Accès au contenu
Dijon-Céréales

Regards croisés sur la coopération

Comment concilier ancrage territorial et développement à l'€™international ? A quelques jours de l'€™assemblée générale de Dijon Céréales, c'€™est la question que nous avons posée au président du groupe, Marc Patriat et à son directeur général Pierre Guez.
Par Propos recueillis par Anne-Marie Klein
[G]TdB : Alors Marc Patriat et Pierre Guez, comment concilier ancrage territorial et développement à l'€™international, sans perdre son âme de coopérateur? [g]

[G]Marc Patriat :[g] «L'€™un et l'€™autre son liés, car notre objectif c'€™est de rémunérer le mieux possible l'€™agriculteur. Mais pour assurer l'€™avenir du coopérateur, il faut assurer l'€™avenir des marchés sur le plan international comme sur le plan régional. Nous sommes compétitifs sur le bassin méditerranéen grâce à Cérévia. Il n'€™est pas question pourtant de perdre de vue nos marchés régionaux. Notre logique de développement dans la meunerie en est un exemple concret».

[G]Pierre Guez :[g] [I]«N'€™oublions pas non plus le contexte de la réforme de la PAC. Les soutiens européens ne dureront pas éternellement et le nombre d'€™agriculteurs diminue. Il va donc falloir leur proposer des modèles de plus en plus
performants en termes de rentabilité et de plus en plus économes en termes de fonctionnement. Il faut dès à présent se mettre en ordre de marche pour construire ces modèles tant que nous en avons le potentiel»[i].

[G]TdB : Dijon Céréales est engagé avec d'€™autres coopératives régionales dans des partenariats et des unions qui répondent à cet objectif, mais vous semblez vouloir aller plus loin. Pourquoi et comment ? [g]

[G]Marc Patriat :[g] «La coopération interrégionale s'€™est structurée, mais ce ne sont encore que des partenariats. Un développement stratégique vraiment durable exige une autre dimension. Dijon Céréales a poussé les trois régions (Bourgogne, Franche-Comté et Rhône-Alpes) à se fédérer dans Cérévia pour la commercialisation des grains. Avec Area, qui vient de succéder à l'€™Union Est Agro, nous couvrons désormais 7 régions du grand Est en matière d'€™approvisionnement, nous constituons un poids vis-à-vis des fournisseurs. Mais une union de coopératives, ce n'€™est pas une entité économique à part entière. Si l'€™on veut atteindre la taille critique, il va falloir faire mieux et aller plus loin».

[G]Pierre Guez :[g] [I]«Nous encourageons la création d'€™une entité d'€™une taille significative car, si la dynamique de la coopération a permis de conserver et de développer des parts de marché, l'€™atomisation de nos coopératives fragilise encore l'€™ensemble du système. Les unions permettent de massifier les produits. En revanche, nous pouvons aller plus loin en termes de mutualisation des moyens, je pense à tout ce qui concerne l'€™informatique ou la logistique par exemple. Pour que le système profite encore plus au producteur, il faut faire des économies d'€™échelle mais aussi asseoir la capacité financière des structures. Coop de France insiste beaucoup actuellement sur le renforcement des fonds propres des coopératives. Une stratégie de développement plus ambitieuse - donc d'€™avenir- exige une surface financière dont nous sommes loin les uns et les autres, même si nos fonds propres sont satisfaisants»[i].
[G]
TdB : Ne pensez-vous pas qu'€™une telle vision peut in-
quiéter et susciter quelques frilosités?

Marc Patriat :[g] [I]«Tout peut aller vite lorsque la dynamique régionale et interrégionale repose sur la cohérence et la complémentarité des territoires. Le dossier d'€™Area est exemplaire à ce titre. Il a été bouclé en un an, alors que 19 coopératives sont concernées ce qui aurait pu compliquer le montage. Mais comme elles partagent une même vision économique et territoriale, cette nouvelle dimension allait de soi»[i].

[G]Pierre Guez :[g] [I]«Nous ne manquons pas d'€™atouts pour envisager la construction d'€™une grande coopération interrégionale Bourgogne, Franche-comté, Rhône-alpes. Les bases sont déjà là. Rien qu'€™en Bourgogne, on pourrait envisager la création d'€™une entité économique qui nous permette d'€™atteindre cette fameuse taille critique significative. C'€™est maintenant, quand le contexte est favorable, qu'€™il faut envisager l'€™avenir et le préparer concrètement»[i].