Parc national
Quelles suites pour les agriculteurs ?
Plus de quarante exploitants viennent de faire le point sur les avancées syndicales relatives au parc national des forêts de Champagne-Bourgogne.
Virginie et Alexandre Brion, à Villote-sur-Ource, recevaient jeudi 18 juin des agriculteurs dans leur cour de ferme. L’invitation avait été envoyée par la FDSEA et les JA qui souhaitaient faire le point sur le dossier du Parc national des forêts de Champagne Bourgogne. Samuel Maréchal (FDSEA) et Victor Matrat (JA) étaient présents. «Les agriculteurs sont en colère» confiait d’emblée Thierry Ronot, le responsable du dossier à la FDSEA, qui résumait l’état d’esprit général : «nous n’arrivons toujours pas à nous faire entendre. Tout le monde est bien conscient du trucage du vote institutionnel que personne n’arrive encore à digérer. Les 80% de oui ne reflètent pas du tout la situation, on serait plutôt entre 30 et 40%... On nous a trompés, menti, emmenés sur un mauvais terrain. Nos biens et nos outils de travail vont être dévalués d’environ 40 % avec les nombreuses contraintes supplémentaires qui empêcheront d’exploiter convenablement pour tirer un revenu décent». La position syndicale à cette date du 18 juin reste inchangée : «nous attendons toujours une revue de la copie» insiste Thierry Ronot, «le dossier de prise en considération qui se trouve aujourd’hui sur le bureau de la Ministre ne nous convient pas tel qu’il est écrit. Le travail de concertation n’a pas été fait. On nous a fait croire que les recommandations allaient améliorer le dossier mais ils n’ont tenu compte d’aucune de ces recommandations». Arnaud Elrhacher, animateur à la FDSEA, est revenu sur les différentes rencontres, prises d’initiatives et propositions depuis le 11 février, date de l’assemblée générale du GIP à Chaumont. Trois dates ont été notamment rappelées : le 13 mai, une rencontre était organisée avec Jean-Paul Celet, le préfet coordonnateur du parc, unique interlocuteur de la profession agricole. L’intervention d’un médiateur a été proposé pour renouer le dialogue entre la profession et l’État. Le retrait de 1 000 mètres de terres agricoles autour des villages de la zone de cœur a lui aussi été proposé lors de ce rendez-vous, hypothèse qui pourrait faire passer de 12 000 à 6 000 le nombre d’hectares de terres agricoles dans cette même zone d’études de cœur. Le 28 mai, les instances parisiennes (CNPN : Conseil national de la protection de la nature et CIPN: Comité interministériel des parcs nationaux) donnaient un avis défavorable à ce retrait de 1 000 mètres, celui-ci n’ayant pas été validé lors de l’assemblée du 11 février. Le 12 juin, une rencontre était organisée avec le conseiller de Ségolène Royal, la ministre de l’Environnement qui était de passage dans le département. Les avis du CNPN et du CIPN ne seraient que «consultatifs» : c’est bien la Ministre qui «tranchera» peut-être à la fin de ce mois. Si cette hypothétique réduction du nombre d’hectares peut s’apparenter à une avancée, celle-ci ne ravit pas les agriculteurs qui restent là encore sur leur position initiale : aucune terre agricole ne doit apparaître dans cette zone d’études de coeur, comme cela était prévu dans les premières discussions de 2009. Thierry Ronot a alors rappelé les leçons tirées d’un voyage organisé il y a quelques semaines dans les Cévennes : «nous avons passé plusieurs jours là-bas pour nous rendre compte des différentes conséquences d’un tel parc. N’avons trouvé aucune personne qui nous en ait dit du bien... Dès lors que l’on veut faire quelque chose, il faut une une demande. Les restrictions sont nombreuses, dans tous les domaines, c’est très difficile à vivre. Sur l’aspect chasse, il se retrouvent en surpopulations de gibier...»