Suite à la condamnation de deux agriculeurs
S. Aurousseau : «On assimile des actions syndicales à des actes de délinquance»
Deux agriculteurs adhérents de la FDSEA 58, Régis Taupin et Romaric Gobillot, ont été condamnés vendredi 15 janvier par le tribunal correctionnel de Nevers, pour des «dégradations» commises lors de la Nuit de la détresse devant un supermarché de Clamecy, le 3 juillet dernier. Stéphane Aurousseau, le président de la FDSEA 58, réagit dans les colonnes de Terres de Bourgogne.
- Deux de vos adhérents ont été condamnés à quinze jours de prison avec sursis, deux jours de stage de citoyenneté et au remboursement des dépenses de nettoyage engagées par le directeur de la grande surface de Clamecy. Quelle est votre réaction, en tant que président de la FDSEA 58 ?
Stéphane Aurousseau : "Sur la sanction, selon qu’on veuille considérer la bouteille à moitié vide ou à moitié pleine, les deux agriculteurs ont été condamnés à du sursis mais quinze jours, c’est chèrement payé. Pour autant, le réquisitoire du procureur avait évoqué trois mois de prison avec sursis. Heureusement, le tribunal a atténué sa position. On ne peut pas minimiser mais les agriculteurs ont été condamnés pour 2000 euros de dégâts devant le centre commercial de Clamecy. Cela représente en tout 4000 euros sur l’ensemble des actions du 3 juillet dans la Nièvre. Qu’est-ce que c’est pour des enseignes comme celles-là ? Ma deuxième réaction, c’est de constater qu’à aucun moment, le tribunal n’a pris en compte les éléments de contexte. Nos adhérents ont été attaqués pour vandalisme alors qu’il s’agissait d’une action syndicale coordonnée sur tout le territoire national, à l’appel de la FNSEA, et qui s’est bien passée, sans incident majeur. Du fumier a bien été déversé mais il n’y a eu aucune casse ni blessé. Et puis le tribunal n’a tenu aucun compte de la situation économique des éleveurs au moment des faits. Je rappelle qu’en 2015, les trois quarts des céréaliers et la moitié des éleveurs ont eu un revenu inférieur à 10 000 euros. La plupart vivent avec 800 euros par mois, certains avec moins de 500 euros! Le tribunal n’a pas tenu compte du fait que les représentants de la distribution et de la transformation s’étaient entendus, dans le bureau du ministre, quelques jours avant, pour revaloriser les prix payés aux producteurs et que notre action syndicale avait été déclenchée pour leur rappeler leurs engagements.
- Que dit cette sanction au regard de l’action syndicale agricole future?
S.A. : On assimile les actions syndicales à des actes de délinquance ! Nous ne pouvons pas ne pas en tenir compte à l’avenir. D’autant plus que si on considère les choses froidement, cette action n’a rien rapporté, hormis les ennuis judiciaires de certains de nos adhérents. Quatre autres doivent passer devant le tribunal pour les mêmes motifs le 5 février prochain. Et il n’y a toujours pas eu la moindre revalorisation des prix. Le prix de la viande bovine est passé de 3,90 euros au moment des faits à des prix encore plus bas aujourd’hui.
- Cet épisode judiciaire peut-il avoir des conséquences sur les relations de la FDSEA 58 avec les services de l’État ?
S.A. : Les médias régionaux ont ouvert leurs titres sur la volonté des Pouvoirs publics de mettre au pas la profession agricole par là où cela fait mal, c’est-à-dire d’un point de vue financier. Nous sommes lucides sur la séparation des pouvoirs. Pour autant, on ne peut pas avoir une politique pénale au niveau national et, dans le même temps, attendre des syndicats de travailler avec eux de façon constructive. Je ne suis pas capable d’être au tribunal le matin et en réunion avec l’administration l’après-midi. S’ajoutent à cela les ennuis d’Éric Bertrand (ndlr : président de la Chambre d’agriculture de la Nièvre) qui avait décidé de privilégier des entreprises locales pour l’achat de voitures de service à la Chambre d’agriculture et qui doit comparaître devant le tribunal le 18 avril prochain, après avoir passé sept heures de garde à vue, en cellule, l’avant-veille de Noël ! Bien sûr qu’il y a des procédures de marché public mais si nous, en milieu rural, nous ne cherchons pas à favoriser l’approvisionnement local, personne d’autre ne le fera... Aujourd’hui, nous disons qu’il y a un temps pour tout et que tant que nous aurons des comptes à rendre devant le tribunal, nous ne nous concentrerons sur rien d’autre ! Quand tout sera terminé, on verra comment on en sort, mais j’insiste sur un point: nous sommes poursuivis sur les réquisitions du parquet qui ne fait que suivre la politique pénale du gouvernement. Je ne peux imaginer qu’il n’y ait pas une volonté politique pour faire pression sur le syndicalisme. C’est d’ailleurs très à la mode. Et nous savons que nous ne pouvons pas tout nous permettre mais nos actions sont menées en responsabilité et encadrées. Le sénateur Henri Queuille disait (en son temps ndlr) «faute de régler les problèmes, il faut que nous fassions taire ceux qui les posent». On nous condamne mais personne n’apporte de solutions à nos problèmes !
Stéphane Aurousseau : "Sur la sanction, selon qu’on veuille considérer la bouteille à moitié vide ou à moitié pleine, les deux agriculteurs ont été condamnés à du sursis mais quinze jours, c’est chèrement payé. Pour autant, le réquisitoire du procureur avait évoqué trois mois de prison avec sursis. Heureusement, le tribunal a atténué sa position. On ne peut pas minimiser mais les agriculteurs ont été condamnés pour 2000 euros de dégâts devant le centre commercial de Clamecy. Cela représente en tout 4000 euros sur l’ensemble des actions du 3 juillet dans la Nièvre. Qu’est-ce que c’est pour des enseignes comme celles-là ? Ma deuxième réaction, c’est de constater qu’à aucun moment, le tribunal n’a pris en compte les éléments de contexte. Nos adhérents ont été attaqués pour vandalisme alors qu’il s’agissait d’une action syndicale coordonnée sur tout le territoire national, à l’appel de la FNSEA, et qui s’est bien passée, sans incident majeur. Du fumier a bien été déversé mais il n’y a eu aucune casse ni blessé. Et puis le tribunal n’a tenu aucun compte de la situation économique des éleveurs au moment des faits. Je rappelle qu’en 2015, les trois quarts des céréaliers et la moitié des éleveurs ont eu un revenu inférieur à 10 000 euros. La plupart vivent avec 800 euros par mois, certains avec moins de 500 euros! Le tribunal n’a pas tenu compte du fait que les représentants de la distribution et de la transformation s’étaient entendus, dans le bureau du ministre, quelques jours avant, pour revaloriser les prix payés aux producteurs et que notre action syndicale avait été déclenchée pour leur rappeler leurs engagements.
- Que dit cette sanction au regard de l’action syndicale agricole future?
S.A. : On assimile les actions syndicales à des actes de délinquance ! Nous ne pouvons pas ne pas en tenir compte à l’avenir. D’autant plus que si on considère les choses froidement, cette action n’a rien rapporté, hormis les ennuis judiciaires de certains de nos adhérents. Quatre autres doivent passer devant le tribunal pour les mêmes motifs le 5 février prochain. Et il n’y a toujours pas eu la moindre revalorisation des prix. Le prix de la viande bovine est passé de 3,90 euros au moment des faits à des prix encore plus bas aujourd’hui.
- Cet épisode judiciaire peut-il avoir des conséquences sur les relations de la FDSEA 58 avec les services de l’État ?
S.A. : Les médias régionaux ont ouvert leurs titres sur la volonté des Pouvoirs publics de mettre au pas la profession agricole par là où cela fait mal, c’est-à-dire d’un point de vue financier. Nous sommes lucides sur la séparation des pouvoirs. Pour autant, on ne peut pas avoir une politique pénale au niveau national et, dans le même temps, attendre des syndicats de travailler avec eux de façon constructive. Je ne suis pas capable d’être au tribunal le matin et en réunion avec l’administration l’après-midi. S’ajoutent à cela les ennuis d’Éric Bertrand (ndlr : président de la Chambre d’agriculture de la Nièvre) qui avait décidé de privilégier des entreprises locales pour l’achat de voitures de service à la Chambre d’agriculture et qui doit comparaître devant le tribunal le 18 avril prochain, après avoir passé sept heures de garde à vue, en cellule, l’avant-veille de Noël ! Bien sûr qu’il y a des procédures de marché public mais si nous, en milieu rural, nous ne cherchons pas à favoriser l’approvisionnement local, personne d’autre ne le fera... Aujourd’hui, nous disons qu’il y a un temps pour tout et que tant que nous aurons des comptes à rendre devant le tribunal, nous ne nous concentrerons sur rien d’autre ! Quand tout sera terminé, on verra comment on en sort, mais j’insiste sur un point: nous sommes poursuivis sur les réquisitions du parquet qui ne fait que suivre la politique pénale du gouvernement. Je ne peux imaginer qu’il n’y ait pas une volonté politique pour faire pression sur le syndicalisme. C’est d’ailleurs très à la mode. Et nous savons que nous ne pouvons pas tout nous permettre mais nos actions sont menées en responsabilité et encadrées. Le sénateur Henri Queuille disait (en son temps ndlr) «faute de régler les problèmes, il faut que nous fassions taire ceux qui les posent». On nous condamne mais personne n’apporte de solutions à nos problèmes !