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Situation économique des exploitations

Rien n’est réglé

La FDSEA vient de réunir l’ensemble des partenaires pour un état des lieux départemental.
Par Aurélien Genest
Rien n’est réglé
Les participants ont assisté à une présentation des résultats prévisionnels des différents systèmes de productions.
L’année est déjà bien consommée et l’immense majorité des récoltes est effectuée : le moment était bien trouvé, pour le président Fabrice Faivre, de solliciter un conseil de l’agriculture afin de dresser un premier état des lieux de 2017.

François Massuard, chargé d’études à CER France BFC, a dévoilé les prévisions économiques des systèmes côte-d’oriens. Si les résultats sont globalement «meilleurs» que ceux de 2016, l’éclaircie ne concerne malheureusement pas l’ensemble des producteurs.

Fortunes diverses en grandes cultures
Malgré certains rendements de bons niveaux à l’Est du département, le produit moyen n’atteint pas 1400 euros/ha pour les grandes cultures spécialisées de la plaine. «La moisson record en Russie et la parité euro/dollar plombent les cours» rappelle le chargé d’études. L’EBE retrouve bel et bien des couleurs avec 378 euros/ha.

Le résultat courant, lui, est estimé à 127 euros/ha. Aucune euphorie n’est toutefois permise : «Après remboursement des engagements financiers et en intégrant les prélèvements privés, l’EBE de ces systèmes permet tout juste d’équilibrer l’exercice, sans plus» tempère François Massuard.

Les rendements sur les plateaux sont, pour leur part, encore une nouvelle fois très décevants  : «les disparités avec la plaine sont considérables. Dans le val de Saône, les rendements en blé approchent parfois 100q/h alors qu’ils n’atteignent pas 40 q/ha au nord de Dijon» poursuit l’intervenant, «en conséquence, le produit arrive à peine à 1 000 euros/ha : il s’agit du deuxième plus bas niveau de ces dix dernières années après 2016. L’EBE atteint 236 euros/ha pour un résultat courant proche de zéro».

Le déficit moyen de ces exploitations du plateau plonge désormais à 80 000 euros sur l’ensemble des cinq dernières années. La situation est préoccupante d’après le représentant de CER France BFC : «si les investissements baissent assez sensiblement depuis 2014, les emprunts suivent beaucoup moins cette tendance. Des emprunts long et moyen termes ont été réalisés pour conforter les trésoreries. Les taux d’endettement augmentent et sont aujourd’hui à 58%. A un tel niveau, les structures sont fragiles financièrement. Et 58% n’est qu’une moyenne, il faut en avoir conscience».

«Poussif» pour le lait
Les producteurs laitiers ont vu augmenter leurs volumes de 4% et leurs prix de 8% cette année. Les 1 000 litres de lait devraient être payés 335 euros sur 2017.

Le produit devrait atteindre 1 600 euros/ha, soit un niveau similaire à celui de 2014 et 2015. De -52 euros/ha l’an passé, le résultat courant devrait augmenter à 88 euros/ha. «Cela reste une petite année, la trésorerie est tout juste équilibrée et les trous des précédentes campagnes ne sont aucunement comblés» commente François Massuard, en soulignant d’importants écarts de performances entre les exploitations.  Pour les systèmes bovins viande spécialisés, l’année 2017 a permis à la France d’exporter
89 000 broutards supplémentaires en direction de l’Italie et de l’Espagne. Le cheptel allaitant français a quelque peu baissé et un nombre moins important de vaches laitières se sont retrouvées sur le marché. «Ces éléments favorables ont notamment permis une hausse de produit de 6% pour les producteurs, pour un résultat prévisionnel d’EBE à 362 euros/ha et un résultat courant de 169 euros/ha» relève l’intervenant.

La réouverture du marché algérien et plusieurs opportunités sur Israël pourraient permettre de consolider ces résultats.

Cap sur l’assurance

Plusieurs invités sont successivement intervenus à l’issue de cette présentation. Dominique Bossong, président de la MSA, a reconnu des difficultés récurrentes dans différentes catégories de producteurs, notamment céréaliers : «Nous avons beaucoup de sollicitations en ce moment. Mais plus loin que les revenus des exploitations, les agriculteurs vivent particulièrement mal leur manque de repères et de perspectives. Il y a beaucoup d’inquiétudes et de questionnements sur le terrain». Vincent Delatte, président de la caisse régionale du Crédit Agricole de Champagne Bourgogne, a fait part d’une nette progression des encours court terme ces trois dernières années (+61%), avant de rappeler l’importance de l’assurance récolte comme outil de gestion et de sécurisation des exploitations, David Rebouillat, représentant Groupama estimant qu’il fallait faire preuve de pédagogie autour de ces sujets. Ces propos ont été appuyés par Fabrice Faivre, pour qui «tout peut arriver sur une exploitation». Le président de la FDSEA a également souhaité examiner le  plan d’investissement de cinq milliards d’euros évoqué par Emmanuel Macron. Fabrice Genin a rappelé que «la profession s’est largement impliquée dans les audits filière conduits ces derniers mois avec le Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté». Ces audits portent «des propositions pour toutes les filières, qui peuvent correspondre au plan d’investissement proposé par le gouvernement». Des propositions devraient être formulées prochainement.