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Solidarité

Produits agricoles : la Banque Alimentaire apprend en avançant

La Banque Alimentaire de Bourgogne cherche à développer ses fournisseurs parmi les producteurs agricoles locaux. Une démarche qui réclame une approche différente afin d'optimiser l'intérêt des produits frais et de proximité. La capacité à transformer certaines denrées devient également déterminante.

Par Berty Robert
Produits agricoles :  la Banque Alimentaire apprend en avançant
Avec les produits agricoles de proximité, la Banque Alimentaire de Bourgogne doit repenser certaines de ses missions.

En Bourgogne l'an passé, la Banque Alimentaire a contribué à la distribution de 5,7 millions de repas en direction de 72 000 bénéficiaires (un chiffre en augmentation de 30 % entre 2018 et 2023). Face à une telle hausse de la précarité, l'association cherche des solutions et le don ou l'achat de produits agricoles de proximité en est une. La multiplication des besoins impose à une structure qui célébrera ses 40 ans en 2025 de se réinventer sur bien des aspects. Animée par une logique partenariale, la Banque Alimentaire cherche à développer des filières d'approvisionnement en circuit court auprès des producteurs agricoles, mais aussi à s'engager sur le terrain de la transformation pour les produits non directement distribuables (fruits et légumes). Dans ce cadre, elle travaille avec l'association Solidarité des producteurs agricoles et des filières alimentaires (Solaal) BFC, mais aussi, grâce au Conseil régional de BFC, avec plusieurs lycées de la métropole dijonnaise : lycée agricole Félix Kir de Plombières-lès-Dijon qui transforme pour elle des fruits en jus, lycée Eiffel de Dijon, qui réalise des soupes et des purées, ou encore lycée du Castel.

L'impératif de la transformation

« Transformer est devenu essentiel, explique Dorothée Tricot, cheffe de projet « Mieux manger pour tous » au sein de la Banque alimentaire, parce que nous sommes parfois confrontés à un gros arrivage et que nous n'avons pas la capacité de tout distribuer suffisamment rapidement. La transformation permet d'utiliser 100 % du lot acheté ou donné. » L'association est aussi en partenariat avec les Chambres d'agriculture, qui servent de « porte d'entrée » pour connaître les possibilités de don ou de vente de produits agricoles locaux et déterminer le potentiel d'agriculteurs qui pourraient participer. En 2024, en Bourgogne, la Banque alimentaire a récupéré 40 t de produits agricoles (auprès d'une vingtaine de producteurs), auxquelles s'ajoutent 73 t fournies par la fédération nationale des Banques Alimentaires, récupérées sur tout le périmètre national, soit un total de 113 t. L'objectif, c'est que chacune des antennes (Dijon, Chalon-sur-Saône, Auxerre - Monéteau et Nevers) puisse s'approvisionner au plus court, dans chacun des départements. Avec les produits agricoles, l'association doit faire évoluer son organisation de travail. Il ne s'agit plus ici de collecter et distribuer des conserves, mais des produits frais. Il faut parfois reconditionner les denrées : « c'est le cas, par exemple, avec des lentilles que l'on reçoit en big bag et que l'on reconditionne nous-mêmes en paquets de 1 kg, précise Dorothée Tricot. Nos partenaires distributeurs de l'aide alimentaire ont besoin de produits qui puissent être distribués facilement aux bénéficiaires. » Ces conditionnements doivent aussi s'accompagner d'étiquettes claires et conformes à la réglementation.

Démarcher de nouvelles filières

« On doit se rendre dans les associations solidaires, souligne Yvon Ulman, en charge de la communication à la Banque Alimentaire, pour les accompagner dans la formation d'un public qui, parfois, est tellement précarisé et désocialisé qu'il ne sait plus cuisiner des produits frais ou bruts. » La structure cherche en permanence à élargir le panel de produits agricoles de proximité qu'elle pourrait collecter, comme le confirme Hubert Gullaud, bénévole en charge de la prospection : « on souhaite démarcher la filière volailles mais il faudra être subventionné de manière importante pour développer ce créneau, parce que les budgets nécessaires ne sont pas les mêmes. Si, en 2025, on parvient à « percer » dans ce domaine, ce sera très bien. » Dans le but de trouver les financements nécessaires à ce développement, la Banque Alimentaire cherche à sensibiliser les entreprises qui pourraient contribuer, en intégrant cela dans leur politique de Responsabilité sociétale (RSE). « Notre objectif, précise Yvon Ulman, est de récupérer entre 300 000 et 350 000 euros en 2025, à l'échelle de toute la Bourgogne et de façon pérenne. On veut mettre en place des accords sur trois ans. » Dorothée Tricot conclut : « On remercie tous les producteurs pour leur accueil et leur implication par rapport aux problématiques de précarité alimentaire ».

Note : ba210.dorothee.agri@banquealimentaire.org ou 06 52 39 30 40