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Inondations

Que se passe-t-il avec la Saône ?

L’affluent du Rhône a récemment débordé, occasionnant d’énormes problèmes pour les agriculteurs de Côte d’Or.
Par Aurélien Genest
Que se passe-t-il avec la Saône ?
( Crédit photo : SDIS 21 ) De nombreux bovins se sont retrouvés piégés par les eaux.
Du «jamais vu» selon les éleveurs. Le niveau de la Saône est monté durant cinq jours consécutifs, la semaine dernière, du dimanche au jeudi. «Cette élévation du niveau d’eau n’avait jamais été supérieure à trois jours» confie Daniel Mery, au hameau de La Feuillée à Auxonne. Comme bon nombre de ses collègues, l’éleveur de
60 ans a eu très peur pour ses bovins, lâchés début avril, leur vie ne tenant qu’à quelques ares encore émergés. «Le niveau d’eau est monté à une vitesse fulgurante alors qu’il n’avait pas plu le moindre millimètre durant cette période. Je n’avais enregistré que 59 millimètres la semaine précédente» indique le Côte d’Orien, s’interrogeant sérieusement sur le «pourquoi du comment» de cette crue : «la Saône, on commence à la connaître. Personnellement, j’ai toujours vécu et travaillé ici. Nous n’avons pas l’habitude de laisser trainer nos bêtes comme ça, dans nos prés, quand le niveau commence à monter. Là, nous n’avons rien pu faire. Il était trop tard pour accéder en bétaillère». A quelques kilomètres de là, sur la commune de Perrigny-sur-l’Ognon, les pompiers sont mêmes intervenus en bateau. L’équipe du SDIS s’est mobilisée pour apporter du foin aux bovins durant deux jours, les animaux se retrouvant piégés.

Des dégâts à déterminer
Le réseau Agri Vigilance a été déclenché en amont de cette crue, dès le dimanche 17 avril à
9 heures. Ce dispositif mis en place par la Chambre d’agriculture et la FDSEA de Côte d’Or a permis aux éleveurs d’être informés et de limiter la casse.

Nicolas Michaud, responsable professionnel à la Chambre d’agriculture et membre du conseil d’administration de la FDSEA, a rencontré les services de l’État dès le début de la crue et revient sur ces inondations : «Nous avons contrôlé tout ce qui avait été réalisé en terme de manœuvres et gestion, notamment au niveau des barrages. Tout a été mis en œuvre pour limiter les dégâts, il s’avère qu’il n’y avait rien à faire pour éviter ça... Toutes les actions possibles ont été réalisées en temps et en heure. Tous les barrages ont été couchés jusqu’à Tournus, en Saône-et-Loire, pour qu’un maximum d’eau puisse s’écouler. Plus de 500 millions de m3 devaient passer... Il y a eu de grosses précipitations le week-end qui a précédé cette crue, sur tous les bassins versants de la Saône. Il est tombé plus de 100 mm en 72 heures sur le Jura, le Doubs et les Alpes. L’effet cumulé de ces participations explique cette importante crue chez nous, le Rhône était plein. Jamais une crue n’est pareille et celle-ci nous le prouve encore une fois.... Les dégâts dans les cultures conséquents. Cet épisode sera malheureusement de moins en moins exceptionnel selon moi. Nous le revivrons sans doute dans un avenir proche. Je pense que nous sommes en train de connaître une certaine facette du chamboulement climatique, avec de fortes précipitations dans des laps de temps de plus en plus courts».