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Sabot d’argent et sabots de bronze

Quatre élevages récompensés et dix autres félicités

La Fédération régionale Bovins croissance de Bourgogne vient de décerner le Sabot d’argent et les Sabots de bronze. La remise des distinctions s’est déroulée au Gaec Henriot à Villebichot (21). L’occasion pour les membres du conseil d’administration de France Conseil Élevage de découvrir de l’intérieur une exploitation en polyculture-élevage convertie en bio et une association d’éleveurs, « le Goût d’ici ».
Par Anne-Marie Klein
Quatre élevages récompensés et dix autres félicités
Le Sabot d’Argent de Bourgogne est décerné à Michel Virely, de Corsaint en Côte d’Or.
Beaucoup de monde avait répondu à l’invitation des Bovins croissance 21, Alsoni Conseil élevage et Alysé, pour assister à la remise des Sabots d’argent et d’or ; il faut dire que le programme était chargé, puisqu’il s’agissait aussi de découvrir d’une part, le Gaec Henriot, exploitation convertie en bio et d’autre part, une association d’éleveurs commercialisant une partie de leur production viande sous la marque «le Goût d’ici». L’occasion aussi pour le conseil d’administration de France Conseil Élevage (réseau Conseil élevage et Bovins croissance) de découvrir une partie de la Bourgogne, ses vins, ses productions et ses pratiques agricoles, avant de partager un repas concocté par les adhérents du «Goût d’ici».
Pour cette nouvelle édition des «Sabots», la charolaise était à l’honneur, cette race étant la seule à bénéficier d’un nombre suffisant d’éleveurs classés pour avoir un trophée. Le Sabot d’argent au titre de la Bourgogne, a été décerné à un éleveur de Côte d’Or, Michel Virely, de Corsaint. trois Sabots de bronze ont ensuite été décernés : au Gaec Star 2000 de Issy l’Évêque (71), à Gérald Fromentin de Saints (89) et à Didier Tardivon de Germenay (58). D’autres éleveurs se sont vus aussi récompensés pour leurs bons résultats, en race charolaise, en limousine, salers, aubrac et parthenaise (voir le palmarès complet).
Les lauréats des Sabots en charolais et les premiers de Bourgogne dans les autres races pourront concourir à la remise des Sabots d’Or qui se déroulera le 5 octobre à Cournon, lors du Sommet de l’élevage.

Le «Goût d’ici» : un «travail de fond sur le long terme»
Créée sous l’impulsion du Pays Beaunois (communauté d’agglomérations de Beaune Côte et sud), l’association le Goût d’ici commercialise aujourd’hui un peu plus d’une centaine d’animaux (bovins mâles et femelles) pour une vingtaine d’éleveurs adhérents. L’objectif à terme, rappelé par Cédric Bazin qui présentait l’association, étant de commercialiser une dizaine de bêtes par élevage. Le principal client de l’association reste les magasins Leclerc (Beaune et Saint-Apollinaire) avec une plus-value de 250 à 300 euros par animal (soit 70 à 80 cts/kilo). Le coup de pouce de la collectivité territoriale au démarrage a été essentiel pour la crédibilité du projet et l’ouverture des portes des distributeurs et transformateurs, mais cela reste avant tout «une question d’hommes» comme le rappelle Cédric Bazin, qui souligne la fragilité de ce type d’échange donnant/donnant en termes d’image et gagnant/gagnant sur le plan économique pour les deux parties. L’investissement humain des adhérents reste conséquent (finition spécifique des animaux, formation aux coûts de production, cahier des charges, actions de vente, animations, événements festifs, etc.), mais le bilan s’avère positif, d’autant que les adhérents aux Goût d’ici savent que ce type de construction s’inscrit forcément dans la durée. Pour le Pays Beaunois c’était déjà en 2011 «un projet à dix ans».

Gaec Henriot Une structure familiale résolument bio

Beaucoup auront connu Laurence Henriot du temps qu’elle travaillait pour le Sedarb. Laurence participe maintenant avec les autres associés du Gaec Henriot au développement de l’exploitation familiale. L’occasion de mettre en pratique les principes de l’agriculture biologique et de faire « la preuve que la production biologique peut avoir un effet important sur ce territoire ». C’est ainsi qu’en participant à la protection d’un captage, le Gaec a pu s’agrandir un peu, tout en améliorant la qualité de l’eau dans un environnement fragile, « sans que cela coûte à la collectivité en termes de dépollution ». Si l’histoire du Gaec remonte à 1840, la structure s’est plus récemment convertie à l’agriculture biologique, augmentant année après année les surfaces en conversion. Toute la sole (230 ha) et le troupeau de 80 VA sont aujourd’hui sous label bio. Les trois associés, Laurence Henriot, Raphaël Lanier et Hervé Naigeon, ont également fait le choix de la vente directe en ferme, ils ont aussi adhéré à l’association d’éleveurs du Pays Beaunois sous la marque « le Goût d’ici ». La luzerne (50 ha) ici est utilisée en tête d’assolement, un assolement qui comprend 11 cultures sur une rotation de 7 à 8 années. Les choix des cultures et le type d’assolement ont permis de « sécuriser le système », même en ces temps de sécheresse. L’autoconsommation est la règle pour la nourriture des animaux (luzerne, féverole, méteil), mais 20 ha de luzerne suffisent à subvenir aux besoins, la production des 30 autres est valorisée en culture de vente. Seule ombre au tableau, la faible valorisation de la viande bio au producteur (+1 euro), bien loin de ce que les prix à la consommation de la viande bovine bio pourraient laisser croire…