Quoi de neuf à Baigneux ?
Nous avons rencontré Didier Robin, agriculteur et maire de Baigneux-les-Juifs pour parler de tout et de rien. Enfin surtout de tout !

Un tracteur aperçu à Baigneux : nous nous arrêtons. La tête de l'exploitant nous est familière puisqu'il s'agit de Didier Robin, l'ancien président de la coopérative de déshydratation, seul agriculteur dans son village. La dernière fois que nous l'avions croisé, c'était fin février, dans le cadre de sa recherche de médecin pour sa commune. Avant d'aborder la fenaison et les moissons avec lui, la question nous brûle les lèvres : alors ? « Non, rien… L'ancien médecin de Baigneux n'a toujours pas de successeur et les habitants doivent encore se déplacer pour se faire soigner… », répond le maire qui, même s'il ne désespère pas, commence forcément à trouver le temps long. Il y a bien eu des pistes ces dernières semaines, mais aucune ne s'est concrétisée : « quelqu'un était prêt à être embauché. J'ai fait venir la communauté de communes, on s'était mis d'accord sur un prix : 5 500 euros mensuels, mais il a demandé le double, 11 000 euros nets ! Il nous a dit qu'un remplacement de 24 heures, en garde de nuit au CHU de Dijon, lui permet de toucher 1 500 euros nets ! On a beau dire que l'argent n'est pas un problème mais si, c'est un problème. Pour 35 heures ici, il aurait eu son cabinet, une secrétaire, les 5 500 euros étaient plus que du net. Mais cela ne s'est pas fait ! ».
« Plutôt joli »
Bon allez, parlons de choses plus agricoles. Ça dit quoi, on en est où à Baigneux ? Didier Robin répond que « c'est plutôt joli » : « mais ici, on aime bien parler une fois que c'est dans la benne. Sur nos petites terres, il y a souvent des surprises, du bon côté comme du moins bon. D'ailleurs, les coups de chaud que nous auront peut-être des conséquences, je ne sais pas ». Le jour de la sortie de ce journal, les moissons auront déjà débuté, estimait Didier Robin, rencontré le 18 juin : « tout mûrit vite et tout sera récolté plus vite que prévu, finalement. Avec cette météo, au moins, nous pouvons et nous pourrons travailler sur de longues périodes et faire du bon boulot, contrairement à l'an passé. En l'eau de 2024, c'était impossible ». En « creusant » un peu plus, aussi bien l'orge, que le blé et le colza semblent prometteurs. Les agriculteurs « du coin » semblent confiants mais le vrai problème, forcément, sera le prix : « il est certain que ce ne va pas passer. En plus, je vois que le prix du gazole remonte avec le conflit entre Israël et l'Iran. Ce dernier pays ne représente que 3 % du pétrole mondial mais il y a déjà des impacts à la pompe, on nous prend pour des pigeons ! La période qui débute est celle où nous consommons le plus de carburant ». Croisé lors d'une prestation de services en foin, Didier Robin observait une baisse des volumes mais une qualité remarquable de la récolte : « entre les tonnages et la qualité, nous retiendrons la qualité. C'est un plus pour les animaux qui en ont manqué après les récoltes de 2024 ».
23 ha de moutarde
Didier Robin parle ensuite de sa propre ferme : « les cultures sont en bio et sont donc décalées par rapport au conventionnel. Le blé, c'est joli là aussi, mais comment va-t-il réagir face aux fortes chaleurs que nous avons ? J'ai également du colza : il est prometteur, mais une partie d'un champ est très sale et j'aurai beaucoup de mal à le récolter ». C'est une grande première pour lui : l'agriculteur a semé très récemment de la moutarde bio, celle-ci a eu la chance de bénéficier des précipitations du week-end des 14 et 15 juin : « j'ai testé cette culture car je ne sais plus quoi mettre pour être rémunéré. Oui, je n'ai pas fait semblant en semant 23 ha de moutarde ! Vu que c'est inédit, je vais assurer le coup en semant de la luzerne dans la même parcelle, afin d'assurer une récolte ». Pour terminer cette rencontre (en guise d'anecdote) en plus de contribuer à la souveraineté alimentaire du pays comme ses homologues agriculteurs, Didier Robin assure aussi le renouvellement de générations puisque cet homme de 41 ans attend son quatrième enfant pour le mois de septembre !