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Insolite

Pulvériser avec un cheval

Le regain d’intérêt de la traction animale en viticulture voit s’étoffer ses applications, notamment la pulvérisation.
Par Ludovic Vimond
Pulvériser avec un cheval
Grâce à l’emploi de batteries, il est possible désormais de pulvériser avec un animal de trait.
«La traction animale véhicule à tort une image rétrograde et sans technologie», s’insurge Oronce de Beler, négociant en vin et dirigeant d’Equivinum, qui fabrique des outils pour la traction animale. «Outre les outils de travail du sol les plus simples, il est aujourd’hui possible d’embarquer de la technologie : la pulvérisation en fait partie.» Et il y a de quoi faire : le plan Marshall a stoppé net les progrès techniques en matière de traction animale. Ces dernières années, le regain d’intérêt a ouvert la porte au progrès dans ce domaine, en appliquant et en adaptant les technologies des machines agricoles actuelles. Grâce à des batteries électriques, il est désormais possible d’animer des pulvérisateurs. La société Equivinum propose déjà deux modèles de petits pulvérisateurs pour la biodynamie. Ils génèrent un brouillard ou des gouttelettes pour l’épandage de bouse de corne ou de silice.

Une pompe électrique à engrenage et six turbines
Pour l’application de cuivre et de soufre, le girondin Bortolussi présentait il y a deux ans son pulvé Régional à traction animale. L’appareil traite trois rangs grâce à une pompe électrique à engrenage (pression maxi de sept bars) et à six turbines animées par une batterie. Cette dernière est rechargée en continu par les roues via un système d’alternateur. «Deux pompes hydrauliques manuelles permettent de régler l’écartement des descentes. La régulation est à pression constante : un cheval avance à vitesse régulière autour de 4 km/h, explique Michel Bortolussi. Dans les montées, il aurait même tendance à avancer un peu plus vite.» D’un poids en ordre de marche de 800 kg (cuve de 300 litres), l’appareil encore en cours de test est équilibré pour ne pas surcharger l’animal.
La société Equivinum travaille également sur un pulvérisateur pour vignes étroites. Le prototype est équipé de batteries lithium-ion, du débit proportionnel à l’avancement (capteur sur la roue) et de panneaux récupérateurs pour limiter les pertes, les pollutions, mais aussi protéger l’environnement du cheval. Sur ce point, l’appareil girondin est à jets portés et utilise des buses anti-dérive générant de grosses gouttelettes de façon à retomber avant d’atteindre les naseaux de l’animal. «De plus, les brancards sont assez longs», ajoute Michel Bortolussi.

Le travail du sol n’est pas en reste

La pulvérisation n’est pas le seul domaine du machinisme viticole adapté à la traction animale. En témoigne le châssis porte-outils Le Breton de la société bordelaise Viti-Méca récompensé du premier trophée à la journée de l’innovation hippomobile à Romagne dans la Vienne en août dernier. Composé de trois roues, ce porte-outils de 285 kg dispose d’une voie variable (manuelle, électrique ou hydraulique) et de deux relevages indépendants (électriques ou hydrauliques) pouvant recevoir une double décavaillonneuse, des disques ou une charrue de buttage, une griffe, un semoir, etc. Monté sur aimant, le boîtier de commande pilote cinq fonctions : hauteur gauche-droite, relevage gauche-droite et dévers.