Relancer les naissances à tout prix !
Les commerçants en bestiaux bourguignons étaient réunis en Saône-et-Loire, fin mars. Au centre de leurs préoccupations : l’érosion des naissances bovines, la situation sanitaire et une conjoncture inédite.

Le Syndicat des commerçants en bestiaux de Bourgogne (SCBB) a tenu son assemblée générale à Chérizet, près de Cluny. Les commerçants en bestiaux ont exprimé toute leur inquiétude quant à la baisse des naissances bovines. L’érosion du cheptel se poursuit à l’échelle européenne et la baisse s’accélère même, confirmait l’intervenante de la Fédération française des commerçants en bestiaux (FFCB). 191 000 naissances auraient été perdues à l’échelle nationale depuis 2023. D’après les calculs d’Interbev, 20 % de cette baisse proviendrait de la décapitalisation et 80 % des maladies vectorielles. « Ces maladies, on va devoir vivre avec », résumait l’intervenante. Le GDS 71 confirmait pour cet hiver une hausse de mortalité sur les petits veaux, une baisse des déclarations de naissances avec beaucoup de vaches vides et un triplement des déclarations d’avortements. Du fait de l’impact de la FCO et de la MHE, les professionnels du bétail s’attendent à un manque d’animaux significatif en fin de campagne et pour la saison prochaine. Une baisse de production qui les inquiète beaucoup.
Maintenir un volume suffisant
Pour la FFCB, le mot d’ordre est de vacciner le cheptel de souche. Malheureusement, pour l’heure, les vaccins sont en rupture de stock. En attendant, les éleveurs sont vivement encouragés à effectuer des précommandes, levier indispensable pour que les laboratoires mettent des doses en marché. Les commerçants en bestiaux estiment aujourd’hui qu’il faut « relancer les naissances à tout prix. C’est un enjeu pour l’avenir de l’élevage ». Les professionnels de la filière sont convaincus qu’il faut maintenir un volume suffisant d’animaux produits. C'est une nécessité pour être en mesure de répondre à des appels d’offres de pays émergents, argumente Alexandre Berthet, coprésident du SCBB et président des jeunes négociants de la FFCB. Les commerçants en bestiaux appellent à soutenir les éleveurs à faire naître et pas seulement l’engraissement et l’indemnisation des pertes. Les négociants sont aux premières loges d’une conjoncture difficile à cerner. À la baisse des naissances s’ajoute une baisse des abattages depuis cette année. En ce moment, les opérateurs se retrouvent « en porte-à-faux face aux clients » du fait de broutards devenus très chers et de jeunes bovins en baisse… Au point qu’il leur sera probablement « difficile de maintenir le prix du maigre dans le futur… ». Les cours des femelles continuent d’augmenter. La veille de l’assemblée générale, les conditions d’exportation vers l’Italie étaient simplifiées pour la FCO. La FFCB aimerait que la recherche trouve un vaccin unique pour tous les sérotypes de la maladie.
Un secteur réactif
Concernant la MHE, les commerçants en bestiaux demandent l’arrêt du zonage. Ils sont également très inquiets de l’apparition de la fièvre aphteuse dans l’est de l’Europe. En conclusion, Alexandre Berthet parlait d’un « grand virage pour notre profession » ; une « occasion de se remettre en question » avec « des choses à faire » telles que « synergies, économies d’échelle… ». Confrontées à la baisse de production, les entreprises de commerce en bestiaux font face à la hausse des charges, aux coûts exorbitants de transport et à des normes foisonnantes… Mais loin d’être immobiles, les commerçants en bestiaux se restructurent et leurs entreprises demeurent dynamiques.