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Chambre agriculture 89

Première Session de l’année

Les membres de la Chambre d’agriculture de l’Yonne se sont réunis en session le 17 mars dernier, avec en préambule de la journée, comme il est de tradition, un tour d’horizon des différents sujets d’actualité par le président Etienne Henriot
Par Dominique Bernerd (D’après document Chambre Agri 89)
Première Session de l’année
Assemblée des cantons de Saint-Julien du Sault et Charny à Villefranche
L’hiver a été doux et l’état végétatif des cultures est normal sur tout le département, à l’exception des colzas implantés entre la vallée de la Cure et celle de l’Armançon, fragilisés par un épisode de vents froids. Avec pour conséquence, un possible retournement de certaines parcelles, en vue d’une substitution par du tournesol. Si le blé panifiable icaunais a pratiquement disparu du marché, d’importantes quantités de blé fourrager (vendu 150 €/t départ Yonne) sont attendues en stock de report. Le colza atteint aujourd’hui son point maximum de l’année à 360 €/t départ Yonne, contre 155 €/t pour l’orge de mouture (marché fin de campagne). Etienne Henriot tire la sonnette d’alarme, face aux difficultés d’appros qui apparaissent, concernant les engrais azotés : «aujourd’hui, une liste conséquente de produits retirés du marché existe, mais qui nous mène à des impasses sur certaines productions…» Concernant le secteur de la viticulture, les vins de l’Auxerrois, enregistrent en blanc une baisse des prix de près de 10 %, tout en conservant un niveau de cohérence pour la filière. L’export semblant marquer le pas pour les vins rouges, avec un négoce bien pourvu en stocks et en attente d’une baisse  des prix. Montés très hauts ces dernières années, faute d’un volume suffisant, les cours des vins de Chablis sont eux aussi revus à la baisse, mais restent à un niveau correct : 734 € la feuillette de Chablis (- 16%), sur un marché de 10 000 hl et 1086 €/feuillette en Premier cru (- 13%), les faibles volumes de transaction ne permettant pas de constituer de réelle référence.

Des filières animales, toujours fragilisées
Pour ce qui est de la filière bovine, les engraisseurs italiens ont commencé à réduire leurs importations de broutards, ce qui n’est pas sans conséquence sur le secteur allaitant, en terme de débouchés. L’année 2014 s’est terminée à 2,40 €/kg (mâles charolais de 350 kg) et 2,22 €/kg pour les 450 kg, un niveau bien inférieur à celui de l’année. Concernant les Jeunes Bovins, si l’offre imitée en France et en Allemagne, conduit à une stabilisation des cours des animaux de race à viande, «le secteur n’est pas aujourd’hui dans sa meilleure forme…» Nette dégradation également pour les vaches allaitantes cotées 3,90 €/kg, ainsi que les vaches laitières à 3,12 €/kg.
En aviculture, si la baisse significative du prix des aliments et de l’énergie a réduit le prix de revient, la filière est confrontée à une reconcentration des centrales d’achat nationales (au nombre de quatre désormais), avec une pression renforcée attendue sur les fournisseurs. L’embellie n’aura duré qu’un temps pour les éleveurs porcins, avec un prix à
1,30 €/kg, difficilement supportable si on ne fabrique pas ses propres aliments Il ne reste plus aujourd’hui qu’une trentaine de producteurs sur tout le département et la filière perd de son dynamisme en dépit de nombreux atouts : proximité des céréales, vastes zones potentiellement admissibles à l’épandage, proximité des grands bassins de consommation…
La disparition des quotas laitiers, effective au 31 mars, engendre une position d’attentisme de la part des acheteurs et l’équation est à deux inconnues : se dirige t-on vers un arrêt de l’élevage ou un renforcement de la taille des exploitations ? D’autant qu’au 1er trimestre 2015, les cours ont chuté de 20 à 25 % par rapport aux prix relativement satisfaisants constatés en 2014. Dans ce contexte, la sanction financière infligée par l’Autorité de la concurrence à l’encontre de Senoble, si elle devait se confirmer, risque de peser lourdement sur la mise en œuvre du changement de stratégie du groupe qui, fin 2014, a annoncé se retirer de l’activité déficitaire de production et de vente de yogourts sur le marché national, pour se recentrer sur l’international et les desserts haut de gamme.

Le soutien du Préfet de l’Yonne
Les contrôles effectués par l’administration sur les exploitations sont toujours dans le collimateur des agriculteurs et le président de la Chambre s’en est fait l’écho : «dans un contexte où le monde agricole traverse des moments difficiles, plus une période d’adaptation aux nouvelles réglementations, il est bon de faire attention à la façon dont on procède sur le terrain…» Trois réunions sont programmées, pour aborder la question, avec l’administration : les mardis 14 et 21 avril, ainsi que le 5 mai. Évoqué lors de la dernière Session, le dispositif de prévention des difficultés en agriculture «Réagir 89» sera lancé officiellement dans quelques jours, avec pour objectif, «et avec l’aide des OPA concernées par la question de la fragilisation des agriculteurs, de leur venir en aide en cas de difficultés, de sorte de trouver des solutions et les orienter sur les procédures les plus adaptées à leur exploitation…»
Au service des agriculteurs, la Chambre d’agriculture l’est aussi vis-à-vis des collectivités locales, notamment des Communautés de communes, que ce soit au travers des problématiques liées à l’urbanisme, à la qualité de l’eau à la transition énergétique ou encore, à l’économie circulaire… C’est dans cette optique que sont organisées des rencontres avec les décideurs des 21 CC du département. Un document de présentation des compétences et services de la Chambre d’agriculture sera réalisé prochainement, afin de faciliter les échanges ultérieurs.  
La cession de l’immeuble d’Avallon est désormais effective et un compromis de vente a été signé en ce sens avec CER France Yonne le 9 mars dernier. A terme, la Chambre sera locataire de quatre bureaux et d’une salle de réunion, au sein d’un bâtiment rénové par l’acheteur. Concernant la rénovation de l’immeuble d’Auxerre, un appel d’offres sur le choix du Maître d’œuvre sera prochainement publié. Par ailleurs, une approche est en cours avec un mandataire immobilier, pour louer une surface de 1500 m2 de bureaux disponibles rue Guynemer, afin de pouvoir y loger l’ensemble du personnel, le temps des travaux de réhabilitation.
Pour terminer, Etienne Henriot a évoqué l’impact de la loi de Finances 2015 sur la Chambre d’agriculture de l’Yonne, se félicitant au passage, «du soutien du préfet Moraud qui nous appuie dans notre démarche…» Une démarche qui ne conteste pas la loi en elle-même, mais bien son application, «afin que nous soient prélevés 270 000 € et non pas 583 000 €, comme prévu initialement…»