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Val de Saône

Printemps normal, année normale ?

Nicolas Michaud, exploitant à Pagny-le-Château et élu professionnel à la Chambre d’agriculture, évoque les actuelles conditions climatiques.
Par Aurélien Genest
Printemps normal, année normale ?
Les crues s’étaient multipliées l’an passé. La situation est toute autre, pour l’instant.
De prometteuses cultures d’automne, des maïs déjà ensemencés, des vaches lâchées précocement... Tout irait presque bien dans le Val de Saône. «Il est vrai que pour l’instant, nous avons affaire à un beau printemps. Toutes les interventions ont pu se dérouler à peu près convenablement dans les prés et dans les champs, sans trop abîmer la structure des sols. Les pommes de terre et les oignons ont aussi été implantés dans de bonnes conditions» reconnaît volontiers Nicolas Michaud.

Vigilance jusqu’en juin
L’agriculteur de Pagny-le-Château, impliqué dans plusieurs dossiers professionnels à la Chambre d’agriculture, veut croire en un retour d’une «année normale», mais reste toutefois sur ses gardes pour la suite des évènements, à commencer par les inondations de la Saône : «il y a environ un an, toutes les terres baignaient dans l’eau. Nous savons que ces événements sont derrière nous mais nous les gardons en mémoire. Cela reste des évènements imprévisibles liés à d’importantes intempéries qui peuvent survenir du jour au lendemain. à mon avis, il faut rester vigilant jusqu’en juin». Pour Nicolas Michaud, le niveau des nappes est une chose, le cumul de pluies en est une autre. Sa principale crainte concerne justement les fortes précipitations pouvant venir rapidement des massifs jurassiens et vosgiens : «ce sont ces derniers qui nous ont fait tant de mal en 2016. Pour des crues plus locales comme la dizaine que nous avions eues l’an passé, nous sommes davantage armés pour les gérer. Même si nous attendons encore les confirmations de VNF, les manipulations des barrages de Charnay et Pagny effectuées cet hiver dans le cadre d’expérimentations tendent à montrer que lorsque l’on déconnecte ces deux barrages, le tirant d’eau sur la Saône devient plus élevé». Un autre point inquiétait le producteur Côte-d’orien rencontré la semaine dernière : «en 2016, nous tentions de gérer des excédents d’eau. Là, tout laisse à penser que nous allons avoir affaire à un déficit. Ces extrêmes sont difficiles à gérer. Quels aléas pourraient encore survenir cette année ? Une sécheresse même si personne ne le souhaite, et nous ne sommes pas à l’abri d’un coup de gel. N’oublions pas que nous sommes encore en avril, avec un vent du nord récurrent».

ZDS, chaud dossier
Sur le plan syndical, Nicolas Michaud rappelle que le dossier des zones défavorisées simples reste bien entendu d’actualité : «le combat continue, il est aberrant qu’une dizaine de communes du Val de Saône sortent du zonage! Cela veut dire que les éleveurs ne toucheront plus l’ICHN. Il n’y aura plus de prêts bonifiés, que ce soit notamment pour les JA ou les Cuma. Ceci n’est pas acceptable, on s’attaque vraiment à une dynamique économique importante et on est en train d’enterrer l’élevage du Val de Saône. Pour l’instant, nous avons des conditions climatiques favorables, mais il suffit que l’on revive une ou deux années pluvieuses comme celles de l’an passé et c’est certain, les éleveurs arrêteront leur activité pour tout mettre en cultures».