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Cultures

Séduit par les dérobées

Un agriculteur du canton de Saint-Jean-de-Losne a implanté du soja le 21 juin, juste derrière ses orges d’hiver.

Par Aurélien Genest
Séduit par les dérobées
Les légumineuses de Philippe Dubief ont visiblement tiré des bénéfices de l’été pluvieux.

«Du soja semé tardivement, j’avais déjà testé l’an passé» indique Philippe Dubief, «avec les inondations, j’avais des cultures d’hiver qui avaient été détruites. Même chose pour le maïs que j’avais ressemé par la suite. Arrivé au 25 juin, il fallait que je mette quelque chose!» N’étant plus éleveur, cet agriculteur résidant à Losne ne pouvait plus se permettre de tenter à nouveau du maïs. «Il aurait été destiné à l’ensilage. Je n’en avais pas besoin, ni mes voisins éleveurs qui en avaient assez. Dans ce contexte, j’ai pensé au soja en culture principale. Les prix de 2013 étaient intéressants avec leurs 400€/t». Le rendement attendra finalement 22q/ha. Un résultat «non mirobolant» d’après l’homme de 47 ans, loin des 35q/ha pouvant être espérés lorsque le soja est semé deux mois plus tôt.

 

Des semences précoces

Philippe Dubief «remet ça» cette année : «j’ai de nouveau choisi du soja mais cette fois-ci, en culture dérobée, juste derrière les orges d’hiver» informe le Côte dorien. Un choix qui peut paraître étonnant au premier abord, mais qui le devient beaucoup moins après les explications de l’intéressé : «le prix du soja est certes moins intéressant qu’en 2013, mais après m’être renseigné, je remplissais un certain nombre de prérogatives pour réussir : j’avais des terres faciles à travailler avec une bonne proportion de limons, je venais de faire de l’orge, je pouvais broyer la paille, l’implantation pouvait se réaliser avant le 1er juillet et j’avais un système d’irrigation disponible». Philippe Dubief avait prévu le coup l’hiver dernier en commandant des semences 000 connues pour leur précocité. «Je n’avais pas conservé mes semences de l’an passé car elles n’étaient pas suffisamment sèches» précise l’exploitant. La culture de soja a pu être semée sur une quinzaine d’hectares le 21 juin, dans la foulée de la récolte de ses orges. «Grâce à la pluie, je n’ai irrigué qu’une seule fois, le soja présente aujourd’hui un bel aspect et j’espère faire plus de quintaux que l’an passé» affiche Philippe Dubief.

A la place des Cipan

Le Côte d’orien insiste sur la nécessité de semer le plus tôt possible : «d’après le Cetiom, une journée gagnée au mois de juin correspond à trois ou quatre jours en octobre ou novembre. C’est une vraie course contre la montre. On le sait, il y a des risques de ne pas récolter si le soja arrive à maturité trop tard dans la saison. Si je n’y parviens pas, au pire, ça me fait un très bon couvert végétal à la place du mélange avoine/vesce que j’utilise habituellement. Le soja, je pense que j’ai tout à y gagner : il ne me revient pas trop cher car je ne mets pas d’engrais ni de fongicide: je sème, je désherbe et j’irrigue quand il le faut». La «culture» qui arrivera après le soja de Philippe Dubief est originale elle aussi : «il s’agit de plants de vignes, je mets à disposition des parcelles à un pépiniériste depuis une quinzaine d’années. J’assure le travail jusqu’à la plantation du printemps, après quoi le pépiniériste réalise l’ensemble du travail jusqu’à la récolte de début novembre».