Sécheresse
«Pousser» politiquement
L’impact de la sécheresse va se faire ressentir durant de très longs mois dans les exploitations de Côte-d’Or. Une ferme à proximité de Bligny-sur-Ouche recevait lundi matin François Patriat et Didier Paris pour aborder les problématiques associées, et notamment le dispositif des calamités.

Dans le prolongement des rencontres régulières entre la profession et les parlementaires, une visite d’exploitation était organisée en début de semaine au Gaec Jacotot à Mavilly-Mandelot. Une double problématique (sécheresse et sortie probable des ZDS) a été discutée entre les représentants FDSEA-JA et Chambre d’agriculture, le sénateur François Patriat et le député Didier Paris. Cyril Jacotot a résumé les actions menées auprès de son troupeau de 150 vaches charolaises, avec un affouragement et un abreuvement nécessaires depuis deux mois dans ses parcelles : «Nous avons commencé par de la paille, mais là, nous passons au foin car les animaux maigrissent à vue d’œil. Les stocks de fourrages partent vite, d’autant qu’ici, la récolte n’avait pas été bonne avec une baisse d’environ 20 % des volumes. Nous avons pris de la mélasse, nous attaquons notre troisième tonne. Nous avons déjà acheté 90 tonnes de pulpes de betteraves surpressées pour compléter le silo de maïs ensilage, dont la baisse de rendement cette année a été expertisée à plus de 50 %. Tout cela chiffre très vite».
«Quelque chose de très grave»
En présence d’Édouard Bénayas, technicien à la Chambre d’agriculture, le besoin du cheptel pour l’affouragement estival a été estimé à 239 tonnes de matière sèche. «Cette année, l’exploitation a récolté 750 bottes de foin au printemps, soit environ 225 tonnes de matière sèche. Si les éleveurs avaient distribué du foin dès le début, ils n’en n’auraient plus du tout pour l’hiver», fait remarquer le conseiller.
Même en cas de pluies, l’herbe ne repoussera plus cette année, avec des jours plus courts et des températures plus basses. Les semis de prairies temporaires et de luzerne posent également problème avec la sécheresse : de futures baisses de productions sont à craindre. Pour ne rien arranger, les fourrages disponibles en France se font très rares et leurs prix deviennent inaccessibles. Cette problématique est d’autant plus inquiétante si le lâcher des bêtes s’effectue tardivement au printemps prochain. Les éleveurs vont probablement devoir décapitaliser : de nombreux animaux vont se retrouver sur le marché et engendrer une baisse des cours. «Le phénomène ne touche pas que la France. Il est en train de se passer quelque chose de très grave», prévient Jean-Pierre Fleury.
Cap sur les calamités
La FDSEA demande aux deux parlementaires présents lundi matin d’appuyer la demande relative à la mise en place du dispositif des calamités agricoles. Les exploitations spécialisées, avec plus de 70 % d’herbe, devraient vraisemblablement y avoir accès. L’indemnité potentielle ne comblerait malgré tout qu’une partie de l’impact total de la sécheresse, qui devrait avoisiner les 30 000 euros pour l’exploitation de Mavilly-Mandelot. La réunion des calamités, elle, n’interviendrait malheureusement qu’en fin d’année, pour des premiers paiements qui devraient être effectifs en février. Fabrice Faivre, Vincent Lavier et Antoine Carré, présidents respectifs de la FDSEA, de la Chambre d’agriculture et des JA, ont une nouvelle fois alerté Didier Paris et François Patriat sur la gravité de la situation, en faisant remarquer que la sécheresse ne concernait «que» le Grand est de la France : «Nous comptons sur vous pour faire passer le message au ministre, à l’heure où celui-ci n’est toujours pas venu chez nous. Des pays comme l’Allemagne ont pris le problème à bras-le-corps en aidant leurs exploitations. Notre ministre, lui, sous-estime totalement la situation. Il est grand temps qu’il se réveille et qu’il agisse».
ZDS : c’est mal barré
La situation est d’autant plus compliquée que le Gaec Jacotot fait partie des 35 exploitations concernées par la désormais «très probable» sortie des ZDS. Le sujet a bien évidemment été évoqué ce 24 septembre. Une perte sèche annuelle de 21 000 euros, liée à la suppression de l’ICHN, serait alors enregistrée par les trois membres de l’exploitation. «Nous payons les pots cassés d’une cartographie datant de 1946», indique Didier Paris, «nous nous sommes battus comme des chiens sur le dossier. Rien n’est officiellement décidé aujourd’hui, la situation traîne. Nous devons prendre les devants et raisonner collectivement sur cette question, il peut y avoir des financements avec l’État, la Région, le Département… Il y a un calcul à faire sur les 35 exploitations concernées».
«Quelque chose de très grave»
En présence d’Édouard Bénayas, technicien à la Chambre d’agriculture, le besoin du cheptel pour l’affouragement estival a été estimé à 239 tonnes de matière sèche. «Cette année, l’exploitation a récolté 750 bottes de foin au printemps, soit environ 225 tonnes de matière sèche. Si les éleveurs avaient distribué du foin dès le début, ils n’en n’auraient plus du tout pour l’hiver», fait remarquer le conseiller.
Même en cas de pluies, l’herbe ne repoussera plus cette année, avec des jours plus courts et des températures plus basses. Les semis de prairies temporaires et de luzerne posent également problème avec la sécheresse : de futures baisses de productions sont à craindre. Pour ne rien arranger, les fourrages disponibles en France se font très rares et leurs prix deviennent inaccessibles. Cette problématique est d’autant plus inquiétante si le lâcher des bêtes s’effectue tardivement au printemps prochain. Les éleveurs vont probablement devoir décapitaliser : de nombreux animaux vont se retrouver sur le marché et engendrer une baisse des cours. «Le phénomène ne touche pas que la France. Il est en train de se passer quelque chose de très grave», prévient Jean-Pierre Fleury.
Cap sur les calamités
La FDSEA demande aux deux parlementaires présents lundi matin d’appuyer la demande relative à la mise en place du dispositif des calamités agricoles. Les exploitations spécialisées, avec plus de 70 % d’herbe, devraient vraisemblablement y avoir accès. L’indemnité potentielle ne comblerait malgré tout qu’une partie de l’impact total de la sécheresse, qui devrait avoisiner les 30 000 euros pour l’exploitation de Mavilly-Mandelot. La réunion des calamités, elle, n’interviendrait malheureusement qu’en fin d’année, pour des premiers paiements qui devraient être effectifs en février. Fabrice Faivre, Vincent Lavier et Antoine Carré, présidents respectifs de la FDSEA, de la Chambre d’agriculture et des JA, ont une nouvelle fois alerté Didier Paris et François Patriat sur la gravité de la situation, en faisant remarquer que la sécheresse ne concernait «que» le Grand est de la France : «Nous comptons sur vous pour faire passer le message au ministre, à l’heure où celui-ci n’est toujours pas venu chez nous. Des pays comme l’Allemagne ont pris le problème à bras-le-corps en aidant leurs exploitations. Notre ministre, lui, sous-estime totalement la situation. Il est grand temps qu’il se réveille et qu’il agisse».
ZDS : c’est mal barré
La situation est d’autant plus compliquée que le Gaec Jacotot fait partie des 35 exploitations concernées par la désormais «très probable» sortie des ZDS. Le sujet a bien évidemment été évoqué ce 24 septembre. Une perte sèche annuelle de 21 000 euros, liée à la suppression de l’ICHN, serait alors enregistrée par les trois membres de l’exploitation. «Nous payons les pots cassés d’une cartographie datant de 1946», indique Didier Paris, «nous nous sommes battus comme des chiens sur le dossier. Rien n’est officiellement décidé aujourd’hui, la situation traîne. Nous devons prendre les devants et raisonner collectivement sur cette question, il peut y avoir des financements avec l’État, la Région, le Département… Il y a un calcul à faire sur les 35 exploitations concernées».
Réactions
Fabrice Faivre : «Nous avons sensibilisé nos responsables politiques sur différentes problématiques, nos revendications doivent remonter au plus haut rang. Cette sécheresse est sans précédent, avec des conséquences d’ores et déjà très importantes. Rentrer dans le dispositif des calamités agricoles est la priorité des priorités. Il faut aussi étudier ce qu’il est possible de faire avec la Région. Le contexte est difficile, nous allons assister à une décapitalisation des cheptels, le ministre doit en avoir pleinement conscience».
Jean-Pierre Fleury : «Le dossier des calamités devient une urgence, car les dispositifs annoncés par le ministre n’amènent pas d’argent supplémentaire sur les exploitations. Il faut enclencher la procédure dès maintenant car c’est confirmé : il n’y aura pas de repousse cette année. Nous avions toujours des sécheresses printemps/été. Là, nous sommes sur un cycle été - automne très atypique, qui inquiète de plus en plus les éleveurs. Un état des lieux s’impose pour pouvoir s’organiser et alimenter le cheptel jusqu’au printemps. Il s’agit d’un sujet d’alimentation et de bien être des animaux».
Jean-Pierre Fleury : «Le dossier des calamités devient une urgence, car les dispositifs annoncés par le ministre n’amènent pas d’argent supplémentaire sur les exploitations. Il faut enclencher la procédure dès maintenant car c’est confirmé : il n’y aura pas de repousse cette année. Nous avions toujours des sécheresses printemps/été. Là, nous sommes sur un cycle été - automne très atypique, qui inquiète de plus en plus les éleveurs. Un état des lieux s’impose pour pouvoir s’organiser et alimenter le cheptel jusqu’au printemps. Il s’agit d’un sujet d’alimentation et de bien être des animaux».