Solidité financière pour 2024-2025
Récemment, à Saint-Satur (18), Cerfrance Alliance Centre faisait le bilan des performances du secteur viticole pour la campagne 2023-2024, et esquissait les tendances à venir.

Comme tous les ans, les experts de Cerfrance Alliance Centre ont présenté les résultats de leur étude annuelle dédiée à l’analyse économique des exploitations viticoles du Centre-Loire. Ce rendez-vous, à Saint-Satur (18), reposait sur l’analyse des données comptables, financières et techniques de la campagne 2023-2024, de 73 entreprises viticoles, dont la moitié située à Sancerre et un quart à Pouilly.
La récolte 2023 s’est révélée particulièrement favorable en termes de volumes, surpassant même celle de 2022, déjà très bonne. Les rendements dépassent les 60 hectolitres par hectare dans l’ensemble des vignobles analysés. Les quantités disponibles sont utilisées pour conforter les stocks, en prévision d’une récolte 2024 bien moins favorable. En effet, la pluviométrie importante a pénalisé les rendements, qui s’élèvent à 49 hl / ha pour le Sancerre, 45 hl / ha pour le Pouilly et jusqu’à 21 hl / ha pour le Giennois. Châteaumeillant fait figure d’exception, avec des rendements très faibles depuis plusieurs années, résultat d’aléas climatiques à répétition et de maladies.
Un marché en mutation
Les évolutions des habitudes de consommation entraînent un recul des ventes en France, tandis que les volumes se maintiennent à l’export. Cette tendance s’inscrit dans un contexte global de baisse de la consommation mondiale de vin. Néanmoins, des opportunités de croissance se dessinent, notamment sur les marchés émergents. Déjà fortement tourné vers l’international, le vignoble du Centre-Loire exporte 50 % de ses volumes, principalement vers les États-Unis (44 %), mais aussi vers l’Europe, notamment le Royaume-Uni (13 %), la Belgique (8 %) et les Pays-Bas (4 %). Les autres destinations représentent moins de 15 % des exportations. Pour le Sancerre, dont près de 70 % de la production est exportée, la diversification des débouchés devient un enjeu stratégique dans un contexte géopolitique incertain. Les prix de vente restent sur une dynamique historiquement favorable ; ceux du vrac se maintiennent entre 2022 et 2023, tandis que ceux des bouteilles poursuivent leur progression. La part des volumes écoulés en vrac augmente également sur cette période. Portés par ces niveaux de prix et de volumes, les produits enregistrent une hausse. Les charges, elles aussi, augmentent, portées par la situation géopolitique, les aléas climatiques de la récolte 2024, mais également par la hausse des cotisations sociales, conséquence directe des bons résultats des campagnes précédentes. Les emballages, dont le prix a progressé de 25 % en 4 ans, sont stables mais restent élevés.
Avec les produits et les charges qui augmentent, on assiste à un resserrement des résultats, qui restent toutefois supérieurs aux moyennes quinquennales. Comme chaque année, une grande diversité de situations est observée entre les exploitations. Les EBE (trésorerie dégagée) permettent de couvrir les besoins financiers (prélèvements privés, annuités, autofinancement des investissements). Les annuités ont été plus importantes cette année en lien avec les niveaux d’investissements élevés réalisés en 2022. La trésorerie disponible a permis de financer une partie des investissements de 2023 mais aussi de solidifier les structures financières. Aujourd’hui, 80 % des entreprises viticoles présentent une solidité financière qui leur permettra d’aborder la campagne 2024-2025 avec confiance.