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Agrivoltaïsme

Réintroduire de l'ovin pour avoir des sols résilients

À quelques jours de la fin de l'enquête publique, Alexandre Bardet, agriculteur en polyculture élevage et membre du collectif porteur du projet des « Champs Solaires Nucériens », attend avec impatience la suite de l’instruction.

Par Charlotte Sauvignac
Diversification
Les ombrières photovoltaïques placées à la SCEA de la borde à Noyers-sur-Serein.

C'est à Noyers-sur-Serein, à la SCEA de la Borde, qu'Alexandre Bardet, coassocié avec son cousin Damien Bardet, a choisi de réintroduire de l'élevage ovin sur son exploitation pour améliorer la résilience des sols. « C'est quand même la restauration du pastoralisme sur des fermes où il n'y en avait plus, c'est la baisse de la pression phytosanitaire, et ça, c'est un modèle vertueux », affirme-t-il. Après avoir repris l'exploitation familiale de son père et de son oncle, Alexandre Bardet prend conscience que les sols dont il a hérité ont perdu en fertilité. « Dans les années soixante-dix, toutes les fermes étaient en polyculture élevage, mais quand le colza est arrivé mon grand-père a arrêté l'élevage. Le colza a sorti l'élevage des fermes. On a alimenté les sols avec des minéraux, qui alimentent la production mais pas le sol. On nourrit un système qui desserre l'agriculture », confie-t-il, conscient des erreurs du passé. Au départ en retraite de son oncle et de son père, ils souhaitent orienter l’exploitation uniquement sur l’atelier vigne. « En 2016, avec Damien, mon associé, on s'est dit qu'on allait arrêter les céréales et qu'on allait faire que de la vigne sauf que le gel et la grêle, nous ont percutés de plein fouet, on a récolté 0,00 euro, on n'a pas collé une étiquette », ajoute-t-il, à la suite de sa réflexion. Après un échec en viticulture, les deux associés tentent donc de diversifier au maximum leur exploitation. Ils décident donc de conserver les cultures sur leurs exploitations, en ajoutant au conventionnel, le bio. Avec des difficultés sur le bio car « on s'aperçoit aujourd'hui, qu'il n'y a plus les aides au maintien. On est sortis de la conversion, donc on a plus les 300 euros de l'hectare. L'année dernière on a fait 13 quintaux en blé, ça ne suffit pas. Sans les aides, le modèle économique ne marche pas », manifeste Alexandre Bardet, en quête de solutions viables.

Se tourner vers l’élevage

Aujourd’hui, la SCEA de la Borde fait 485 ha, dont 10 ha de vignes, 15 ha de jachères, 30 ha de pâtures, 100 ha de luzerne, 100 ha de blé et 230 ha en méteil. Alexandre Bardet détaille que la luzerne implantée depuis 3 ans sur son exploitation « fait quand même plus d'un 1/5 de la surface mais qu’elle est difficilement valorisable dans le secteur ». Face à ce constat l’idée de réintroduire l’élevage sur l’exploitation est en projet. La rencontre avec Charles de Poumayrac, chef de projet à GLHD, accélère la démarche : créer un atelier ovin et réaliser un îlot agrivoltaïque destiné à l'élevage ovin dans un projet plus global avec d’autres agriculteurs. Ainsi cela permettrait de valoriser la luzerne. « L'hiver ça sert de fourrage », confie-t-il. Sauf qu'avant toute chose, il n'a jamais fait d'élevage au sein de son exploitation. Il décide donc d'intégrer des brebis, en commençant par un petit troupeau, 90 à 120 brebis, la première année, afin « d'être plus à l'aise, avoir un schéma de fonctionnement, de comprendre les choses, avant que le projet agrivoltaïque arrive », justifie-t-il, avant de confier la difficulté, « c'est toujours difficile de prendre la décision de réintroduire l'élevage sur des structures qui n'en avaient pas, d'autant plus que quand tu n'es pas né dedans, c'est compliqué à intégrer psychologiquement, dans le sens où tu te dis que tu dois être mobilisé 365 jours par an », confesse Alexandre Bardet. Quelques années après le démarrage du projet, l'agriculteur de Noyers-sur-Serein s'est familiarisé avec l’élevage. « Cette année, on devrait arriver à 550 brebis normalement. Cet atelier nous permet de valoriser un salarié à plein temps et de pouvoir libérer les week-ends. En tout cas, je ne voulais pas imaginer l'atelier ovin, autrement qu'avec une certaine dimension, de manière à valoriser l'emploi d'un verger », argumente-t-il. Il a même pensé à l'implantation d'ombrières photovoltaïque pour continuer à se diversifier, en attendant le verdict concernant le projet des « Champs Solaires Nucériens ». « On est en train de mettre en place des ombrières photovoltaïques pour les animaux. On mettra des clôtures ensuite, et on améliorera le bien-être animal », conclut-il.

Diversification
Les 450 moutons déjà présents sur le site d'Alexandre Bardet.