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Vente directe

Sacrés fromages

Les produits laitiers de la Chèvrerie de Blancey partent comme des petits pains sur les foires et marchés autour de Pouilly-en-Auxois.
Par Aurélien Genest
Sacrés fromages
Sébastien Roussel élève 33 chèvres et transforme l’intégralité de ses 25 000 litres de lait.
La vente directe se porte bien, sa dynamique ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin. Sébastien Roussel, installé en 2011 à Blancey près de Pouilly-en-Auxois dans un élevage de chèvres avec un atelier de transformation, connaît une très belle période de ventes. «Il n’y a pas de collecte de lait dans le département, les éleveurs caprins transforment l’intégralité de leur production et optent très souvent pour la vente directe. C’est la meilleure manière de valoriser ses produits», indique le Côte-d’orien de 36 ans. Fromages blancs, yaourts, tomes, crottins, crottins aromatisés, camemberts de chèvres : de nombreux produits sont confectionnés à Blancey puis vendus dans le département, de préférence dans un petit rayon autour de l’exploitation.

Nombreux lieux de ventes
La Chèvrerie de Blancey est présente le vendredi soir au marché de Pouilly-en-Auxois, le samedi matin à Saulieu et chaque jeudi soir devant la gare de Dijon. Adhérent à Bienvenue à la Ferme, Sébastien Roussel participe régulièrement aux évènements du réseau. Le rendez-vous de Beaune des 14 et 15 avril a d’ailleurs été à la hauteur de toutes les attentes avec un chiffre d’affaires encore en progression par rapport aux précédentes éditions. Les foires et marchés permettent à la Chèvrerie de Blancey d’écouler près de 80 % de ses produits. Les portes de la ferme sont également ouvertes chaque mardi soir de 18 heures à 19 heures avec la possibilité de visiter l’élevage et l’atelier de transformation. Sébastien Roussel travaille aussi avec plusieurs épiceries, restaurants, petites surfaces et réseaux de communautés du département. Afin de l’épauler dans son travail, le producteur a embauché une employée à mi-temps depuis près d’un an : «La vente directe a le vent en poupe et m’a permis de recruter de la main-d’œuvre, très appréciable car avec ce métier, nous avons souvent la tête dans le guidon ! Une partie de la population revient au local en recherchant la qualité. Opter pour des produits locaux est une démarche logique et écologique».

Soixante-six nouveaux cabris

Les chevrotages de Sébastien Roussel se sont déroulés durant tout le mois de mars. Chaque chèvre a donné une moyenne de deux cabris, pour un total de 66 nouveaux animaux nés sur l’exploitation. «Certaines chèvres n’ont donné qu’un cabri, d’autres en ont eu trois. Tout s’est très bien passé : j’avais 36 chèvres au départ, seulement trois étaient vides», explique l’éleveur de Blancey, qui est dans l’obligation de faire reproduire ses animaux pour pouvoir obtenir du lait et donc des fromages. «Il y a peu de débouchés pour les cabris», informe le producteur, «leur viande est très peu consommée en France. Les cabris sont donc vendus à perte à un engraisseur, pour être ensuite consommés, principalement dans les pays méditerranéens. Le cabri d’une semaine n’est vendu que cinq euros, nous devons les transporter jusqu’à Fleurville près de Tournus». Cette année, Sébastien Roussel a vendu quelques animaux à des particuliers en passant une annonce sur le site leboncoin. Le Côte-d’orien a gardé les dix femelles les plus lourdes, issues des meilleures productrices pour renouveler son troupeau.

Une production saisonnée
La reproduction des chèvres se déroule à l’automne, quand les jours diminuent. Les naissances sont groupées cinq mois plus tard au printemps. Une pause de lactation et donc de production est observée durant les trois derniers mois de gestation, car les chèvres ne peuvent pas donner à la fois du lait et nourrir leurs futurs cabris. «La production de fromages de chèvres est donc saisonnée, avec une pause durant l’hiver», fait remarquer Sébastien Roussel, «nous prenons le temps d’expliquer cette contrainte aux clients qui ont parfois du mal à comprendre. En effet, les fromages de chèvres sont présents toute l’année dans les supermarchés ! Il faut savoir que les gros élevages industriels désaisonnent leurs chèvres avec des hormones et/ou des traitements lumineux pour pouvoir avoir du lait toute l’année. Personnellement, je préfère laisser faire la nature. Cela me permet de faire une pause durant l’hiver, d’arrêter les marchés quand ces derniers sont plus calmes et de fabriquer des fromages avec la bonne herbe des pâtures».