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Insee

Quelle place pour l’Yonne au sein de la nouvelle région ?

«L’Yonne à la croisée des chemins en Bourgogne Franche-Comté et aux confins du Bassin Parisien» Un thème sur lequel ont planché les services de l’Insee et qui a donné lieu à une réunion d’information organisée en préfecture
Par Dominique Bernerd
Quelle place pour l’Yonne au sein de la nouvelle région ?
3 pôles regroupent à eux seuls 40 % des emplois de la région Bourgogne Franche-Comté : Dijon, Besançon, Belfort Montbéliard
Le contour et les fondations de la nouvelle entité qui naîtra au 1er janvier prochain sont déjà bien connus, mais quelle sera la place de notre département dans cette région Bourgogne Franche-Comté, vaste de 47 800 km, qui s’étendra de l’Ile de France à la frontière suisse. Une région qui totalisera huit départements, pour 2,8 millions d’habitants, ce qui la classe en terme démographique, au 11ème rang des treize régions définies, juste avant le Centre Val de Loire et la Corse, soit 4% de la population nationale. Avec un clivage démographique certain, puisque la zone dense se situe pour l’essentiel à l’est de la région, soit toute la partie frontalière avec la suisse (Doubs et Jura). Une densité que l’on ne retrouve qu’à l’extrême ouest, dans la vallée de l’Yonne, en continuité de la région Ile de France, avec au milieu une zone beaucoup moins dense, englobant le Châtillonnais, l’Auxois et le Morvan. Avec une moyenne de 59 habitants/km2, la Bourgogne Franche-Comté (BFC) est moitié moins
peuplée que la densité nationale, le département de l’Yonne, avec 340 000 habitants, en comptabilisant pour sa part 46 au km2, devant la Nièvre (31,8) mais loin derrière le Doubs (101,5) ou la Saône et Loire (64,7).
 
Un revenu médian annuel de 19 K€
Ce clivage apparaît également en terme d’âge de la population, la part de jeunes de moins de 25 ans se retrouvant majoritairement à l’Est de la région BFC (en gros, de Dijon à Montbéliard). Ce qui n’est pas sans incidence sur les territoires et la dynamique liée aux flux migratoires. De nombreuses communes icaunaises ont ainsi perdu des habitants lors de la dernière décennie (Saint-Florentin, Tonnerre, Migennes…), sans que les zones aux alentours n’en gagnent pour autant. A contrario, on note une forte périurbanisation autour d’Auxerre et surtout de Sens, du fait de l’attractivité de la zone parisienne. Concernant le solde migratoire, l’Yonne reste toutefois à l’équilibre, totalisant 33 000 départs et arrivées sur les cinq dernières années, principalement d’Ile de France en ce qui concerne les arrivées. En matière de revenus, l’Yonne est un peu en retrait de la moyenne nationale, avec un revenu médian de 19 K €. Pas de surprise là non plus au niveau de la région, avec des zones les plus riches correspondant aux zones urbanisées : Dijon, frontière suisse, couloir viticole entre Beaune et Macon… Un schéma identique dans l’Yonne, avec des revenus plus élevés au nord de Sens, à Auxerre, ainsi que dans le Chablisien.

L’extrême nord tourné vers la région parisienne
Le département est marqué par une forte attractivité résidentielle, principalement dans le Sénonais. Plus de 11 000 personnes résidant dans l’Yonne  (soit 9,3 % de la population) vont ainsi travailler quotidiennement en Ile de France. Pour treize communes situées au nord de Sens, la part des actifs en emploi en IDF est même supérieure à 50%. A titre de comparaison, ils sont environ un millier à aller travailler chaque jour dans le Loiret ou en Côte d’Or. Un peu moins pour l’Aube et la Nièvre. L’attractivité de la région parisienne est en constante augmentation, confortant l’isolement de l’Yonne au sein de la région Bourgogne. Un phénomène qui ne peut que s’amplifier, du fait du déplacement vers l’Est du centre de gravité de la nouvelle région à naître au 1er janvier. L’un des enjeux pour la Bourgogne Franche-Comté, sera sans nul doute, de parvenir à mener une politique visant à freiner ce processus. D’autant que la région est déjà victime de l’attrait du Mâconnais, pour la région Rhône-Alpes. Le phénomène n’est pas nouveau, puisqu’en 1907 déjà, les instances de la Chambre de Commerce de l’époque, demandaient le rattachement de l’Yonne à ce qui serait la future région Ile de France !
 
Auxerre, premier pôle d’emplois de l’Yonne
L’industrie pèse lourd dans l’économie de la région BFC, avec 187 000 salariés  (17 % de l’emploi), ce qui en fait la 1ère région industrielle de France. L’Yonne, avec 21 000 emplois, reste dans la moyenne régionale, supérieure de quatre points aux chiffres nationaux. A noter : 25 000 salariés relèvent de la fabrication de denrées alimentaires, avec parmi les deux établissements de plus de 450 salariés, celui du groupe Sonagral (ex Senoble), situé dans le nord de l’Yonne. En ce qui concerne l’agriculture, 4 % des emplois de la future région en relèvent, pour un chiffre identique de valeur ajoutée produite, la plaçant au 2ème rang national. Une valeur ajoutée importante, du fait principalement de la viticulture. Pour l’Yonne, ce sont 5,3 % des emplois qui relèvent ainsi de l’agriculture.
Moteurs de l’activité économique du département, deux zones dynamiques se démarquent : Auxerre, à l’activité plus tertiaire et Sens, plus industrielle. Premier pôle d’emploi de l’Yonne, Auxerre rayonne à ce titre sur une aire urbaine ne cessant de s’étendre. Les deux zones regroupant 48 % de la population du département (165 000 habitants), pour 55 % de ses emplois (70 300 emplois). Le bassin de vie d’Avallon pour sa part, bien équipé et implanté dans un espace dépourvu d’autres communes «phare», voit l’emploi progresser, en lien avec un profil tertiaire orienté vers la santé et l’action sociale notamment, tout en voyant sa population diminuer. Une baisse d’habitants à laquelle sont confrontées également des communes comme Saint-Florentin, Tonnerre ou Migennes, victimes d’une diminution des emplois liés à l’industrie. A l’Ouest du département, émergent deux bassins de vie majeurs : Charny et Saint-Sauveur en Puisaye, qui bénéficient de l’installation de retraités en provenance de la région parisienne et en font un espace rural résidentiel, mais comptant peu d’emplois et à la population vieillissante.

L’Yonne en chiffres (Sources INSEE) :

Superficie : 7427 km2
Densité 2012 : 46 hab / km2
Population 2012 : 341 900 habitants
Part de moins de 25 ans : 28 %
Part des 75 ans et plus : 11,2 %
Revenu médian par UC : 19 079 €
Nombre d’emplois (estimations 2013) :
122 400
Part de l’emploi agricole : 5,3 %
Part de l’emploi industriel : 16,5 %
Part de l’emploi tertiaire marchand : 40,6 %
Taux de chômage (T1 2015) : 9,8 %
Taux de pauvreté (2012) : 13,7 %

Nombre d’emplois selon secteur d’activité en 2012 :
Agriculture : 7018 (5,7 %)
Industrie : 21 065 (17 %)
Construction : 8 748 (7,1 %)
Commerce/transports/Services divers : 47 743 (38,5 %)
Administration publique, enseignement, santé, action sociale : 39 394 (31,8 %)

Plus de renseignements sur : www.insee.fr