Agribashing
Société et monde agricole : pourquoi cette rupture ?
Gil Rivière-Wekstein, spécialiste des relations entre le monde agricole et la société, était l’invité de l’assemblée générale de 110 Bourgogne. Il a tenté de répondre aux questions prégnantes du moment : pourquoi cette rupture avec le monde agricole ? Comment rétablir la communication et la confiance ?

Gil Rivière-Wekstein est fondateur de la revue mensuelle «Agriculture et environnement» et spécialiste des relations du monde agricole avec la société. Habitant le 20ème arrondissement de Paris, il évolue au cœur de «boboland», selon ses propres dires. Ce qui signifie être au cœur de l’incompréhension du monde agricole et de la rupture entre la société et l’agriculture. C’est ce qu’il raconte dans son livre «Panique dans l’assiette, ils se nourrissent de nos peurs» et qu’il a présenté dans une conférence lors de l’assemblée générale de 110 Bourgogne le 7 décembre dernier. «Je vais tenter de vous expliquer ce qu’il y a dans la tête des gens. Ils disent ce qu’ils disent par ignorance, ou parce qu’ils ont été manipulés. Comment reprendre le contrôle ?»
Agriculteur : de réducteur à producteur de risques
Selon Gil Rivière-Wekstein, les agriculteurs sont passés aux yeux de la société du statut de réducteurs de risques, protégeant la population de la famine, à producteurs de risques, utilisant des produits chimiques «à tout va». «Pourtant 80 % des gens ont une bonne opinion du monde agricole, c’est autant que les pompiers ! Mais dès qu’on ajoute les mots production, rentabilité, productivité, industrie… les gens prennent peur». Les consommateurs veulent des exploitations plus proches de «Martine à la ferme» que de la réalité, mais pourquoi ? «80 % des personnes interrogées se disent préoccupées par ce qu’ils ont dans leur assiette. Et les peurs alimentaires sont légitimes». Outre la peur de la pénurie, la peur des intoxications alimentaires flotte dans l’air. «Entre 230 et 350 personnes par an meurent d’intoxication, 15 000 à 25 000 sont hospitalisées. C’est une peur normale» mais le paradoxe demeure : c’est grâce à l’industrialisation, garante d’une certaine sécurité sanitaire, que le nombre d’intoxiqués baisse. «Paradoxe aussi, le plus grand scandale alimentaire est celui de graines de soja germées bio en Allemagne, causant 53 décès et 1 400 personnes hospitalisés avec des insuffisances rénales à vie. Le risque n’est pas toujours là où les gens l’imaginent».
«Manger tue !»
«On l’entend partout : manger tue !» relate Gil Rivière-Wekstein. Le message est omniprésent dans les médias. «Il y a 80 émissions anxiogènes de plus de 20 minutes à charge par an. La population française est bombardée par des messages anxiogènes sur l’agriculture». Messages d’autant plus impactant que les consommateurs ont «le syndrome de la boîte de conserve». Ils ignorent ce qu’ils mangent et ne peuvent même plus se fier aux étiquettes qui, à titre d’exemple, taisent la présence de viande de cheval dans des lasagnes. «Aujourd’hui, les assiettes contiennent des Ocni, aliments comestibles non identifiés». C’est donc tout naturellement que les gens veulent retrouver des aliments auxquels ils peuvent faire confiance, exempts de choses dont ils ne comprennent pas l’utilité : «sans OGM, sans colorant, sans additifs, sans gluten, sans pesticides… Pour les gens, pesticide égale cancer, donc quand les gens disent qu’ils ne veulent pas de pesticides, ça veut dire pas de cancer, ce qui est normal».
Pourquoi en est-on arrivé là ?
Selon Gil Rivière-Wekstein, il y a une véritable fabrique de la peur alimentaire comprenant quatre acteurs différents parmi les altermondialistes, les ONG, les filières, et les acteurs du marketing bio. Tout le monde a besoin de se nourrir donc traiter un message en le reliant à l’alimentation touche toujours la population. «Les altermondialistes s’attaquent à l’industrie, en la reliant à l’alimentation. Des ONG utilisent les peurs alimentaires, dénoncent des pratiques pour sensibiliser les gens et récolter des dons ou des financements. Certaines filières, comme le sans gluten, ont profité des campagnes qui disent que si on mange du gluten, on aura des problèmes de santé. Le moteur principal de l’augmentation du marché bio n’est pas la qualité des produits mais les peurs alimentaires. Ce que je conteste dans le marché du bio, c’est la communication, purement anxiogène». Le spécialiste dénonce entre autres des campagnes publicitaires récentes prônant la dangerosité des produits conventionnels, ou encore une publicité scandant «on nous déconseille de manger trop gras, trop sucré, trop salé, mais glyphosaté ça va». Il en va de même pour l’industrie de la santé : «Pour vous vendre des produits détox, il faut vous convaincre que vous êtes intoxiqué !» Quant aux politiques, le spécialiste explique que leur rôle est de rassurer la population. Or, l’alimentation est un secteur où la population peut facilement être rassurée, à condition de se sentir en danger.
Rétablir les vérités
«Il est temps de reprendre en main la communication. Le message que vous devez faire passer n’est pas compliqué, il faut rassurer la société sur ce que vous faites et sur la qualité de vos produits». Pour cela, le spécialiste prône l’utilisation des réseaux sociaux. «Avant, les médias partaient d’une information, ils la vérifiaient puis la livraient. Maintenant, avec les réseaux sociaux, on s’adresse directement au public. On n’a plus besoin de passer par la presse, plus personne ne trie l’information. Autre fait, sur les réseaux sociaux, les personnes font plus confiance aux gens qui partagent l’information qu’à la source même de l’information. Donc il y a des tonnes d’infos folles, bidons qui circulent, et particulièrement sur votre métier». En passant par les réseaux sociaux, Gil, alias @AEGW sur twitter, essaie de rétablir les vérités sur les mensonges ou incompréhensions qu’il voit passer : «Personne ne peut m’empêcher de discuter directement avec 1,5 milliard de personnes et c’est vrai pour tout le monde». Twitter et les autres réseaux sociaux sont des moyens de retransmettre une information pertinente, réagir face à des incompréhensions ou des fausses informations «c’est une manière de contrôler ce que disent les journalistes, les politiques et de rétablir la vérité». Les tweets de Gil atteignent plusieurs centaines de milliers de personnes. Selon lui, une des solutions contre l’agribashing est qu’une majorité d’agriculteurs se mettent à réagir, rétablir les vérités et communiquer sur les réseaux, pour avoir du poids et toucher le plus de personnes possible.
Agriculteur : de réducteur à producteur de risques
Selon Gil Rivière-Wekstein, les agriculteurs sont passés aux yeux de la société du statut de réducteurs de risques, protégeant la population de la famine, à producteurs de risques, utilisant des produits chimiques «à tout va». «Pourtant 80 % des gens ont une bonne opinion du monde agricole, c’est autant que les pompiers ! Mais dès qu’on ajoute les mots production, rentabilité, productivité, industrie… les gens prennent peur». Les consommateurs veulent des exploitations plus proches de «Martine à la ferme» que de la réalité, mais pourquoi ? «80 % des personnes interrogées se disent préoccupées par ce qu’ils ont dans leur assiette. Et les peurs alimentaires sont légitimes». Outre la peur de la pénurie, la peur des intoxications alimentaires flotte dans l’air. «Entre 230 et 350 personnes par an meurent d’intoxication, 15 000 à 25 000 sont hospitalisées. C’est une peur normale» mais le paradoxe demeure : c’est grâce à l’industrialisation, garante d’une certaine sécurité sanitaire, que le nombre d’intoxiqués baisse. «Paradoxe aussi, le plus grand scandale alimentaire est celui de graines de soja germées bio en Allemagne, causant 53 décès et 1 400 personnes hospitalisés avec des insuffisances rénales à vie. Le risque n’est pas toujours là où les gens l’imaginent».
«Manger tue !»
«On l’entend partout : manger tue !» relate Gil Rivière-Wekstein. Le message est omniprésent dans les médias. «Il y a 80 émissions anxiogènes de plus de 20 minutes à charge par an. La population française est bombardée par des messages anxiogènes sur l’agriculture». Messages d’autant plus impactant que les consommateurs ont «le syndrome de la boîte de conserve». Ils ignorent ce qu’ils mangent et ne peuvent même plus se fier aux étiquettes qui, à titre d’exemple, taisent la présence de viande de cheval dans des lasagnes. «Aujourd’hui, les assiettes contiennent des Ocni, aliments comestibles non identifiés». C’est donc tout naturellement que les gens veulent retrouver des aliments auxquels ils peuvent faire confiance, exempts de choses dont ils ne comprennent pas l’utilité : «sans OGM, sans colorant, sans additifs, sans gluten, sans pesticides… Pour les gens, pesticide égale cancer, donc quand les gens disent qu’ils ne veulent pas de pesticides, ça veut dire pas de cancer, ce qui est normal».
Pourquoi en est-on arrivé là ?
Selon Gil Rivière-Wekstein, il y a une véritable fabrique de la peur alimentaire comprenant quatre acteurs différents parmi les altermondialistes, les ONG, les filières, et les acteurs du marketing bio. Tout le monde a besoin de se nourrir donc traiter un message en le reliant à l’alimentation touche toujours la population. «Les altermondialistes s’attaquent à l’industrie, en la reliant à l’alimentation. Des ONG utilisent les peurs alimentaires, dénoncent des pratiques pour sensibiliser les gens et récolter des dons ou des financements. Certaines filières, comme le sans gluten, ont profité des campagnes qui disent que si on mange du gluten, on aura des problèmes de santé. Le moteur principal de l’augmentation du marché bio n’est pas la qualité des produits mais les peurs alimentaires. Ce que je conteste dans le marché du bio, c’est la communication, purement anxiogène». Le spécialiste dénonce entre autres des campagnes publicitaires récentes prônant la dangerosité des produits conventionnels, ou encore une publicité scandant «on nous déconseille de manger trop gras, trop sucré, trop salé, mais glyphosaté ça va». Il en va de même pour l’industrie de la santé : «Pour vous vendre des produits détox, il faut vous convaincre que vous êtes intoxiqué !» Quant aux politiques, le spécialiste explique que leur rôle est de rassurer la population. Or, l’alimentation est un secteur où la population peut facilement être rassurée, à condition de se sentir en danger.
Rétablir les vérités
«Il est temps de reprendre en main la communication. Le message que vous devez faire passer n’est pas compliqué, il faut rassurer la société sur ce que vous faites et sur la qualité de vos produits». Pour cela, le spécialiste prône l’utilisation des réseaux sociaux. «Avant, les médias partaient d’une information, ils la vérifiaient puis la livraient. Maintenant, avec les réseaux sociaux, on s’adresse directement au public. On n’a plus besoin de passer par la presse, plus personne ne trie l’information. Autre fait, sur les réseaux sociaux, les personnes font plus confiance aux gens qui partagent l’information qu’à la source même de l’information. Donc il y a des tonnes d’infos folles, bidons qui circulent, et particulièrement sur votre métier». En passant par les réseaux sociaux, Gil, alias @AEGW sur twitter, essaie de rétablir les vérités sur les mensonges ou incompréhensions qu’il voit passer : «Personne ne peut m’empêcher de discuter directement avec 1,5 milliard de personnes et c’est vrai pour tout le monde». Twitter et les autres réseaux sociaux sont des moyens de retransmettre une information pertinente, réagir face à des incompréhensions ou des fausses informations «c’est une manière de contrôler ce que disent les journalistes, les politiques et de rétablir la vérité». Les tweets de Gil atteignent plusieurs centaines de milliers de personnes. Selon lui, une des solutions contre l’agribashing est qu’une majorité d’agriculteurs se mettent à réagir, rétablir les vérités et communiquer sur les réseaux, pour avoir du poids et toucher le plus de personnes possible.
Assemblée générale de 110 Bourgogne
Le groupe 110 Bourgogne, présidé par Gérard Delagneau, a enregistré une collecte de 463 000 tonnes de céréales, ainsi qu’un chiffre d’affaires de 136,1 millions d’euros pour la campagne 2017-2018, en progression de 7,8 % par rapport à 2016-2017. Dans les axes de développement majeurs, on note l’investissement dans un groupe froid pour réaliser un stockage sans insecticides. Les conséquences : des économies de produits chimiques qui améliorent les conditions de travail des salariés, une économie d’énergie par un refroidissement plus direct, et la garantie d’absence de résidus dans les céréales. Le groupe a la volonté de développer les nouvelles cultures au sein de filières, tout en maintenant le cap de croissance pour les filières qualité comme Bleu blanc cœur, CRC ou encore Lu Harmony.