Accès au contenu
Emploi

Recherche salariés désespérément !

Peu de candidats motivés au job dating organisé par la FDSEA de l’Yonne et l’Arefa* Bourgogne. Les métiers de l’agriculture ou de la viticulture feraient-ils peur… ?
Par Dominique Bernerd
Recherche salariés désespérément !
Des professionnels étaient présents pour expliquer entre autres, les métiers de la vigne, à l’image de Jean-Baptiste Thibaut, viticulteur à Quenne et d’Isabelle Gagnepain, viticultrice à Beine.
«Nous partîmes deux cents, mais par un prompt envol, nous nous vîmes neuf en arrivant au port» Pardon au grand Corneille de paraphraser ses vers, mais il était tentant de le faire, tant les chiffres illustrent bien le contexte dans lequel s’est déroulé le job dating organisé par la FDSEA de l’Yonne et l’Arefa Bourgogne. Une matinée entière, dédiée à l’information et au recrutement des futurs salariés de la production agricole et viticole. L’amphithéâtre du lycée La Brosse était plein ce jeudi matin : plus de 200 personnes convoquées impérieusement par Pôle Emploi, toutes envolées ou presque, une fois terminée la présentation des métiers et des débouchés potentiels qu’offrent aujourd’hui la viticulture et l’agriculture. Au final, 9 candidats, curieux et motivés sont restés pour être reçus à l’entretien de sélection qui suivait. Ancien magasinier, menuisier en recherche d’emploi, maçon en reconversion professionnelle… Les profils sont divers, mais tous, quelque soit leur âge, se disent prêts à entamer un nouveau départ. Les uns vont intégrer prochainement une formation ACQ* en viticulture, d’autres iront, dans quelques semaines, s’imprégner du milieu professionnel, par une approche de quelques jours sur une exploitation.
Il est permis de s’interroger sur l’opportunité d’une pré-sélection en amont, par les services de Pôle Emploi, des candidats potentiels, tant il était manifeste, aux dires même d’un viticulteur présent, que la moitié des 200 personnes ayant fait le déplacement, n’avait pas le profil requis pour travailler dans les vignes. Difficile d’arpenter les coteaux, quand on est appareillé et semble t-il, en insuffisance respiratoire! Se pose toutefois la question pour d’autres, d’une réelle motivation à trouver ou retrouver un emploi salarié, notamment chez les plus jeunes, peu enclins à travailler dans un monde qui leur est pour la plupart, inconnu, voire considéré comme une planète lointaine !
Un monde «d’extra terrestres», qui n’a pas effrayé Toufik, 57 ans et ancien ouvrier du bâtiment, reconverti salarié chez Fulmen pour cause de maladie professionnelle. Enchaînant les «petits boulots», depuis la fermeture de l’usine au début de la décennie et prêt à «tailler» la vigne. Le travail extérieur, il connaît : «de toute façon, on a toute la vie pour apprendre et tant qu’on n’a pas fait l’approche d’un nouveau métier, on ne peut rien en dire. Seule compte la motivation, elle lève toutes les barrières». Des propos qui auraient pu sonner comme une «leçon de vie» aux oreilles de ceux qui se sont précipités vers la sortie, à peine la présentation terminée. Partis trop vite ! Mais vers quoi et vers où…?

* Arefa : Association Régionale pour l’Emploi et la Formation en Agriculture
* ACQ : Action Courte Qualifiante