-tenu de leur ampleur, ce n’est «pas le cas des deux dernières» selon Nicolas Michaud : «si les barrages avaient été actionnés en temps et en heure, nous n’en serions sans doute pas là. Il y a toujours des décalages malgré nos alertes. VNF se rétracte derrière une réglementation datant de 1972, la Saône a bien évolué depuis ces années là. Cela fait deux ans que nous tentons de faire avancer les choses sur la gestion des petites crues. Celles-ci se jouent sur 10 cm seulement. Dix centimètres d’eau sur des milliers d’hectare: les dégâts sont énormes. Rien que sur le canton de Seurre, 500 hectares ne vont pas pouvoir être ensemencés cette année, cela représente l’exclusion de trois exploitations du canton. Si l’on continue comme cela, notre zone sera en perdition». Jean-Luc Loison, agriculteur à Bonnencontre et particulièrement actif dans les dossiers des inondations, a lui aussi regretté l’obstination de Voies Navigables de France à rester «dans sa stratégie obsolète». Le Côte d’orien, appuyé sur place par le président de la FDSEA Fabrice Faivre, a qualifié ces évènements à répétition d’«insupportables économiquement et moralement». Lors de ce rendez-vous, la FDSEA a réédité les mêmes demandes que d’ordinaire. Le syndicat souhaite qu’un protocole de gestion de pré-crues soit mis en œuvre. «Nous ne devons pas attendre que le niveau de la Saône monte pour déclencher les ouvertures de barrages. Il faut également tenir compte de l’eau présente dans les affluents et anticiper les crues» a répété Nicolas Michaud. La mise en place d’un entretien «efficace et pertinent» de la Saône et de ses affluents est également demandé pour que l’eau puisse s’écouler dans des conditions normales. «Ces sont des propositions simples, efficaces et pragmatiques» communique la FDSEA de Côte d’Or.
Intervention du président FDSEA cantonal «Ça ne passe pas !»
Emmanuel Bonnardot, président FDSEA du canton de Seurre, a fait part de l’agacement des agriculteurs du val de Saône : «La situation est plus que tendue, la mobilisation aujourd’hui d’agriculteurs des cantons d’Auxonne, Pontailler-sur-Saône, Brazey-en-Plaine, Saint-Jean-de-Losne et Seurre en est la preuve. Nous voulons un abaissement préventif de la Saône en prévision d’afflux intempestifs d’eau, sinon, ça ne passe pas ! Toutes les cultures sont désormais implantées, les prairies sont à la veille d’être fauchées. Nous ne pouvons plus supporter une quelconque négligence de gestion du niveau de la Saône. Pour citer les problèmes d’écoulement de la Vouge, une étude mal calculée au départ est en cause, nous ne voulons pas payer ces erreurs. D’ailleurs, les études sur la Saône, il faut arrêter d’en reparler. Les points noirs d’écoulement sont connus depuis les inondations des années 80. S’il y a de l’argent à mettre sur la Saône, il doit être mis dans des travaux !» Lors de cette même action syndicale, Emmanuel Bonnardot s’est entretenu avec Alain Herr, chef de la subdivision à VNF, au sujet de la stratégie de l’écrêtement des crues. «Nous n’avons pas obtenu de réponses claires, nous allons poursuivre notre mouvement avec l’appui de toute la profession» a commenté le président cantonal, s’étonnant que la navigation soit constamment prioritaire : «dans des situations exceptionnelles, la navigation devrait pouvoir être arrêtée quelques heures. Vu le faible nombre de bateaux en ce moment, je ne pense pas que cela puisse poser de gros problèmes. S’il devait y avoir des indemnisations à attribuer aux bateaux, elles n’auraient strictement rien à voir avec les montants perdus en agriculture».