élevage
Routine et interrogations
Le Gaec Guenot évoque son quotidien partagé entre la mise à l’herbe et les télédéclarations.

La mise à l’herbe approche au Gaec Guenot, une exploitation en système bovins allaitants charolais basée à proximité de Liernais. «Nous devrions lâcher les bêtes entre le 15 et le 20 avril, un peu comme tous les ans. Nous ferons en fonction de la météo des prochains jours. Les prés sont verts et plutôt bien ressuyés, un petit coup de pluie et de chaud serait maintenant le bienvenu» confie Jean-Louis Guenot. Les bovins seront lâchés dans des prés dans un rayon de 6 km autour de la ferme, sur une surface totale de 180 hectares. En guise de préparation, les éleveurs terminent l’entretien des clôtures, habituelle à cette période de l’année. Avec son fils Rémi, Jean-Louis Guenot passe également la herse de prairie, un outil «très utile» selon lui pour valoriser les parcelles. L’heure est aussi au curage du fumier, avec un certain retard par rapport au calendrier : «d’ordinaire, nous avons terminé depuis un bon mois. Mais cette année, nous n’avons pas pu rentrer dans certaines terres destinées au fumier» indique le père de famille.
Une centaine de naissances
Le Gaec Guenot termine également sa centaine de vêlages, avec 75% des naissances enregistrées à ce jour. «Nous touchons du bois car tout se passe plutôt bien pour l’instant» commente Jean-Louis Guenot, «nous n’avons eu que deux césariennes pour le moment, et une seule perte d’animal, c’était un jumeau. C’est mieux que l’an passé à la même époque et nous espérons que cela va continuer ainsi pour les 25 veaux qui restent à venir». Le Gaec Guenot, qui participait aux dernières portes ouvertes bâtiments de la Chambre d’agriculture, se réjouit de son récent investissement en matériel de contention. «Nous avons douze boxes d’isolement qui se sont avérés très utiles cet hiver» relatent les éleveurs, «cela représente beaucoup de barrières et de cornadis, cet équipement est relativement cher pour du logement mais il nous fait gagner beaucoup de temps. Nous avons eu deux veaux qui se sont cassé une patte : ces boxes ont été très pratiques. Les exemples d’utilisation sont nombreux, il y a toujours des cas particuliers».
Triste conjoncture
Bien que nombreuses, ces dernières satisfactions n’arrivent pas à cacher les difficultés rencontrées dans le milieu de l’élevage. À ce titre, Jean-Louis Guenot aborde rapidement la «grosse» difficulté du moment, relative aux prix de la viande : «ils sont toujours stationnaires voire encore à la baisse pour certains animaux. Cela fait plusieurs mois que ça dure. Les prix ne sont pas du tout en phase avec les coûts de production et ce que payent les consommateurs lorsqu’ils font leurs courses. Je suis installé depuis trente ans : il y a toujours eu des hauts et des bas mais là, c’est vraiment compliqué». Aucune vache ne devrait être vendue à moins de 4€/kg selon l’éleveur de l’Huis Renaud: «aujourd’hui, nous sommes plutôt entre 3,40 et 3,50€/kg... Il manque au minimum 50 centimes pour pouvoir tirer un bénéfice qui ferait du bien à beaucoup de monde». Même les très bonnes bêtes typées viande de l’exploitation se retrouvent logées à la même enseigne : auteur d’une excellente prestation lors du dernier concours de boucherie de Saulieu (dix bêtes présentées, sept primées dont deux prix d’honneur), le Gaec Guenot enregistre là aussi des prix stables depuis une vingtaine d’années alors que les frais engagés «n’ont strictement rien à voir avec ceux des années 1990».
Les aléas sanitaires n’arrangent rien
Rémi Guenot, 28 ans, s’est installé sur la ferme familiale en 2014 et ressent pleinement cette crise. Cet ancien salarié agricole et agent du service de remplacement de Côte d’Or traduit ce contexte difficile : «Heureusement que j’ai rejoint une structure déjà en place sinon, ça n’aurait pas été envisageable. Ce contexte n’est vraiment pas simple pour un jeune qui s’installe. Il est très difficile de vivre décemment de son métier avec les charges que nous avons. Les cours des bovins, eux, doivent absolument évoluer sinon, nous allons tout droit dans le mur. Nous ne sommes pas beaucoup soutenus et il règne un climat d’incertitudes assez déplaisant. L’aspect sanitaire est un exemple, nous avons perdu beaucoup d’argent avec la FCO. Nous avions 23 veaux qui devaient partir le lundi. Les restrictions liées à ce fléau ont été annoncées trois jours plus tôt et nous été contraints de garder les animaux durant deux mois supplémentaires. Cela n’a fait qu’augmenter les coûts de production. Pour ne rien arranger, le prix de vente a chuté de 2 frs/kg (environ 0,3€/kg). Nous avons perdu environ 80 euros par veau».
Télédéclarations : on fait quoi ?
Le Gaec Guenot, qui a changé de statuts il y a deux ans suite à l’arrivée de Rémi, souhaiterait enfin connaître les soutiens auxquels il peut prétendre. «Nous avons augmenté le cheptel et nous ne connaissons toujours pas le montant des aides» regrette Jean-Louis Guenot, qui s’interroge fortement sur la nouvelle Politique agricole commune et ses différentes modalités : «nous avons engagé un certain nombre de parcelles en MAE l’an passé. Aujourd’hui, à la veille de débuter les télédéclarations pour la Pac 2016, nous ne savons toujours pas si elles ont été retenues, combien elles nous rapporteront et à combien se chiffrera le soutien. Ces MAE sont des contraintes et nous ne savons même pas si nous en tirerons un bénéfice. Pour cette Pac 2015, nous avons touché deux acomptes et puis plus rien. C’est le flou total. La DDT nous avait dit que nous serions normalement informés avant le début des télédéclarations. Nous attendons toujours». Le Gaec Guenot, prenant son mal en patience, n’en est pas à sa première mésaventure en terme de délai de paiements : prévue début novembre, la subvention accordée pour son nouveau bâtiment n’est arrivée que la semaine dernière.
Une centaine de naissances
Le Gaec Guenot termine également sa centaine de vêlages, avec 75% des naissances enregistrées à ce jour. «Nous touchons du bois car tout se passe plutôt bien pour l’instant» commente Jean-Louis Guenot, «nous n’avons eu que deux césariennes pour le moment, et une seule perte d’animal, c’était un jumeau. C’est mieux que l’an passé à la même époque et nous espérons que cela va continuer ainsi pour les 25 veaux qui restent à venir». Le Gaec Guenot, qui participait aux dernières portes ouvertes bâtiments de la Chambre d’agriculture, se réjouit de son récent investissement en matériel de contention. «Nous avons douze boxes d’isolement qui se sont avérés très utiles cet hiver» relatent les éleveurs, «cela représente beaucoup de barrières et de cornadis, cet équipement est relativement cher pour du logement mais il nous fait gagner beaucoup de temps. Nous avons eu deux veaux qui se sont cassé une patte : ces boxes ont été très pratiques. Les exemples d’utilisation sont nombreux, il y a toujours des cas particuliers».
Triste conjoncture
Bien que nombreuses, ces dernières satisfactions n’arrivent pas à cacher les difficultés rencontrées dans le milieu de l’élevage. À ce titre, Jean-Louis Guenot aborde rapidement la «grosse» difficulté du moment, relative aux prix de la viande : «ils sont toujours stationnaires voire encore à la baisse pour certains animaux. Cela fait plusieurs mois que ça dure. Les prix ne sont pas du tout en phase avec les coûts de production et ce que payent les consommateurs lorsqu’ils font leurs courses. Je suis installé depuis trente ans : il y a toujours eu des hauts et des bas mais là, c’est vraiment compliqué». Aucune vache ne devrait être vendue à moins de 4€/kg selon l’éleveur de l’Huis Renaud: «aujourd’hui, nous sommes plutôt entre 3,40 et 3,50€/kg... Il manque au minimum 50 centimes pour pouvoir tirer un bénéfice qui ferait du bien à beaucoup de monde». Même les très bonnes bêtes typées viande de l’exploitation se retrouvent logées à la même enseigne : auteur d’une excellente prestation lors du dernier concours de boucherie de Saulieu (dix bêtes présentées, sept primées dont deux prix d’honneur), le Gaec Guenot enregistre là aussi des prix stables depuis une vingtaine d’années alors que les frais engagés «n’ont strictement rien à voir avec ceux des années 1990».
Les aléas sanitaires n’arrangent rien
Rémi Guenot, 28 ans, s’est installé sur la ferme familiale en 2014 et ressent pleinement cette crise. Cet ancien salarié agricole et agent du service de remplacement de Côte d’Or traduit ce contexte difficile : «Heureusement que j’ai rejoint une structure déjà en place sinon, ça n’aurait pas été envisageable. Ce contexte n’est vraiment pas simple pour un jeune qui s’installe. Il est très difficile de vivre décemment de son métier avec les charges que nous avons. Les cours des bovins, eux, doivent absolument évoluer sinon, nous allons tout droit dans le mur. Nous ne sommes pas beaucoup soutenus et il règne un climat d’incertitudes assez déplaisant. L’aspect sanitaire est un exemple, nous avons perdu beaucoup d’argent avec la FCO. Nous avions 23 veaux qui devaient partir le lundi. Les restrictions liées à ce fléau ont été annoncées trois jours plus tôt et nous été contraints de garder les animaux durant deux mois supplémentaires. Cela n’a fait qu’augmenter les coûts de production. Pour ne rien arranger, le prix de vente a chuté de 2 frs/kg (environ 0,3€/kg). Nous avons perdu environ 80 euros par veau».
Télédéclarations : on fait quoi ?
Le Gaec Guenot, qui a changé de statuts il y a deux ans suite à l’arrivée de Rémi, souhaiterait enfin connaître les soutiens auxquels il peut prétendre. «Nous avons augmenté le cheptel et nous ne connaissons toujours pas le montant des aides» regrette Jean-Louis Guenot, qui s’interroge fortement sur la nouvelle Politique agricole commune et ses différentes modalités : «nous avons engagé un certain nombre de parcelles en MAE l’an passé. Aujourd’hui, à la veille de débuter les télédéclarations pour la Pac 2016, nous ne savons toujours pas si elles ont été retenues, combien elles nous rapporteront et à combien se chiffrera le soutien. Ces MAE sont des contraintes et nous ne savons même pas si nous en tirerons un bénéfice. Pour cette Pac 2015, nous avons touché deux acomptes et puis plus rien. C’est le flou total. La DDT nous avait dit que nous serions normalement informés avant le début des télédéclarations. Nous attendons toujours». Le Gaec Guenot, prenant son mal en patience, n’en est pas à sa première mésaventure en terme de délai de paiements : prévue début novembre, la subvention accordée pour son nouveau bâtiment n’est arrivée que la semaine dernière.
«On sort» la semaine prochaine
Les 300°C base février sont atteints dans les zones de plaine, d’après le dernier Herbe hebdo de la Chambre d’agriculture de Côte d’Or. Les hauteurs d’herbe se rapprochaient des 8 cm préconisés : toutes les conditions étaient donc réunies vendredi dernier pour effectuer la mise à l’herbe. Si certains éleveurs ont déjà réalisé cette opération, d’autres ont été contraints de reporter avec le temps très pluvieux de ces derniers jours. Bon nombre d’élevages devraient mettre leurs animaux aux prés la semaine prochaine.