Inondations
Qui l’eût cru ?
Châtillon-sur-Seine et ses alentours ont les pieds dans l’eau en ce début d’année.

Un coup de tempête et deux crues en trois semaines : le Châtillonnais accumule les aléas depuis le 1er janvier. «Il est tombé 160 mm depuis cette date» relevait la semaine dernière Victor Matrat, agriculteur à Prusly-sur-Ource qui avait 40 hectares sous l’eau le 25 janvier : «par chance, mes 13 hectares labourables sont destinés au maïs et ne sont donc pas semés. Beaucoup d’autres exploitants ont des parcelles inondées, nous redoutons le gel à l’issue de la décrue». Face à de tels évènements, le JA du canton de Châtillon/Laignes/Montigny ne peut s’empêcher d’aborder les circonstances aggravantes d’un tel déluge : «les surfaces bitumées des zones industrielles et commerciales n’aident sûrement pas à l’évacuation de l’eau. Aussi et surtout, je pense aux personnes qui vont devoir indemniser tous ces dégâts matériels : elles devraient, comme le fait la profession agricole, faire pression sur le gouvernement pour trouver des solutions. Une gestion intelligente de l’eau éviterait bien des problèmes. La constitution de bassins de rétention serait intéressante : nous pourrions les remplir l’hiver et les utiliser en été pour avoir de l’eau toute l’année. Mais les citoyens parisiens ne l’entendent sans doute pas de cette oreille, eux qui commandent cette politique de gestion de l’eau. Ils parlent de continuité écologique tout au long de l’année : lors des inondations, ils s’en fichent un peu. Autre chose : on ne parle pas des citernes à fioul noyées dans les caves inondées et qui se répandent dans la nature, ou encore moins des stations d’épuration submergées. Par chance, aucun apport d’azote n’est effectué : on aurait pu encore accuser les agriculteurs de polluer. D’ailleurs, pas grand monde ne parle des agriculteurs qui ont leurs parcelles inondées. La solution pour entretenir nos rivières et les utiliser à bon escient ne viendra sans doute pas de ces incompétents de bureaux».
La Saône déborde aussi
La Saône vivait sa deuxième crue la semaine dernière, avec un niveau d’eau supérieur à la moyenne d’une crue hivernale. La Tille est également touchée depuis sa source. «Plusieurs milliers d’hectares sont inondés dans tout le département. Des images prises par satellite chiffrent à 15 000 le nombre d’hectares sous l’eau pour uniquement le val de Saône» indiquait la semaine dernière Nicolas Michaud, responsable professionnel à la Chambre d’agriculture et référent du dispositif «Agri-vigilance-inondations-Saône», «il y aurait, pour le moment, assez peu de conséquences pour l’agriculture. Il ne faudrait pas non plus que l’eau reste trop longtemps». Cet épisode pluvieux remet au goût du jour les problématiques des inondations : «comme tous les ans, elles peuvent survenir au printemps et peuvent faire nettement plus de ravages à cette période là de l’année. Celles-ci peuvent être évitées et nous y travaillons. Une étude est actuellement menée avec la DDT, L’EPTB et VNF. Nous attendons les résultats qui pourraient mettre en évidence certain points à améliorer, comme des lacunes d’entretien des rivières ou encore des problèmes d’actionnement de barrages». Nicolas Michaud ose relever un point positif sur ces évènements pluvieux : «les nappes phréatiques se sont rechargées, certaines sont déjà saturées alors qu’elles étaient en déficit il y a seulement deux mois».