Qu'ils sont mignons

Sur une centaine de naissances Traits Auxois chaque année en France, plus des deux tiers concernent la Côte-d'Or. Plusieurs choix se présentaient donc à nous, la semaine dernière, pour aller voir de jeunes poulains. Nous avons pris la direction d'Huilly, le hameau d'Allerey près d'Arnay-le-Duc qui a la particularité d'avoir vu naître les quatre dernières championnes du concours général à Paris ! Florian Bizouard n'était pas là, mais seulement quelques kilomètres plus loin, à Brazey-en-Morvan, sur son second site d'élevage, l'ancienne ferme de ses grands-parents. Nous sommes allés à la rencontre de ce propriétaire d'une quinzaine chevaux Traits Auxois, une race élevée dans sa famille depuis plusieurs générations. Ce technicien de laboratoire à l'Inrae était disponible car en congés : « Je pose des vacances tous les ans à la même période pour m'occuper des poulinages et même de la mise à la saillie car c'est aussi en ce moment : en effet, les juments reviennent en chaleur seulement 9 ou 10 jours après la naissance des poulains ».

Trois, bientôt cinq

Florian Bizouard nous informe que trois jeunes chevaux sont déjà nés chez lui depuis le 17 mars : « ils sont aujourd'hui ici, à Brazey, mais je les fais naître à Huilly. J'en attends encore deux cette année, avec le dernier qui devrait arriver le mois prochain ». En cette matinée du 14 avril, il n'y avait aucune chance d'assister à un poulinage : « non seulement mon autre jument n'est pas tout à fait prête mais en plus, la quasi-intégralité des naissances se font la nuit ! La raison ? Sans doute l'instinct primaire du cheval, qui recherche le calme et l'obscurité pour pouliner ». En terme « d'émotions », les poulinages sont « bien au-dessus » des concours pour Florian Bizouard, pourtant titré à plusieurs reprises à Semur et Paris : « ce sont des moments que nous attendons tous avec impatience. Assister une jument est toujours une belle expérience et une grande aventure que je vis en compagnie de mes amis Yves Berthiot, Édouard Beurton, Éric Domin et de ma fille Léane… Il faut être constamment présent, il faut souvent aider. Ce travail d'équipe est remarquable. Et même si tout se passe a priori très bien, il peut vite arriver des problèmes. Un exemple : le poulain peut rester le nez coincé dans le placenta et s'étouffer, nous devons vite intervenir et quoi qu’il arrive, rester vigilants. Le stress est bien présent, car nous pouvons perdre des animaux, malheureusement… ». Cela a justement été le cas ces tout derniers jours avec la mort de Kiffa de la Fontaine, la jument championne à Paris en 2024 appartenant à Éric Domin, lui aussi éleveur à Huilly : « une césarienne s'est avérée absolument nécessaire, le poulain était très mal positionné avec la tête en arrière. L'opération s'est bien passée, mais une infection s'est développée et a emporté le cheval en treize de jours. Nous nous passerions volontiers de ce type d'aléa, c'est certain ».

Quelle valorisation ?

Florian Bizouard vend entre trois et cinq animaux par an : « 90 % sont des futurs reproducteurs. D'autres éleveurs Traits Auxois me contactent, mais nos homologues en Traits du Nord, Traits Belges et/ou Traits Ardennais le font aussi. En effet, l'Auxois est le cousin de ces autres races et nous avons le droit, sur représentation devant une commission, de s'échanger des étalons ». Une autre valorisation du Trait Auxois concerne le loisir et le travail : « il nous arrive de temps en temps de débourrer un cheval pour divers travaux effectivement, ou bien pour des prestations de services comme tracter une calèche ». La viande représente un troisième et dernier débouché pour le Trait Auxois : « des chevaux de réforme prennent cette direction, tout comme certains poulains mâles qui n'ont pas les qualités nécessaires pour devenir reproducteurs. Il y a deux filières possibles pour la viande : celle de la coopérative avec notamment des ventes vers l'étranger, et la vente directe, avec des caissettes pour les particuliers ».