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Concours de reproducteurs charolais

Semur-en-Auxois ne baisse pas les bras

Le grand concours de reproducteurs charolais se déroulera les 18 et 19 novembre prochains.
Par Aurélien Genest
Semur-en-Auxois ne baisse pas les bras
Preuve du contexte difficile, l’organisation de l’évènement avait été remise en question lors de l’assemblée générale du comité d’agriculture semurois.
Il s’en est fallu de peu mais le concours charolais aura bien lieu. «C’est la première fois que je vois ça. Nous avons procédé à un vote pour voir si l’on maintenait l’organisation ! Cela démontre bien l’état dans lequel se trouve le moral des éleveurs aujourd’hui, il n’y est vraiment pas» lance, d’un air quelque peu dépité, Jean-Luc Baudot, le président du comité d’agriculture de Semur-en-Auxois. Le concours de reproducteurs se déroulera pourtant bel et bien les 18 et 19 novembre, les dates initialement  prévues. Sans grande surprise, les effectifs seront en forte diminution, soit une dizaine d’éleveurs et une soixantaine de bêtes en moins. «Les inscriptions se sont terminées sur un nombre de 180 reproducteurs. Environ 35 éleveurs seront là» relève Jean-Luc Baudot, «cette année, toutes les conditions sont défavorables. Les mois derniers ont été catastrophiques sur le plan climatique avec une longue et puissante sécheresse. Les cours, eux, sont tout aussi catastrophiques. Puis la FCO et ses soucis ont fait parler d’eux, nous nous en serions bien passés». Jean-Luc Baudot est particulièrement remonté sur ce dernier sujet : «on fait passer une crise sanitaire sur le dos de l’élevage, alors que nous traversons déjà une grande crise conjoncturelle. La FCO, pour moi, ce n’est rien du tout. Il y en a toujours eu et soudain, comme ça, on la fait ressortir. Il y a de quoi être énervé car elle n’est pas dangereuse pour l’homme et ne se transmet pas entre bovins. Malgré tout ça, on la gère d’une manière drastique, c’est incroyable».

Ventes en berne ?
Sur l’aspect commercial, le président du comité d’agriculture ne s’attend pas au moindre miracle : «d’après ce que j’entends dire sur le terrain, il y aura beaucoup moins d’acheteurs. Les achats de reproducteurs risquent très fortement d’être reportés au printemps, au tout dernier moment. En effet, il n’y a pas d’argent en circulation, les cours sont mauvais dans la viande et il n’y a rien du tout en broutards puisque la FCO et ses vaccinations bloquent tout pour le moment». Pour son dernier concours en tant que président (il avait pris sa décision de passer le flambeau bien avant l’assemblée du comité du 13 octobre), Jean-Luc Baudot, 57 ans, se serait bien passé d’un tel contexte. Le Côte d’orien qui sera resté quinze années à la tête du comité souhaite, malgré tout, retenir le positif de cette édition: «nous allons encore une fois organiser ce grand concours qui est, dans le département de la Côte d’Or, le seul reconnu par le Herd Book Charolais quant à la validité des prix sur les pedigrees. Ce n’est pas rien. Nous avons choisi de le maintenir, en espérant qu’il n’y ait pas de catastrophe sanitaire d’ici là». Jean-Luc Baudot rend une fois encore hommage aux nombreux partenaires de évènement : «la Ville de Semur-en-Auxois nous suit constamment, de même que Bovins Croissance ou le Herd Book et tous nos sponsors. C’est une importante marque de confiance pour tous les éleveurs. En plus de la partie purement professionnelle, le public vient chaque fois en nombre à ce rendez-vous, l’ambiance y est très conviviale». Jean-Luc Baudot espère assister à une meilleure conjoncture ces prochaines années. Celle-ci passe selon lui par un certain nombre de «redynamisations» : «pour que la situation s’améliore chez les éleveurs bovins, quelles que soient leurs productions, il faudrait redynamiser la consommation de viande, redynamiser les collectivités pour qu’elles optent enfin pour de la viande française ! Redynamiser l’image de la viande comme produit synonyme de bonne santé plutôt que l’inverse. Il y a beaucoup de travail sur ce dernier point car nous sommes littéralement massacrés par les médias. Il faudrait également redynamiser la société par rapport à l’environnement : je préfère de très loin voir des vaches dans nos prés plutôt que voir toutes les terres de l’Auxois se labourer. La  santé humaine passe aussi par l’aménagement de l’espace. Que ferons-nous si nous n’avons plus de vaches ici? La solution passe-t-elle par des tracteurs de 300 chevaux, beaucoup plus pollueurs que nos bovins ?»

Les repas sur les deux jours seront assurés par le restaurant Chez Camille d’Arnay-le-Duc avec entrecôte charolaise. Entrée gratuite, 250 reproducteurs inscrits au HBC seront présents issus des élevages de la région Bourgogne. Renseignements : 03 80 90 68 80 (heures bureau) ou 03 80 97 23 28 (heures repas).